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ÉLÉMENTS DE DÉFINITION

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Sans surprise il paraît improbable de définir avec la plus grande exactitude les termes qui suivent. Néanmoins, quelle que soit la source, il est possible d’en dresser les contours. Où l’on s’apercevra qu’ils visent trois situations différentes mais qui peuvent s’imbriquer.
Pauvreté. Selon l’Insee, « un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian. » La pauvreté appelle alors toujours l’idée de seuil, de norme et de construction statistique.
Allant plus loin, le Conseil européen a considéré dès 1984 comme pauvres « les personnes dont les ressources matérielles, culturelles et sociales sont si faibles qu’elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre où elles vivent », pouvant révéler une coexistence entre « pauvreté monétaire » (chiffrée, idée de seuil), « pauvreté d’existence » (prise en compte de l’impossibilité de satisfaire des besoins), « pauvreté laborieuse » (personnes ou familles dont les revenus du travail ne permettent pas ou très difficilement de vivre dignement), auxquelles s’ajoute la « pauvreté extrême », ou « grande pauvreté » (accumulation et combinaison de difficultés liées au chômage, au logement, à l’éducation, pauvreté de longue date, souvent héritée...).
Précarité. Selon Joseph Wresinsky, fondateur d’ATD Quart Monde, il s’agit d’« un état d’instabilité sociale caractérisé par l’absence d’une ou de plusieurs sécurités, notamment celle de l’emploi, permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit le plus souvent à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence. » Il ajoute que les situations de précarité se développent « lorsque les conditions concernant le niveau socio-économique, l’habitat, les réserves financières, le niveau culturel, d’instruction et de qualification professionnelle, les moyens de participation associative, syndicale et politique, sont défavorables » (J. Wresinsky, « Grande pauvreté et précarité économique et sociale », Rapport présenté au nom du Conseil économique et social, Journal officiel de la République Française, avis et rapports du Conseil économique et social, 1987). Il est à observer la possibilité de réversibilité dans la précarité.
Exclusion. L’exclusion apparaît comme un processus, évoque un passage. La notion dépasse celle de « pauvreté », puisque l’exclusion correspond à la non-réalisation des droits sociaux de base garantis par la loi, ladite non-réalisation des droits sociaux étant provoquée par la première, de façon non forcément automatique. Le sociologue Robert Castel apporte des précisions : « Les exclus sont à l’aboutissement de trajectoires, et de trajectoires différentes. Il ne s’agit plus d’une pauvreté qu’on pourrait qualifier d’“intemporelle” ou de “résiduelle”, mais d’une pauvreté qui apparaît à la suite d’une dégradation par rapport à une situation antérieure » (R. Castel, « Cadrer l’exclusion », in S. Karsz [dir.], L’exclusion, définir pour en finir, Dunod, 2013). D’après le chercheur, des personnes décrochent, basculent d’une « zone » à une autre, selon un ordre précis. Ainsi distingue-t-il trois « zones » de la vie sociale :
  • une « zone d’intégration », dans laquelle évoluent globalement les personnes ayant un travail régulier et des repères de sociabilité solides ;
  • une « zone de vulnérabilité », occupée par les personnes ayant un travail précaire et des relations sociales instables ;
  • une « zone d’exclusion », dans laquelle certaines personnes déjà vulnérabilisées, voire des personnes appartenant à la première zone citée, basculent. C’est au sein de cette zone que s’exprime le phénomène tenace de « non-recours » concernant des personnes éligibles qui ne sollicitent pas – ou plus – les prestations auxquelles elles pourraient prétendre, s’éloignant également et assez souvent de toute notion de « citoyenneté », alors que le sans-abri ou l’exclu demeure un citoyen au sens juridique du terme.
Il existe une extrême proximité entre ces notions, quelles que soient les définitions. On y décèle cependant un ordre dans la progression vers le « sans-abrisme » : pauvreté, puis précarité, puis exclusion. On retiendra de ces définitions au moins neuf éléments clés permettant d’orienter les réflexions et les politiques publiques en résultant : travail, revenus, logement, santé et accès aux soins, école et accès à l’instruction, accès à la culture, lien familial et lien social.

SECTION 1 - REGARDS SUR LA PAUVRETÉ, LA PRÉCARITÉ ET L’EXCLUSION SOCIALE

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