A. Pas de médiation animale en prison sans l’implication de la direction
Patrice Bourdaret est entré dans l’administration pénitentiaire comme officier en 1997. À partir de 2004, après avoir réussi le concours interne de directeur, il exerce ses fonctions à la prison de Strasbourg (2005-2009, directeur adjoint), puis au centre pénitentiaire des hommes de Rennes (2009 -2013, directeur adjoint), à Châlonsen-Champagne (2013-2015, adjoint au chef d’établissement), Villenauxe-la-Grande (2015-2018, chef d’établissement) et enfin au centre pénitentiaire de Lille-Loos (adjoint au chef d’établissement).
« Nous avons ce qu’on appelle une obligation de mobilité, explique Patrice Bourdaret. Le métier est rude, il est important de pouvoir changer d’air régulièrement. »
C’est à Strasbourg, lors de son premier poste de directeur, que Patrice Bourdaret expérimente pour la première fois la présence d’animaux en prison. « En 2006, des Québécois sont venus à Strasbourg pour mettre en place une activité d’interaction avec des animaux dans le service de gériatrie de l’hôpital. Ils ont demandé à visiter la prison pour discuter de médiation animale, sachant que de telles expériences se pratiquaient déjà au Canada. Nous leur avons ouvert les portes de la prison et après des échanges particulièrement convaincants, j’ai dit à ma supérieure hiérarchique : il faut absolument le faire ici ! »
Dans les cellules, au cœur de la prison
C’est dans cet état d’esprit très volontariste que Patrice Bourdaret rencontre Patricia Arnoux, avec laquelle il organise le premier projet de médiation animale de sa carrière. « À cette époque, nous faisions face à une vague de suicides de mineurs dans les prisons de Metz et de Strasbourg. D’une manière ou d’une autre, il était urgent de tenter quelque chose pour améliorer la prise en charge des détenus. Avec Patricia, nous avons dans un premier temps ciblé les mineurs et les auteurs d’infractions à caractère sexuel (AICS). Elle arrivait avec son chien – un golden retriever – et toute une ménagerie de petits animaux – lapins, tourterelles, etc. Notre parti pris était très clair dès le départ : nous voulions aller jusque dans les cellules, au cœur de la prison. Il ne s’agissait en aucun cas d’un atelier récréatif ou d’une distraction quelconque. Avec les animaux, nous voulions aller vers les détenus, y compris ceux
qui sortent peu, voire jamais de leur cellule. Nous voulions les toucher, leur permettre de s’exprimer, de sortir d’eux-mêmes, pour les réinscrire dans une trajectoire de vie. Patricia est par exemple allée un jour au quartier d’isolement à la rencontre d’un prisonnier de longue date totalement mutique. À la vue du chien, il s’est aussitôt mis à parler, très longuement. Un miracle ! Lors de ces premières actions, nous avons vu beaucoup de mineurs. Avec les animaux, ils se montraient incroyablement calmes et respectueux les uns envers les autres. Après ces moments de calme, on peut rebondir et enchaîner sur la suite pour reconstruire quelque chose. Les résultats observés sont tellement rapides et spectaculaires qu’on ne peut pas ne pas être convaincu ! »
Une première expérience fondatrice
Cette première expérience strasbourgeoise est fondatrice de la vie professionnelle de Patrice Bourdaret. Il va l’approfondir et l’enrichir tout au long de son parcours.
