Le père Guy Gilbert, « prêtre des loubards » et éducateur spécialisé, se consacre depuis toujours aux enfants des rues, en Algérie d’abord, à Paris ensuite.
En 1974, il achète une ruine au cœur des Gorges du Verdon. Avec les jeunes en difficulté qu’il y accueille, ils construisent une magnifique bâtisse provençale et développent un projet innovant basé sur la médiation animale. À la Bergerie de Faucon, lieu de vie bénéficiant d’un agrément Aide Sociale à l’Enfance, 7 adolescents en difficulté ou en danger, déscolarisés ou déjà délinquants, accompagnés d’autant d’adultes appelés « compagnons », se forment et se reconstruisent, dans un climat familial et au contact d’animaux.
Faucon permet au jeune d’évoluer d’un comportement agressif vers un comportement équilibré, raisonné, en lui faisant découvrir ses potentialités d’attention à l’autre à travers les animaux et à travers la vie en commun. Les compagnons témoignent de cette magnifique aventure humaine qui n’a pas pris une ride en 35 ans : « L’animal ne triche pas, ne ment pas et ne reprend jamais ce qu’il a donné », « Le fait que les règles soient données par les animaux, ça change tout. C’est l’animal qui fixe les limites » ; « Quand un jeune ne va pas bien, les animaux le sentent et vont vers lui » ; « Les bêtes, c’est notre instrument de travail numéro 1 » ; « J’ai eu un jeune caractériel, très dur, 15 ans en foyer. Je ne savais pas comment faire pour le cadrer. Viens avec moi on va voir l’âne. Tu vois cet âne, il te ressemble, c’est le doyen ici, il a « un putain de caractère, c’est un caïd ». Le jeune voulait y aller à la dure. Mais l’âne est plus coriace que lui, il a la tête plus dure. Et le jeune a compris que pour faire aller l’âne où il voulait et pour avoir une emprise sur lui, une relation, il fallait de la douceur, de la patience, de la persévérance. Et finalement, c’est l’âne qui a fait mon boulot ! Ce n’est qu’un intermédiaire, l’animal, un substitut, un exutoire. Mais il révèle le fond de ce que tu es. »