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RETOURS D’EXPÉRIENCES

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Le rapport que Frédéric Almendros, procureur de la République près le tribunal judiciaire de Cahors, a adressé au Ministère de la Justice en 2020 comprend de nombreux retours d’expérience suite aux interventions du CAJ Lol. En voici quelques extraits.
PAROLES D’ENQUÊTEUR
Audition de Prescillia, 15 ans :
« Nous avons récemment entendu une jeune fille de 15 ans scolarisée en lycée agricole, se disant victime de viol au cours d’un week-end entre jeunes, de la part d’un autre élève de 18 ans.
La victime a bénéficié à deux reprises du chien d’assistance judiciaire « Lol » : lors de son audition filmée et lors de son expertise psychologique. Il est également prévu qu’elle en bénéficie lors d’une confrontation qui aura lieu le mardi 01 octobre dans nos locaux.
Lors de son audition, le chien dormait au sol. A plusieurs reprises la jeune fille s’est levée pour aller caresser le chien. Cela était vu avec elle dès le début de l’audition, qu’elle puisse aller le voir si elle en ressentait le besoin sans avoir à le demander aux enquêteurs. Nous nous sommes aperçu que la présence de cet animal a pu faciliter nos échanges en réduisant le formalisme de l’entretien. De plus, l’expert psychologue M. Lefebvre nous a fait part de son intérêt pour « Lol » qui, selon ses propos, a aidé la jeune personne à verbaliser les faits. »
Confrontation de Cynthia, 35 ans, et de son conjoint :
« L’assistance judiciaire du chien Lol au cours de la confrontation entre la victime de faits de violences par ex-conjoint et le mis en cause a été un franc succès. D’après le ressenti de la victime, qui était sur le point d’exploser à son arrivée dans nos locaux, le chien l’a tout de suite rassurée et apaisée. Elle avait d’ailleurs tout de suite été consentante en apprenant la nouvelle par Me Bergès la veille. La confrontation s’est passée dans le calme et la victime a été attentionnée avec le chien, le tenant, le caressant. La victime nous a déclaré après la confrontation avec le mis en cause que le chien lui a fait du bien car M. commençait à dire des choses déplaisantes. Sa colère s’est apaisée, Me Bergès lui ayant conseillé de caresser le chien. Elle trouve que cela l’a calmée et que la présence du chien était très utile.
Elle nous a précisé que si le chien n’avait pas été là, cela aurait été certainement difficile. Elle a trouvé que le chien apportait une aide supplémentaire car il ne la jugeait pas contrairement à l’humain. »
PAROLES D’AVOCAT
Me BERGES KUNTZ, avocat de la mère de la victime et de sa sœur, témoin constitué partie civile :
« Monsieur le procureur,
Vous avez souhaité connaître ma position quant à la présence du chien Lol au procès d’assises des 20 et 21 janvier derniers dans lequel mme Nathalie M. ma cliente était partie civile. Votre initiative de proposer ce gentil labrador pour aider les victimes tout au long du circuit pénal est absolument pertinente et tellement salutaire.
Elle est tout d’abord une aide précieuse pour les victimes qui peuvent trouver chez Lol une empathie silencieuse et la force de surmonter leur inévitable stress notamment lors des dépositions ; En outre quelle que soit la considération qui est portée aux animaux par les personnes qui bénéficient de ce dispositif expérimental, la présence de Lol rassure inévitablement.
Lors des derniers entretiens avec Mme M. j’ai pu me convaincre que la présence de cet animal au procès apaisait non seulement ses filles mais aussi la maman (a fortiori qui exerce la profession de vétérinaire), qui s’est ainsi sentie en confiance pour aborder la lourde épreuve de ce procès.
D’autre part il est heureux d’offrir à cet animal exceptionnel une place dans le dispositif d’aide aux victimes d’autant que la loi du 6 février 2015 qui a introduit dans le « navire amiral des codes » l’article 515-14 en extrayant du code civil les animaux du domaine des biens leur a reconnu le statu d’êtres vivants doués de sensibilité.
Ce n’est donc plus une simple déclaration (convention de Cambridge de 2012), les animaux sont bien des êtres sensients qui peuvent ressentir la peur, l’angoisse et la douleur et à plus forte raison ils ont beaucoup à apporter aux victimes dans les cabinets d’instruction et dans les prétoires.