« Convaincu par les bienfaits de la médiation animale en prison, je l’ai été tout de suite. Sans réserve. Et j’ai dépensé beaucoup d’énergie à convaincre mes collègues et à vaincre les résistances de l’administration. » À Rennes, son poste suivant, Patrice Bourdaret est attendu avec une certaine impatience. Sa réputation l’a précédé et on compte sur lui pour mettre en place un nouveau projet. « Si la direction de l’établissement n’est pas motivée, c’est très difficile d’avancer. Mais les résultats sont là, difficile de les nier : des animaux en prison, ça change la vie, ça fait un bien fou à tout le monde, ça apaise les tensions. » Pendant quatre ans, Patrice Bourdaret approfondit et intensifie sa pratique, avec l’aide d’Emmanuel Doumalin, de l’association Umanima. « Nous avions des détenus qui avaient déjà purgé l’essentiel de leur peine. Nous leur avons permis de sortir de l’enceinte de la prison pour aller s’occuper d’animaux, par le biais notamment d’une convention avec la SPA. Une première étape bienfaitrice au grand air avant une libération conditionnelle ou la sortie définitive. » L’idée se répand, le bouche-à-oreille fonctionne, les réussites font tâche d’huile. « Il faut dire quand même que toutes les prisons ne se prêtent pas à des projets de médiation animale. À Châlons-en-Champagne, par exemple, la prison est un vieux bâtiment sans terrain, les animaux ne s’y sentiraient pas bien. Il faut parfois savoir renoncer. À Villenauxe-la-Grande, en revanche, où la prison est dotée de larges espaces verts, nous avons fait venir des ânes, qui sont des animaux très patients : ils ont fait merveille auprès d’un public plutôt violent. Chaque animal a ses caractéristiques propres et permet de travailler un terrain particulier. La matière est très complexe et les possibilités infinies ! »
Financer et pérenniser les projets
La médiation animale en prison – Patrice Bourdaret y revient plusieurs fois au cours de l’entretien – est un sujet sérieux, qui mérite d’être réfléchi et théorisé. Les projets mis en place fonctionnent et produisent des résultats satisfaisants à condition d’avoir été pensés et pesés en amont. « Ce sont des projets qui coûtent relativement cher, à Rennes, nous y consacrions un budget de l’ordre de 20 000 euros par an. L’argent est comme toujours le nerf de la guerre. La Fondation Adrienne et Pierre Sommer aide beaucoup au démarrage des actions, ensuite il faut que l’administration (SPIP, budget régional) prenne le relais, soutenue par les associations locales d’aide aux prisonniers. Il faudrait dans chaque région une ligne budgétaire annuelle intitulée médiation animale. Nous n’en sommes pas encore là mais j’espère que cela viendra ! »
Veiller à la qualité des intervenants et au respect des animaux
« Je suis souvent contacté par des collègues qui souhaitent implanter des projets de médiation animale et me demandent des conseils. Je trouve formidable que ces programmes connaissent un tel développement partout en France. Je dis toutefois qu’il faut veiller à préserver un haut niveau de qualité en travaillant avec des intervenants expérimentés ayant fait leurs preuves. Au cours de ma carrière, j’ai vu passer des dossiers plus que légers, voire carrément plagiés sur d’autres. Avec le temps, j’ai appris à repérer les intervenants sérieux, qui se préoccupent du bien-être de l’animal, de la manière concrète dont la relation avec les détenus va se passer. L’intervenant se positionne comme une tierce personne au cœur de la relation entre le détenu et le surveillant. C’est à la fois délicat à gérer et fondamental dans la réussite du projet. J’ai un cahier des charges très précis dans la tête qui me permet d’éliminer les propositions inadaptées. Il est d’ailleurs indispensable que les programmes agréés par l’administration pénitentiaire répondent à un besoin clairement identifié de l’établissement. Y a-t-il des problèmes de violence ? D’isolement de certains détenus ? L’arrivée d’un animal en prison n’est pas anecdotique. Ce n’est pas un gadget ni un coup de baguette magique. Pour qu’un projet fonctionne, il faut qu’il ait du sens. »
À Lille-Loos, c’est reparti !
La maison d’arrêt de Lille-Loos compte jusqu’à 700 détenus, une majorité des jeunes de banlieue confrontés à des problèmes de drogue et de violence.
