Secours Catholique : « Faites appliquer le droit, car cette situation est inacceptable ! » Le secteur associatif dans son ensemble rencontre quotidiennement cette réalité de la saturation de l’hébergement d’urgence. L’appel au 115, par exemple, constitue un véritable chemin de croix pour les personnes précaires de la rue, tant bénéficer d’une place en hébergement d’urgence reste délicat. Pour le secteur, pas de doute, ce type d’hébergement continue à être une « zone grise » des politiques publiques.
L’affirmation, en guise d’appel, provient du Secours Catholique, et illustre les vives inquiétudes du secteur associatif et des acteurs de terrain (Secours Catholique, « Hébergement d’urgence : “Faites appliquer le droit, car cette situation est inacceptable !” » (secours-catholique. org, 18 mars 2022).
Selon le Secours Catholique, « l’hébergement d’urgence est le réceptacle d’autres politiques publiques défaillantes, au premier rang desquelles la politique du logement . Actuellement, la construction de logements sociaux et très sociaux est insuffisante et ne bénéficie pas aux ménages aux ressources modestes. Les aides personnalisées au logement ont par ailleurs été réduites, fragilisant des milliers de ménages qui ne peuvent se maintenir dans leur logement et qui se tournent donc vers l’hébergement d’urgence. (...) Enfin, de nombreuses personnes deviennent sans domicile parce que leur sortie d’institution est mal préparée : c’est par exemple le cas de jeunes sortant de l’aide sociale à l’enfance, de personnes sortant d’hospitalisation ou encore de personnes sortant de détention. L’ensemble de ces dysfonctionnements est à l’origine d’une tension extrême sur le secteur de l’hébergement d’urgence. » (cf. Secours Catholique, « Hébergement d’urgence : comment résoudre la crise ? », 24 mai 2021).
Fédération des acteurs de la solidarité et Unicef. Ces deux organisations apportent également des éclairages récents très contrastés à l’occasion d’une publication de septembre 2022, une étude orientée vers les familles (couples ou groupes avec enfants, familles monoparentales) qui n’ont pas pu être accueillies dans des structures d’hébergement adaptées malgré leur demande auprès du 115. Selon ces organisations : « En dépit des moyens inédits mobilisés par l’État pour pérenniser 200 000 places d’hébergement depuis la crise sanitaire en 2020, la situation reste très préoccupante.
Depuis janvier 2022, le nombre de familles restées sans solution a augmenté ; passant de 1 774 demandes non pourvues au 31 janvier 2022 à 3 133 au 22 août 2022, soit une augmentation de 77 %. » Ainsi, dans de nombreux départements, les nouvelles familles qui sollicitent le 115 ne se voient pas proposer d’hébergement faute de places disponibles ou compatibles avec la composition du ménage (FAS et Unicef, « Baromètre enfants à la rue 2022 », sept. 2022).
Fondation Abbé-Pierre. De longue date en première ligne dans la lutte contre la précarité en général, la fondation rend chaque année des conclusions alarmantes. Dans un récent rapport, elle réitère ses observations quant à la précarisation croissante de couches entières de la population, avec des conséquences sur le mal-logement et le sans-abrisme. Elle porte un jugement très critique sur le premier quinquennat, loin des ambitions portées par une « offre choc » du dispositif « Logement d’abord » (300 000 personnes privées de domicile fixe au sens large), tout en déplorant que les réponses apportées aux personnes à la rue se résument trop largement à des solutions d’hébergement d’urgence précaires, à la limite de l’engorgement (Fondation Abbé-Pierre, « 27e rapport sur l’état du mal-logement en France », 2022).