Je ne peux que me réjouir d’avoir revu Lol avec lequel j’avais fait connaissance furtivement à Paris en rentrant d’un procès d’assises terroriste. Je souhaite donc une longue et belle carrière à notre ami Lol. »
PAROLES DE JUGE
Le juge d’instruction de CAHORS, William Delamarre :
« Le 28 juin 2019, le chien d’assistance judiciaire, « Lol », a été mis à la disposition d’une enfant âgée de 7 ans. Le contact de l’enfant avec le chien a eu lieu dans un premier temps dans le couloir du tribunal et il a manifestement permis à l’enfant d’être tranquillisée, selon les propos de son administrateur ad hoc et de son avocat. Puis, au cours de l’échange portant sur des faits d’agression sexuelle incestueuse, l’enfant a régulièrement caressé le chien, lequel est resté parfaitement tranquille et a répondu aux sollicitations de celle-ci. L’audition s’est ainsi déroulée pendant 30 minutes. L’enfant a livré des éléments qui n’avaient jusqu’à présent pas été évoqués. La présence de Lol a visiblement permis à la mineure, qui a continué de jouer avec le chien à la sortie de l’audition, de se trouver rassurée. »
« Le 18 novembre 2019, une enfant âgée de 10 ans a pu être accompagnée du chien d’assistance judiciaire, « Lol », dans le cadre d’une audition en qualité de victime devant le juge d’instruction. Le contact de l’enfant avec le chien a eu lieu dans un premier temps dans le couloir du tribunal et s’est prolongé afin de permettre l’apaisement de la mineure.
Au cours de son audition, portant sur des infractions de nature sexuelle, l’enfant a régulièrement caressé le chien, lequel est resté tranquillement à ses côtés et s’est allongée auprès de lui. La présence de Lol a manifestement permis à la mineure de se trouver rassérénée. Au vu des précisions données par celle-ci, l’affaire a fait l’objet d’un dessaisissement auprès du pôle de l’instruction du tribunal de grande instance d’Agen en raison de la nature criminelle des faits ».
Concernant l’assistance à un couple de personnes âgées :
« Dans le cadre d’une audition effectuée à domicile le jeudi 16 mai 2019, le chien d’assistance du tribunal, « Lol », a été mis à la disposition des parties civiles. Au cours de cette rencontre, le chien, positionné sur un fauteuil entre les deux membres du couple, victimes de faits de violences, a parfaitement rempli son rôle de réconfort et leur a permis de s’exprimer de manière plus apaisée. Tout au long de cet échange, Mme X a tenu Lol par son collier tandis que son époux, alors qu’il s’exprimait, tenait fermement la patte du chien à l’image de la main d’une personne, tandis que le chien restait entièrement calme. Loin de s’en trouver gênée, cette audition a manifestement été facilitée par la présence de Lol »
Le juge d’instruction de Montauban, Anne OGE a sollicité l’engagement de Lol dans le cadre d’une procédure criminelle (assassinat) :
« Monsieur le procureur de la République,
J’ai l’honneur de vous présenter mes remerciements pour avoir bien voulu mettre à notre disposition le chien d’assistance Lol le 9 décembre 2019 à compter de 14h aux fins d’assister L. Eden, 13 ans et L. Loli, 9 ans, lors de leurs auditions dans mon cabinet.
Cette présence a, sans aucun doute, permis à ces deux jeunes enfants de s’exprimer sans subir cette audition comme un traumatisme supplémentaire. Si ces deux jeunes filles sont restées en contact quasi permanent avec LOL tout au long de l’audition, elles n’ont cependant à aucun moment été perturbées ou distraites par cette présence.
Je tenais par ailleurs à vous faire part du professionnalisme du personnel accompagnant LOL. Au regard de la qualité de cette expérimentation, je m’autoriserai à revenir vers vous pour permettre à de nouvelles victimes de bénéficier de cet accompagnement. »
PAROLE D’UN PRÉSIDENT DE COUR D’ASSISES
Cyril Vidalie, président de la cour d’assises du Lot :
« La présence de Lol n’a posé aucune difficulté, mais je n’étais pas inquiet sur ce point, il a été d’une totale discrétion. D’où nous étions, il n’était pas visible d’ailleurs mais cela ne m’aurait pas gêné pour autant.
Un point fort a été pour moi l’accompagnement de la victime A... à la barre pour sa déposition. Au départ, elle a été à mon avis un peu gênée par Lol car il fallait le tenir en laisse, le faire lever et l’amener à la barre, ce qui l’a surpris je pense d’où le recours au pompier qui s’est approché.