« C’est un établissement rugueux, les relations entre prisonniers et surveillants sont très tendues. La directrice m’a donné carte blanche. J’ai sélectionné un projet de médiation canine présenté par l’association Des Liens en Or. Hélène Courby, l’assistante sociale qui porte ce projet, est myopathe et se déplace en fauteuil roulant. Fragile en apparence, elle dégage une énergie incroyable. Il va falloir que les détenus et surveillants prennent soin d’elle. Je pense que ça va marcher. »
B. Le ressenti des surveillants
Jérémie Lecru est en poste à la maison d’arrêt d’Angers depuis 17 ans. Il est premier surveillant, en charge notamment du travail pénitentiaire et des activités. Il accompagne un atelier de médiation animale pour les détenus très isolés.
« L’atelier, animé par Laetitia Beaumont, a démarré en juillet 2018. Destiné à des personnes très isolées qui ne sortent jamais, il a lieu tous les quinze jours, pendant un peu plus d’une heure. Cinq détenus participent. Ils ont été sélectionnés par une commission pluridisciplinaire et sont fortement incités à venir. Dans une grande salle dédiée, l’animatrice est présente avec un chien, un lapin et trois cochons d’Inde. Je m’occupe de l’installation et je fais en sorte que tout se passe bien. J’accompagne les détenus jusqu’à la salle mais ensuite je ne reste pas. Et quand je pars, la parole se libère ; les détenus s’expriment, ils échangent. Après chaque séance, Laetitia Beaumont rend compte à l’équipe et au SPIP de ce qui s’est passé pour chaque détenu. Cela nous aide par la suite, nous repérons plus vite s’il y a un mal-être quelque part. Comme je suis entre autres chargé de la discipline, j’ai souvent le rôle du méchant dans la prison. Avec cet atelier, les détenus me perçoivent différemment. J’ai une autre casquette, je caresse le chien, je joue avec lui, je suis quelqu’un comme eux. »
La maison d’arrêt d’Angers héberge 384 détenus, tous des hommes : prévenus (en attente de leur condamnation) et condamnés à de courtes peines (inférieures à deux ans). Sonia est surveillante au service des agents depuis 2009. Elle a participé en 2018 à un atelier de médiation équine et raconte cette première expérience.
« La direction de l’établissement a mis en place en 2018 deux ateliers de médiation animale. C’est le Comité de Pilotage organisé par la DISP de Rennes qui a été le facteur déclenchant, même si la directrice et la directrice adjointe avaient cette idée en tête depuis quelque temps. Le premier atelier fait intervenir des petits animaux et s’adresse plus particulièrement à des détenus isolés souffrant de troubles relationnels. Le second, auquel j’ai été associée, est destiné à un public de jeunes prisonniers, plutôt agressifs, a priori réfractaires à toute forme d’autorité et n’ayant pas toujours bien intégré les codes de bonne conduite. En collaboration avec la direction de l’établissement, le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) et le juge d’application des peines, nous avons choisi cinq détenus (signalons que deux d’entre eux ont dû abandonner en cours de route pour des raisons n’ayant rien à voir avec l’atelier). Pour les surveiller et les accompagner, nous étions quatre, tous volontaires, ayant l’habitude des chevaux et capables de désamorcer les crises si besoin (ce ne fut pas nécessaire). Nous nous connaissons bien, nous sommes complémentaires et avons l’habitude de travailler ensemble. Face aux détenus, nous présentons toujours un front uni.
L’atelier, géré par Catherine Mercier, était organisé en trois temps. Nous avons tout d’abord, pendant une demi-journée, fait entrer les chevaux à l’intérieur de la prison, dans la cour de promenade. L’idée était de créer un premier contact avec les détenus et de vaincre leur appréhension. Ils ont touché, pansé, nettoyé les chevaux, ils leur ont donné à boire et les ont promenés dans la cour. Ils se sont ainsi familiarisés avec les animaux et ont commencé à comprendre qu’on n’obtient rien d’eux par la force.
Quelques semaines plus tard, nous avons passé 24 heures dans un centre équestre d’Illeet-Vilaine, les détenus ayant obtenu une permission de sortie pour l’occasion. Ils ont rencontré les chevaux avec lesquels ils allaient travailler et passer du temps. Ceux-ci étaient en liberté dans un champ : hommes et animaux se sont choisis naturellement, les binômes se sont formés en fonction des affinités et des caractères.
