Qu’est-ce qu’un chien d’assistance judiciaire (CAJ) ?
C’est un chien d’accompagnement social « professionnel », spécialement formé pour accompagner et soutenir moralement les personnes victimes d’infractions pénales (enfants et adultes), dans tous les actes de procédure.
Sa sélection fait l’objet d’un examen rigoureux effectué par l’association Handi’Chiens — association reconnue d’utilité publique qui forme et remet gratuitement des chiens d’assistance — dans ses différents centres : Alençon (Orne), Marcy-L’Etoile (Rhône), Saint-Brandan (Côtes-d’Armor), Vineuil (Loir-et-Cher) et Kunheim (Haut-Rhin). Le candidat CAJ doit être exceptionnellement calme et éprouver une grande empathie pour les humains. La mise en contact précoce avec des enfants et une excellente socialisation sont les garants d’un comportement adapté. Un chiot trop agité sera recalé.
Races privilégiées, tant pour leurs particularités physiques que pour leurs qualités comportementales : les labradors et les Golden Retrievers. Avec leur taille moyenne et leurs oreilles tombantes, ces chiens bénéficient d’un grand capital sympathie et sont réputés très sociables envers les humains.
Une formation pointue
Pour devenir un jour un parfait assistant judiciaire le chien suit une formation très complète. Il est d’abord pré-éduqué de 2 mois à 18 mois dans une famille d’accueil bénévole sélectionnée pour ses aptitudes et son environnement familial, professionnel et domestique. Celle-ci suit des cours de deux à quatre heures tous les quinze jours afin d’apprendre au chien la propreté et les bases de l’éducation (marcher en laisse, s’asseoir ou se coucher sur commande, etc).
A l’âge de 18 mois et jusqu’à 2 ans, le chien intègre ensuite l’un des centres de formation Handi’Chiens (labellisés par l’Etat) où des éducateurs spécialisés parachèvent sa formation adaptée à son futur rôle (bons comportements, série de conditionnements...). Le chien parvient ainsi à assimiler une cinquantaine de commandes.
Un CAJ doit conserver son flegme en toutes circonstances, ne pas réagir (aboyer) si des tensions éventuelles apparaissent lors d’un acte judiciaire (agitation, haussement de voix).
Le coût de la formation
Le CAJ est remis gratuitement par Handi’Chiens mais sa formation représente un coût de 17.000 €. Une recherche de financement étant nécessaire pour tous ces chiens, l’association mène régulièrement des actions de sensibilisation (participation à des conférences, présentations lors de formations, etc). Le but : trouver un modèle de financement vertueux et susciter, à terme, le parrainage d’un autre CAJ.
Les référents du CAJ
Dans le cadre du programme-test mis en place à Cahors, une convention a été signée avec les pompiers du SDIS 46 (Service départemental d’incendie et de secours du Lot) qui sont les actuels référents du chien LOL. D’autres options sont envisageables pour les futurs CAJ en formation dont les référents pourraient être :
- des salariés du réseau France Victimes ou d’associations d’aide aux victimes,
- des officiers de police judiciaire appartenant à la Gendarmerie nationale,
- des officiers de police judiciaire appartenant à la Police nationale,
- des avocats.
Lieu de résidence du CAJ
Le CAJ est hébergé chez son référent qui doit lui assurer une vie de famille « normale ».
La formation du binôme référent / chien
Etant garant du maintien des acquis de son CAJ, le référent doit respecter les consignes, commandes, recommandations et formation dispensées par Handi’Chiens. Au programme : enseignement des bases de l’éthologie et du comportement canin, découverte de l’apprentissage, compréhension de l’évolution des connaissances chez le chien. Le référent apprend non seulement à diriger son CAJ mais aussi à lui assurer un bien-être physique et mental en lui ménageant des temps de détente adaptés et un repos de qualité.
De son côté Handi’Chiens s’engage à lui apporter tout le soutien nécessaire et lui assure un suivi annuel qui peut être organisé lors d’une séance de formation, d’une visioconférence ou de rencontres physiques sur le lieu de vie du CAJ.
« Notre philosophie d’actions pour l’aide aux victimes estd’innover pour nous adapter aux besoins des victimes. À côtédes compétences de nos 1500 professionnels (accueillants,juristes, psychologues et travailleurs sociaux), il nous estapparu tout à fait pertinent de compléter l’offre de servicesassociative, par la présence d’un chien spécifiquement éduqué, lors des entretiens comme à certains moments procéduraux, sources d’angoisse ou de stress. Apaiser, faciliter le parcours,éviter une sur-victimisation, voici des objectifs tout à faitcohérents avec l’œuvre de justice, le travail des professionnelset l’accompagnement réalisé par les associations France Victimes ».
