Qui dit médiation animale dit intervention de l’animal et donc nécessité de garantir son bien-être. Le docteur Anne-Claire Lomellini-Dereclenne, vétérinaire et inspectrice de la santé publique vétérinaire, est très claire sur ce point. Face à la multiplication des actions de médiation animale dans tous les domaines, elle affirme qu’un encadrement des pratiques assurant le bien-être des animaux est absolument nécessaire, précaution indispensable pour valoriser la discipline et permettre son développement dans les meilleures conditions.
« La multiplicité des qualificatifs que l’on attribue aux animaux qui peuvent être « de rente », « de loisir », « domestiques », « sauvages » ou « familiers » est révélatrice des nombreux aspects du lien étroit que nous tissons avec le règne animal depuis maintenant plus de 15 000 ans, explique-telle. Si les « services rendus » par les animaux dans cette interdépendance que nous avons construite avec eux semblent évidents en ce sens que l’objet même de la domestication était à la base de servir les humains, il a fallu beaucoup plus de temps pour admettre et démontrer scientifiquement que le simple établissement d’une interaction entre un individu humain et un individu animal avait des vertus thérapeutiques au sens propre du terme pour l’individu humain. L’ensemble des interactions positives permettant le soin de l’homme par l’animal regroupées sous le nom de « médiation animale » font désormais l’objet d’une attention particulière de la part des soignants et amoureux des animaux qui agissent pour légitimer et faire connaître des pratiques qui nous rappellent à quel point l’histoire que nous construisons avec les animaux peut être belle, forte et, en cela même, utile. Dans le cadre de l’utilisation des animaux, de manière générale, des règles ont été établies depuis plus d’une trentaine d’années pour garantir leur bien-être, quel que soit le type d’utilisation qui en est fait, notamment en France, depuis la loi du 10 juillet 1976 sur la protection de la nature. « En termes de « médiation animale », des formations diplômantes sont désormais disponibles, bien que non encore obligatoires, pour apporter toutes les connaissances indispensables pour, non seulement assurer les soins aux humains mais également respecter le bien-être des animaux qui sont utilisés. La connaissance des comportements et notamment des signes indicateurs de mal-être propres à chaque espèce est en effet nécessaire pour garantir une utilisation raisonnée et respectueuse des animaux. C’est cet objectif qu’il faut encourager pour que les acteurs de terrain travaillent en collaboration avec des vétérinaires et des éthologues. L’encadrement scientifique, technique, et in fine réglementaire des pratiques de médiation animale impliquant l’association de professionnels de l’animal au même titre que les professionnels de santé, de la conception du projet au suivi des pratiques semble en effet une condition de légitimation de cette discipline qui contribue à faire évoluer toujours positivement et remarquablement la relation entre l’homme et les animaux. » explique Anne-Claire Lomellini Dereclenne
Article 1
Le milieu naturel des animaux à l’état de liberté doit être préservé afin que les animaux puissent y vivre et évoluer conformément à leurs besoins et que la survie des espèces ne soit pas compromise.
Article 2
tout animal appartenant à une espèce dont la sensibilité est reconnue par la science a le droit au respect de cette sensibilité.
Article 3
Le bien-être tant physiologique que comportemental des animaux sensibles que l’homme tient sous sa dépendance doit être assuré par ceux qui en ont la garde.
Article 4
Tout acte de cruauté est prohibé.
Tout acte infligeant à un animal sans nécessité douleur, souffrance ou angoisse est prohibé.
Article 5
Tout acte impliquant sans justification la mise à mort d’un animal est prohibé. Si la mise à mort d’un animal est justifiée, elle doit être instantanée, indolore et non génératrice d’angoisse.
Article 6
Aucune manipulation ou sélection génétique ne doit avoir pour effet de compromettre le bien-être ou la capacité au bien-être d’un animal sensible.
Article 7
Les gouvernements veillent à ce que l’enseignement forme au respect de la présente déclaration.
Article 8
La présente déclaration est mise en œuvre par les traités internationaux et les lois et règlements de chaque État et communauté d’États.
POUR ALLER PLUS LOIN :
▸ BARREY J.-C. et LAZIER C., Éthologie & Ecologie Equines, Éditions Vigot, 2010
▸ CLAUDE Isabelle, Le cheval médiateur, Éditions belin, 2015
▸ Déclaration des Droits de l’Animal, www.fondation-droit-animal.org
▸ Déclaration de l’International Association of Human-Animal Interaction Organizations (IAHAIO), Le Bien-être animal dans les activités avec les animaux, https://iahaio.org
▸ Chiens pour personnes sourdes, www.hearingdogs.org.uk
▸ Fédération Handi-Cheval, www.handicheval.asso.fr
▸ Fédération nationale de thérapie avec le cheval (Fentac), www.fentac.org
▸ Médi-Ane, https://mediane-europe.eu
▸ Le Chien : un acteur majeur en médiation animale, cahier n° 5, collection Les cahiers de la Fondation Adrienne et pierre Sommer, 2019 www.fondation-apsommer.org
▸ Handi’Chiens https://handichiens.org
▸ MARTIN-TEYSSERE Mélanie, Les fermes pédagogiques, thèse vétérinaire, École Nationale Vétérinaire de Lyon (ENVL), 2005
▸ MICHALON Jérôme, Le bien-être des animaux de compagnie : la remise en question d’une évidence ? Livre blanc : le bien-être de l’animal de compagnie de Caroline GILBERT, Emmanuelle TITEUX, Jérôme MICHALON, Jérôme PIGNON, thierry POITTE et Fabrice ROSACI (dir.), Cap Welfare, 2019, p. 58-81.
▸ PEYROUTET-PHILIPPE Claire, Intervention de l’animal dans le cadre de la prise en charge des enfants avec TED par les structures médico-sociales en France métropolitaine : état deslieux et propositions, thèse vétérinaire, École Nationale Vétérinaire de toulouse (ENVT), 2014
▸ VERNAY Didier, Le chien partenaire de vies, Éditions Erès, 2003