Rien n’est imposé à l’animal, tout l’enjeu est de le comprendre et de créer un contact positif pour l’amener à coopérer. Il faut apprendre à se canaliser. Les détenus qui n’ont pas le bon état d’esprit n’obtiennent rien ! Le soir, nous avons fait les courses tous ensemble puis préparé le repas. Les détenus étaient détendus, ils avaient envie de faire plaisir. Catherine Mercier est revenue sur la journée écoulée, ajoutant des informations et des observations. Le lendemain matin, retour au centre équestre pour continuer le travail d’approche. Nous sommes allés au manège et pour la première fois, les détenus sont montés sur les chevaux. Un grand pas en avant !
Un mois plus tard, nous sommes repartis, cette fois pour une randonnée, avec une nuit en gîte dans la forêt de Brocéliande. C’était le moment du brâme du cerf, nous nous sommes retrouvés au milieu d’une meute, au cœur de la nature : très impressionnant ! Le lendemain, nous sommes rentrés au centre équestre, nous avons nettoyé les chevaux et dit au revoir à l’équipe. Catherine est revenue à la prison peu après, avec des photos de la randonnée. Elle a reçu les détenus en entretien individuel, pour voir avec eux s’ils avaient atteint les objectifs qu’ils s’étaient fixés avant l’atelier. Je n’ai évidemment pas assisté à ces entretiens mais je peux dire qu’ils gardent tous un très bon souvenir de l’expérience, leur sourire en témoigne.
Pour moi, cet atelier est très positif. Les détenus qui y ont participé en ont tiré des enseignements qui leur permettront d’avancer dans la vie et de mieux gérer leur fin de peine. On sent que ça a créé des envies et que ça induira des changements de comportement. Bien sûr, dès le retour, ils se font rattraper par les autres, la pression du groupe. Mais ils ont repris confiance en eux, il reste forcément du bon.
Je ne dirais pas que l’atelier a changé la relation que j’entretiens avec les détenus, mais il a changé le regard que les détenus portent sur nous, les surveillants. Ils ont été surpris de voir que, dans un contexte différent, il peut même y avoir une certaine complicité entre eux et nous. Bien sûr, nous étions stressés, avec la crainte qu’un détenu nous fausse compagnie. C’est normal, c’est notre métier. Nous devons toujours rester sur nos gardes même si, peu à peu, comme nous voyons que tout se passe bien, le stress finit par retomber. Personne ne m’a obligée à participer à l’atelier, je l’ai fait volontairement, en prenant sur mon temps personnel. J’étais motivée par le projet, j’avais envie que ça marche. Au retour, nous sommes fatigués mais contents ! Nous travaillons déjà sur le prochain atelier, je suis partante pour recommencer. Mais il ne faut pas que ce soient toujours les mêmes qui partent. Nous devons passer le relais, transmettre positivement aux autres surveillants, même ceux qui sont pour l’instant réticents, afin qu’ils partent aussi. Et que l’action se pérennise. »
Premier surveillant à la maison d’arrêt de Brest, Franck Piron est responsable de l’unité Respecto, un dispositif destiné à certaines personnes détenues proches de la sortie. Un projet de médiation équine a été mis en place au sein de cette unité en novembre 2018.
Ouverte en octobre 2017, l’unité Respecto est un dispositif dans lequel des personnes détenues sélectionnées par une Commission Pluridisciplinaire Unique (CPU) jouissent d’une relative liberté et apprennent à se prendre en charge en vue de leur réinsertion prochaine. Pendant la journée, ces personnes ont les clés de leur cellule et peuvent aller et venir, à condition de respecter un règlement intérieur et un contrat d’engagement avec l’administration. En contrepartie, ils ont accès à des salles d’activité et peuvent participer à différents ateliers.
