En France, 600 000 personnes seraient touchées par un « trouble du spectre autistique ». Un défide santé publique délicat à relever compte tenu des difficultés de prise en charge.
Le Professeur Pierre Gressens est médecin spécialiste en neurologie pédiatrique. Directeur de Recherche Inserm et Directeur de l’UMR 1141 Inserm-Université Paris Diderot, Hôpital Robert Debré, Vice-doyen recherche de l’UFR médecine Paris Diderot. Il fait le point sur ce trouble pluriel.
Lorsque l’on parle d’autisme... de quoi, ou plutôt de qui parle-t-on ?
Il y a trois grands marqueurs de l’autisme : le premier se trouve dans les difficultés d’interaction sociale, le deuxième dans les troubles du langage, de l’expression, le troisième dans les stéréotypies, c’est-à-dire les comportements répétitifs. À ces trois signes peuvent venir s’associer des co-morbidités : troubles cognitifs (déficits intellectuels au sens large, problèmes d’apprentissage, de mémoire, etc.), crises convulsives (épilepsie), différents troubles « dys » (dyslexie, dysphasie, dyscalculie, etc.), hyperactivité... Ces troubles associés sont importants parce que, masqués par les signes de l’autisme, ils ne sont pas toujours bien pris en compte ou même repérés alors qu’ils sont parfois les plus handicapants au quotidien. C’est pourquoi il est important d’avoir une vision globale de la personne, pour parvenir à une prise en charge large. Il y a des tableaux cliniques extrêmement variables. C’est pourquoi on parle de « spectre autistique » et pas d’autisme.
Pensez-vous que l’animal peut avoir un effet positif dans la prise en charge du trouble autistique ?
J’en suis convaincu. La principale difficulté d’un autiste est sa capacité à communiquer avec le monde environnant, et les soignants eux-mêmes peuvent parfois adopter à leur égard une attitude un peu biaisée. L’animal au contraire n’a aucun a priori et son comportement sera le même, quel que soit le sujet, autiste ou pas, avec une communication non verbale qui permet d’atténuer le réflexe de protection manifesté envers un étranger. Ce bénéfice est évident chez les enfants, il l’est également chez les adultes pour lesquels il n’existe que peu de structures de prise en charge.
Le contact avec l’animal peut alors constituer un recours précieux.