Dans un second temps, je pense que cela l’a aidée à parler, mais ce soutien a été aussi apporté par la collaboratrice de Me Belou à qui A... a demandé à tenir la main. Le résultat a été une prise de parole bien meilleure que celle à laquelle je m’attendais.
J’ai pu par ailleurs observer qu’A... appréciait la présence de Lol pendant l’audience, mais il faudrait avoir son retour et celui de son conseil sur ce point. L’expérience a été très positive de mon point de vue. »
PAROLE DE PARENTS DE VICTIMES
Témoignage des parents d’Auriane (victime) et Ambre (témoin/partie civile) lors du deuxième dossier d’assises :
« Monsieur,
Lorsqu’on m’a présenté LOL pour accompagner mes enfants lors du procès, je me suis dit que ceci était une bonne initiative. On m’avait dit qu’un procès aux Assises était difficile. Difficile, c’est vrai mais nous en sommes ressortis ébranlés. J’ai constaté que la présence de LOL avait été stratégique pour mes filles.
Le comportement de LOL lors du procès a littéralement glacé le sang des personnes présentes dans cette cour alors qu’Auriane était malmenée par les avocates de la défense. Ma fille s’est figée dans le mutisme... n’en pouvant plus... Tenant la laisse de LOL de toutes ses forces, elle ne pouvait plus s’exprimer. LOL, ayant perçu qu’Auriane était submergée par l’émotion, s’est mis à hurler à la mort. Pourquoi ?
Sa présence lors d’enquête ou lors d’un procès me semble dorénavant indispensable. L’initiative est selon moi à promouvoir et à accompagner. La relation homme-chien est intense et extrêmement diversifiée. Les applications utilitaires sont nombreuses et datent depuis la nuit des temps (compagnie, garde, troupeau, chasse). De nos jours, nous avons vu apparaître de nouvelles utilités du chien au service de l’homme. La recherche de personnes égarées, d’avalanche..., la détection d’explosifs et tout dernièrement, il est devenu un atout majeur dans la détection de pathologies humaines comme les cancers du sein, de la prostate (projet Kdog, Isabelle Fromantin institut Curie, institut Pasteur) sans compter la reconnaissance judiciaire (Dr Babara Ferry CNRS « Au bout de deux ans d’entraînement continu, le chien ne se trompe pas. Il ne peut pas confondre l’odeur d’un individu A avec celle d’un individu B. La spécificité olfactive est de 100 % »). Avec le chien d’aide aux victimes, je pense que nous venons de découvrir une nouvelle utilité de la gente canine. Servant de peluche, cela génère chez la victime un apaisement (sûrement d’origine hormonale) lui permettant d’exprimer ce qu’elle n’a pu dire jusqu’à présent. »
« Madame,
Lorsque LOL nous a été présenté par Mme Mesthé, j’ai trouvé le concept intéressant mais il me semblait qu’il n’était pas adapté à notre situation : nous sommes particulièrement entourés de chiens et chats et l’effet « doudou » que semblait présenter LOL ne me paraissait pas pertinent. Cependant, Auriane et Ambre ont demandé à le rencontrer, ce qui a été fait lors d’une entrevue avec Mme Mesthé et elles ont apprécié sa gentillesse et son calme. Il a donc été convenu que LOL soit présent le premier jour du procès puisque Auriane et Ambre devaient intervenir ce jour-là. Il est resté avec nous tout l’après-midi dans la salle d’audience et dans le couloir adjacent. Auriane (et Ambre même si elle est restée moins longtemps avec lui) a toujours été en contact avec lui soit directement en le caressant, soit par l’intermédiaire de la laisse.
En tant que parent, le moment où la présence de LOL a été indispensable est celui où Auriane puis Ambre se sont approchées seules de la barre où les témoins intervenaient. En effet, nous avons dû leur lâcher la main et avons perdu tout moyen de les soutenir pendant ce moment extrêmement difficile. LOL a été alors ce soutien que nous ne pouvions plus être pour elles, tout en restant tout à fait calme et « docile ». Même dans les moments de forte tension, il est resté auprès d’elles sans manifester de signe d’impatience. Par ailleurs, le fait de pouvoir le sortir « prendre l’air » accompagnés par le Pompier référent a permis aux filles de décompresser quelques minutes. Vivre un procès aux Assises en tant que partie civile a été, pour nous quatre, une expérience « hors du temps « et « hors de la réalité » ainsi que d’une tension extrême (nous n’en sommes toujours pas remis à ce jour). LOL a permis de mieux supporter les pressions psychologiques que nous avons subies (et le fait d’ailleurs de pouvoir le caresser nous-mêmes, parents, a été salutaire pendant les instants les plus critiques lundi après-midi).