Aller vers l’autre grâce au cheval
En novembre 2018, un atelier de médiation équine a été proposé. « Cet atelier a lieu une fois par mois, sur deux demi-journées, explique Franck Piron. Il est prévu pour 6 personnes détenues. En accord avec la direction, le SPIP, le chef de détention et la CPU, je propose des noms en fonction des demandes reçues ou des orientations des différents services. Les profils peuvent être divers et variés : introverti ou extraverti, procédure correctionnelle ou criminelle... et cela fonctionne. Au début de l’atelier, les chevaux sont en liberté sur le terrain de sport au centre de la prison. Les personnes détenues font la connaissance de Catherine Mercier et découvrent les animaux. Ils forment des groupes de deux au gré de leurs affinités respectives, et commencent à brosser ou promener les animaux à leur rythme. On ne les oblige à rien. J’ai vu un garçon timide et introverti, condamné pour une affaire à caractère sexuel, être épaulé par un trafiquant de drogue, un petit caïd. Ils se sont découverts, contre toute attente. L’animal a joué son rôle de médiateur, permettant à chacun d’aller vers l’autre. »
La présence des chevaux apaise tout le monde
La médiation équine bénéficie actuellement aux personnes qui participent au module Respecto mais prochainement, elle sera étendue aux autres personnes détenues.
« Comme les bâtiments de la prison donnent sur le terrain, je m’attendais le premier jour à entendre des cris et des quolibets... Pas du tout, bien au contraire : les autres personnes détenues étaient toutes à la fenêtre, elles regardaient ce qui se passait en bas, mais sans un bruit. La maison d’arrêt de Brest n’est jamais aussi calme que lors de cette activité. Après coup, plusieurs personnes ont demandé comment faire pour y participer... ce qui implique actuellement d’être d’abord admis dans l’unité Respecto.
Ainsi, le travail avec les chevaux, visible par tous, a-t-il eu des répercussions inattendues et permis d’enclencher un cercle vertueux. Il donne envie aux personnes détenues d’aller de l’avant. Ces dernières ont compris que l’administration pénitentiaire leur donne une chance à saisir, qu’elle peut faire quelque chose pour elles. »
Une grande intensité émotionnelle
La médiation équine renforce les effets positifs de l’unité Respecto. « Cette unité représente déjà une ouverture incroyable dans l’univers carcéral. Alors, les chevaux en plus... J’avoue que j’avais des doutes au départ. Je me demandais quel était l’intérêt de l’opération, pourquoi on faisait un tel cadeau aux personnes détenues, en quoi elles l’avaient « mérité ». Mais malgré tout, j’étais curieux. J’ai été bluffé dès la première séance devant l’attitude des personnes détenues face aux animaux et celle des animaux face aux personnes détenues. Lorsqu’ils sont arrivés, les personnes détenues étaient énervées, et je me demandais comment elles allaient traiter les chevaux. Catherine Mercier les a accueillis, leur a parlé et leur a dit d’aller vers les animaux. Ce qui se passe alors entre hommes et chevaux, presque spontanément, est d’une grande intensité émotionnelle. Un jour, une personne détenue, un petit dur, restait à l’écart. Un cheval est allé vers lui et l’a poussé avec sa tête, gentiment ; il a insisté jusqu’à ce que le garçon se prenne au jeu. Le lendemain matin, quand il est revenu, il avait les larmes aux yeux. Le cheval permet aux personnes détenues de retrouver des émotions enfouies très profondément et de s’ouvrir aux autres. Il faut les voir caresser, brosser, câliner l’animal.
Un autre exemple m’a frappé. C’est une personne détenue qui regardait l’atelier d’en haut, depuis sa fenêtre. Il n’avait jamais rien vu d’aussi beau qu’un cheval en pleine course. Il m’a supplié de l’inscrire à l’atelier. Comme son comportement par ailleurs était loin d’être irréprochable, je l’ai fait attendre, volontairement. Son attitude a alors complètement changé. Lorsqu’il a enfin pu faire l’atelier, il s’est produit un véritable phénomène d’osmose entre le cheval et lui. Il a repris confiance et aujourd’hui, il est dehors, avec un bracelet électronique. »