Dans le cadre de la convention d’objectifs entre l’Etat et l’UNAF pour la période 2016-2021, le site mon-enfant-et-les-ecrans.fr est devenu effectif. Il s’adresse aux parents d’enfants de 0 à 13 ans, ainsi qu’aux professionnels de l’enfance, de l’éducation, de la parentalité, de l’action sociale, de la culture, des médias, qui sont au contact des parents et des enfants. Dans une démarche de soutien à la parentalité, le dispositif reprend des principaux fondamentaux : le dialogue et l’observation de l’enfant parce qu’ils créent les conditions de confiance pour accompagner son enfant vers l’autonomie (O. Gérard, coordinateur du pôle numérique à l’UNAF, « Innover pour accompagner les familles dans leurs pratiques numériques », Informations sociales 2021/1, n° 202). Ce sont des moyens de mieux connaître les pratiques numériques de l’enfant, de comprendre ses motivations, de prévenir les violences numériques et de l’aider à développer ses mécanismes de protection. Le site souligne quelques pistes pour aborder la relation au numérique au moment de l’adolescence ou bien encore valoriser l’expérience numérique des enfants ou faire des outils numériques un levier pour les parents dans leur rôle au quotidien.
Les services en ligne sont combinés avec des pratiques d’accompagnement sur le terrain dans une dynamique partenariale, qu’il s’agisse du dispositif « Mon enfant et les écrans » ou d’un autre dispositif tel que « PédaGoJeux », issu d’un collectif créé en 2008 sur l’usage des jeux vidéo. Celui-ci se déploie depuis 2014 à une plus grande échelle, avec la mise en place d’un réseau d’ambassadeurs mettant en réseau des structures associatives ou publiques pour relayer des informations de « PédaGoJeux » dans des lieux physiques (REAAP, centre social, relais d’assistantes maternelles, médiathèques, ludothèques...). Des enseignants et professionnels de santé accompagnent également les familles en s’aidant des ressources de « PédaGoJeux ».
FOCUS
INSTITUT DE LA PARENTALITÉ À FLOIRAC (LOT)
« Pourquoi attendre ? » : une réflexion qui résume l’état d’esprit du Dr Anne Raynaud, psychiatre et fondatrice de l’Institut de la parentalité. La volonté de s’engager dans le champ de la prévention précoce, oubliée depuis des décennies, a été le moteur de l’équipe pluridisciplinaire qui s’est constituée, en s’appuyant sur la théorie de l’attachement (https://institut-parentalite.fr/theorie-de-lattachement/).
Une démarche pleinement d’actualité avec le rapport des « 1 000 premiers jours » (Instr. n° 2022/106, 12 avr. 2022, relative à la déclinaison pour 2022 de la politique relative aux 1 000 premiers jours de l’enfant) puisqu’il s’agit de mettre la prévention au premier plan.
Les regards se tournent alors vers les pratiques innovantes, « inspirantes », selon l’expression figurant dans la stratégie nationale de soutien à la parentalité 2018-2022. L’Institut de la parentalité est un concept unique, qui se décline maintenant également en région parisienne quand d’autres instituts devraient éclore. Sur le volet des compétences, Anne Raynaud et Charles Ingles, psychologue clinicien et responsable de la politique « parentalité » à la CAF de Gironde, ont été missionnés afin, d’une part, de définir les compétences socles attendues des professionnels et bénévoles de ce secteur, et, d’autre part, de permettre de dresser un état des lieux d’ici à la fin de l’année 2022. Le second objectif sera d’élaborer des recommandations pour déployer ces compétences auprès des établissements et services de soutien à la parentalité. Comment le premier institut a-t-il vu le jour ? Qui accueille-t-il ? Quelles actions sont-elles développées ?
UN CONCEPT INNOVANT
L’institut a été fondé en 2014. Créé sous un statut associatif, il propose l’accompagnement des parents et des enfants, ainsi que la formation des professionnels de la périnatalité et de la petite enfance et/ou concernés par les domaines comme la protection des enfants... Consciente de la « complexité des enjeux de la parentalité dans la vie de la cité », l’équipe met en place une démarche avant tout collaborative afin que parents et professionnels nourrissent leur réflexion, dans la co-construction, la compréhension des besoins affectifs de l’enfant fondée sur la théorie de l’attachement.
L’Institut de la parentalité ne correspond pas à un « modèle juridique » préexistant, souligne Anne Raynaud. Il a donc fallu rechercher juridiquement des leviers qui permettent de trouver des aides consolidant le financement.
LE PUBLIC CIBLÉ
Ce lieu s’adresse aux parents (ou futurs parents) et familles, aux enfants jusqu’à douze ans et aux professionnels. Il prend en compte les parentalités dans leur singularité (adoption, homoparentalité...) et ce, en fonction des situations (séparation, deuil).
La démarche s’inscrit dans une dynamique de prévention précoce.
QUATRE PÉTALES
« Comme les pièces d’un puzzle, chacun a sa part, du parent à “l’éducateur”, du soignant au responsable politique ou au juge », explique le Dr Anne Raynaud. Aussi, prenant en compte l’écosystème dans lequel s’inscrivent l’ensemble des interactions de l’Institut de la parentalité, elle présente les actions suivantes sous la forme de quatre pétales interdépendants.