Maryse Le Men Régnier, Présidente du réseau France Victimes
QUESTIONS REPONSES :
. Le CAJ est-il opérationnel 7 jours sur 7 ?
Dans l’absolu, oui, car si un événement tragique nécessite par exemple la mise en place d’une cellule psychologique, il doit pouvoir être opérationnel très rapidement. Mais en principe les rendez-vous sont calés du lundi au vendredi. . Quelle est la durée de son CDI ?
10 ans.
. Qui reste propriétaire du chien ?
L’association Handi’Chiens. Mais dans le cas où le chien serait amené à interrompre sa carrière avant 10 ans pour cause de problème physique ou comportemental, son référent peut se porter volontaire pour le récupérer.
. Qui se porte garant de la sécurité des personnes et de celle du chien ?
Son référent, qui, lors de sa formation par l’équipe d’Handi’Chiens, assimilera les points suivants :
▸ Apprentissage des commandes nécessaires à la mise en contact avec la victime
▸ Apprentissage des déplacements en double laisse
▸ Apprentissage des signaux de stress du chien
. Que faire si le courant ne passe pas entre la victime et le chien ?
Il faut examiner les comportements humain et canin et en définir la cause. Il est ensuite de la responsabilité du référent de tenter de remettre les deux parties en contact ou non.
. Le chien a-t-il le droit d’entrer au commissariat/à la gendarmerie ?
Le CAJ est avant tout un chien d’assistance. Sa présence est donc admise dans tous les lieux publics dès lors qu’il porte le harnais spécifique qui lui a été remis par l’association Handi’Chiens et qui arbore les logos Handi’Chiens et chien d’assistance judiciaire.
Une fillette de 7 ans dont l’audition avait dû être annulée car elle refusait de descendre du véhicule de ses parents a finalement pu être entendue pendant 37 minutes grâce à la présence de Lol qu’elle n’a cessé de caresser. Elle s’est même couchée de tout son long sur lui lorsque l’enquêteur a dû s’absenter momentanément de la pièce.
D’abord très agité, refusant de quitter son père, un garçon de 6 ans a finalement accepté de rentrer en salle d’audition après que la représentante de l’association d’aide aux victimes et le pompier référent lui ont présenté Lol pendant une demi-heure. Grâce à sa présence, il a pu être entendu durant 43 minutes. Au début, il ne s’intéressait pas spécialement au chien. Lorsque l’enquêteur a commencé à lui poser des questions un peu plus précises, il s’est même levé, manifestant visiblement l’envie de mettre un terme à l’interrogatoire.
Sentant le stress de l’enfant, le chien a basculé sur le dos pour attirer son attention. Celui-ci l’a alors caressé et l’audition a pu reprendre son cours.
Deux personnes âgées ont été agressées chez elles par plusieurs individus cagoulés et armés. L’une d’elle étant à mobilité réduite suite aux faits, le magistrat instructeur a mené l’interrogatoire à leur domicile. Durant toute la durée de cet échange, le mari s’est exprimé en tenant fermement la patte de Lol comme s’il avait tenu la main d’une personne, tandis que la femme a laissé la sienne posée sur le collier du chien.
Installé entre eux deux, le chien est resté parfaitement calme. Sa présence réconfortante a manifestement facilité l’audition et permis aux bénéficiaires de parler de manière plus apaisée.
. Qu’est-il prévu si le chien manifeste des signes de fatigue ou de stress au cours de sa mission ?
Il sera retiré de la situation et un point devra impérativement être fait avec Handi’Chiens. Le référent est en mesure de comprendre les comportements de son CAJ, de déceler chez lui un éventuel malaise susceptible d’entrainer la suspension ou l’interruption de l’acte judiciaire. Le cas échéant il peut donc décider de le faire sortir.
. Quid des questions de propreté ?
Le référent connait et maîtrise les normes d’hygiène nécessaires à la mise en action du CAJ dont la propreté et l’aspect physique doivent être irréprochables.
. Quel est le délai d’attente pour bénéficier d’un CAJ ?
Entre 6 mois et un an.
. Doit-on prévoir des assurances particulières ?
Outre l’assurance responsabilité civile obligatoire, l’association Handi’Chiens conseille fortement au référent de souscrire une assurance santé pour son CAJ. En cas de blessure (rupture de ligament croisé, fracture, etc) ou de pathologie sévère, les frais peuvent devenir conséquents.