Que la plupart des établissements sociaux — Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (C.H.R.S), Centres d’Hébergement d’Urgence (C.H.U), accueils de jour... — peinent à proposer une prise en charge aux maîtres/animaux n’est pas une préoccupation récente. Une circulaire administrative datée du 10 octobre 1995 relative à l’accueil et à l’hébergement d’urgence hivernal en relevait déjà la nécessité. Le 23 avril 1997, le Secrétaire d’Etat Xavier Emmanuelli, alors chargé de l’action humanitaire d’urgence auprès du Premier Ministre, commandait un rapport afin que puissent émerger des réponses concrètes.
Si de nombreux efforts ont été accomplis, il reste encore beaucoup à faire. Sollicité depuis 15 ans par les collectivités et les ministères, Christophe Blanchard constate que « le chien demeure une entité lointaine, abstraite » : « Voilà sans doute ce qui explique que lorsque des solutions émergent, elles sont le plus souvent incomplètes, transitoires, et reposent sur la bonne volonté d’une poignée d’individus, » ajoute-t-il.
Ces initiatives individuelles où chacun compose avec les moyens du bord, Nathalie Latour, directrice de la F.A.S, souhaite en faire de véritables projets d’institution : « Le fait de les partager sur deux ou trois territoires minimum aurait une valeur universelle. En tant que tête de réseau, la F.A.S peut avoir un rôle à jouer en dégageant les lignes de force, en nouant des partenariats plus structurels (SPA, réseaux vétérinaires, etc...) de manière à répondre aux questions pratiques qui nous sont posées. Nous avançons avec l’Etat sur la rénovation du bâti mais certains besoins ne sont pas encore suffisamment couverts en raison du nombre de demandes et des priorités dans la politique publique. »
Comme le souligne son collègue Romain Joubert, coordinateur hébergement-logement-veille sociale à la F.A.S Nouvelle-Aquitaine, région où le sujet est pris en compte depuis longtemps, adapter le logement ou l’hébergement à l’accueil du chien est une nécessité : « En dépit des contraintes diverses et variées (juridiques, hygiène, etc), on sent une volonté de prendre le sujet à bras le corps, dit-il. Dans la Loire, par exemple, la D.D.E.T.S (Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités) va financer un diagnostic sur les besoins et j’ai ouï dire que la F.A.S Pays-de-Loire, à l’initiative du guide « Des maîtres et des chiens » paru en 2008, a l’intention de retravailler la question. »
Afin que les structures soient en mesure de tenir leurs engagements, la F.A.S plaide pour un Plan pluriannuel. « Celui-ci permettrait de sortir d’une logique d’urgence permanente car ce type d’investissement nécessite d’être pensé à plus long terme, confirme Nathalie Latour. Ce qui n’exclut pas, bien entendu, de s’intéresser parallèlement à la sensibilisation, aux craintes, au vivre ensemble, car la question des animaux se vit d’un point de vue individuel et collectif. »