En tant que vétérinaire, je vois de plus en plus l’impact du chien dans les familles. Il fait maintenant partie intégrante de la cellule familiale, au point que l’on ne parle plus de « propriétaire », mais de « pet parent » (terme anglo-saxon de plus en plus utilisé dans la presse professionnelle). Alors que l’espèce canine était auparavant à visée « utilitaire » au sens pratique du terme (chien de chasse, de troupeau, de garde...), il a désormais un réel impact psychologique en devenant une vraie « éponge émotionnelle », un confident et un facilitateur de lien social. En intervenant auprès de victimes dans un lieu très stressant comme peut l’être une salle d’interrogatoire (Gendarmerie ou Police, bureau du Juge d’Instruction, salle d’audience d’une Cour d’Assises), LOL permet aux enfants de se retrouver à côté d’un être vivant qui ne les malmène pas (ni physiquement, ni moralement) (au contraire de certaines personnes qui peuvent être (ont été dans notre cas) particulièrement véhémentes) et de mieux supporter cette énorme pression qui se rajoute à ce qu’ils ont vécu (très traumatisant dans la majorité des cas). Ce type de chien se doit d’être particulièrement docile (se laisser manipuler par n’importe qui) et patient, ce qui est le cas de LOL. »
POUR ALLER PLUS LOIN :
▸ ANSORGE-JEUNIER Jessie et DE VILLERS bénédicte, Étude d’un dispositif de médiation animale en milieu carcéral « Des Camargues et des Hommes »
▸ ARNOUX patricia, « Des animaux pour rester des hommes. La médiation animale en milieu carcéral » Revue L’observatoire, dossier n° 85 L’animal dans le champs social – 2015 Courthouse Dogs Foundation (Des chiens au tribunal),
▸ FLYNN Erin, MASSEY-COMbS Katie, GOLDENBERGER Jaci, TEDESCHI philip, MORRIS Kevin (Institute for Human-Animal Connection, University of Denver), Measuring the psychological impacts of prison-based dog training programs in prison and outcomes for inmates, Conférence IAHAIO 2019
▸ GRANDGEORGE Marine, HEYRAUD Christine, HAUSBERGER Martine, HIRSCHELMANN Astrid Dogs trigger attention during AAI in prison, poster, Conférence IAHAIO 2019
▸ Institute for Human-Animal Connection, University of Denver, Protocole standard pour la formation à l’éducation canine dans les établissements pénitentiaires aux USA,
(en anglais)
▸ LAGUERRE Claire-Emmanuelle, Évaluation du dispositif « Médiation Animale » à la Maison d’Arrêt de Strasbourg
▸ Le chien médiateur dans l’accompagnement des enfants dans le cadre des procédures judiciaires, Guide de la Courthouse Dogs Foundation et la Fondation Adrienne et pierre Sommer
▸ Médiation Animale et Prisons, cahier n° 4, collection Les cahiers de la Fondation Adrienne et pierre Sommer 2019
▸ Paws for progress, « En Ecosse, à la prison de Polmont, éducation de chiens de refuges par de jeunes détenus dans une démarche de réinsertion »
▸ RODRIGUES-LEITE Julie, L’animal « missionné » : Une socio-ethnographie de dispositifs de médiation animale en milieu carcéral (thèse doctorale en anthropologie en cours), Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux EHESS
▸ VALENTE Christopher, Médiation animale en milieu pénitentiaire : analyse des processus de désistance dans la (re)construction psychosociale, thèse doctorale en psychologie en cours, Université de Rennes 2
▸ VALENTE Christopher, « Préparer la réinsertion sociale des personnes incarcérées : quels apports de la médiation équine? » revue L’observatoire, dossier n° 85, L’animal dans le champ social, 2015
▸ Les caresses de l’ombre, documentaire de Danièle ALET réalisatrice, production Aligal production, France Télévision, France 3 Bretagne

SECTION 2 - LE CHIEN D’ASSISTANCE JUDICIAIRE

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