1. Des actions collectives prenant la forme de conférences, des permanences d’écoute et conseils téléphoniques, ainsi que des programmes de soutien à la parentalité. Ces actions répondent à des critères qui permettent des financements de l’agence régionale de santé ainsi que des CAF (voir supra, Tableau) ;
2. Des actions individuelles correspondant à des consultations individuelles sous forme de parcours qui sont organisés en quatre départements :
- la périnatalité (grossesse, dont l’entretien prénatal précoce, petite enfance) ;
- la petite enfance (sommeil, alimentation de 0 à 5ans) ;
- les parentalités ;
- les 6-12 ans, en tenant compte des événements de vie.
Un lien est établi avec les réseaux ados Gironde (voir sur les maisons départementales d’adolescents, Chapitre 3, Section 2).
Un financement inédit a pu être trouvé pour les actions concernant la périnatalité en se fondant sur l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 (CSS, art. L. 162-31-1), celui-ci ayant en effet introduit un dispositif permettant d’expérimenter de nouvelles organisations en santé.
3. Un organisme de formation : l’Institut de la parentalité met en œuvre, avec son organisme de formation certifié Qualiopi, un volet très important : la formation.
Le public ciblé est large : tous les professionnels de la petite enfance jusqu’au champ de la protection de l’enfance, c’est-à-dire toutes les personnes qui interviennent autour de la famille (magistrats, personnels de crèches et familles d’accueil...). Six parcours de formation sont développés : « Bases et concepts de la théorie de l’attachement » ; « Attachement et neurosciences » ; « Attachement et parentalité » ; « Attachement et management » ; « Attachement et protection de l’enfant » ; Attachement et accompagnement à la parentalité ».
L’organisme de formation contribue au programme « PANJO » (promotion de la santé et de l’attachement des nouveau-nés et de leurs jeunes parents), en collaboration avec Santé publique France, qui le déploie auprès des équipes de PMI. Créé depuis 2014, le programme « PANJO » comporte :
- un dispositif de visites à domicile menées par des sages-femmes et des puéricultrices de PMI : au minimum deux visites pendant la grossesse, et au moins quatre jusqu’aux six mois du bébé, avec un temps systématiquement dédié à l’observation des liens centrés sur l’attachement parents-enfants ;
- un dispositif de soutien aux pratiques des professionnels de PMI visant à renforcer leur capacité d’action sur la qualité de la relation parents-enfants : formations, supervisions des intervenants à domicile en lien avec le secteur de pédopsychiatrie, et référentiel proposant un large choix d’activités à mener avec les familles ;
- une évaluation portant notamment sur l’impact des visites à domicile « PANJO » sur le développement du sentiment d’efficacité parentale, la qualité des interactions parents-enfants, la diminution du nombre d’actions engagées en protection de l’enfance.
L’organisme de formation porte également :
- l’appel à projet « 1 000 jours » : construction en cours d’un e-learning pour les sages-femmes ;
- la construction de modules de formation dans le cadre de la formation des 600 000 professionnels (suite au rapport des « 1 000 jours »).
On fera observer que dans la phase d’évaluation, de 2016 à 2019, Santé publique France a signé une convention de recherche et développement avec l’Agence des nouvelles interventions sociales et de santé (ANISS) (voir https://www.laniss.fr/panjo/). De 2020 à 2023, le déploiement doit s’accompagner d’une recherche des modalités de partenariats entre département, agence régionale de santé et Santé publique France (voir Haute Aeilutorité de santé, en lien avec le plan national de santé publique – « Priorité prévention – rester en bonne santé tout au long de sa vie » définissant les axes prioritaires de la stratégie nationale de santé 2018-2022, « Accompagnement personnalisé du retour à domicile après accouchement des mères en situation de vulnérabilité et de leurs nouveau-nés », 2021 ; cette note fixe notamment des critères de vulnérabilité ; voir aussi Chapitre 3, section 1 (sur le dispositif « Prado » CNAM-CNAF).
4. Recherche appliquée : animée par Yael Saada, docteure en psychologie.
La recherche constitue un pilier important dans la mise en œuvre de l’institut. La prévention précoce reste peu développée en France et la recherche est principalement internationale. Les équipes de l’institut sont soucieuses de participer, avec les universités partenaires (Bordeaux, Paris, Nantes, Québec), à l’évolution des pratiques, en entraînant un processus de réflexion sur la clinique de la prévention (O. Leroy-Rivierre, H. El Ouazzani et A. Raynaud, « Evaluation du programme d’accompagnement de la parentalité « Ateliers Parents : la sécurité affective dans la relation parent-enfants », Devenir 2021/1, vol. 33).
Les interactions sont nombreuses entre les acteurs et entre les domaines pour agir en prévention (santé, éducation, solidarités, aide sociale à l’enfance, justice...) : les approches pluridisciplinaires et transversales s’avèrent plus que jamais pertinentes, avec, soulignons-le, des moyens publics qui devront être à la hauteur pour s’engager sur le terrain de la prévention.