A. Non-observance de prescriptions
Comment agir dans les cas où « l’alliance thérapeutique » fait défaut ? Il peut être compliqué d’aider un proche malade à suivre une prescription médicale. Un faisceau de raisons existe : la personne peut ne pas reconnaître qu’elle est malade, avoir intégré des informations erronées ou ne pas les comprendre. Cette situation peut nécessiter l’implication d’un proche aidant pour que soient observées les prescriptions. L’aidant peut rassurer sur la légitimité et lever les doutes en se renseignant auprès de professionnels, d’où l’importance de la complémentarité. La relation de l’aidant avec le médecin ne doit pas être excluante pour la personne malade. Son autonomie et son choix sont primordiaux : il est par principe libre de décider et de refuser des soins et traitements.
Lire « Refus de soins », par Lisiane Fricotté, Numéro juridique ASH, janv. 2021.
Pour que la prescription ou le traitement soit possible, dans certains cas, il est utile de l’adapter aux habitudes de vie, de faire évoluer le mode de prescription (formes : spray, patch...). L’observance thérapeutique repose sur trois facteurs : bien comprendre, bien connaître, adhérer (voir en ce sens, Anesm, « Recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Le soutien des aidants non-professionnels », précité, p. 87).
B. Les devoirs du médecin : loyauté et secret médical
Engager un dialogue avec le médecin et communiquer des informations pertinentes est une dimension importante de la relation aidant-aidé, les proches aidants ayant souvent des observations pertinentes à communiquer au médecin. Le médecin, quant à lui, a deux impératifs : la loyauté envers le patient et le secret médical. La loyauté du médecin s’exerce vis-à-vis du patient. Il peut entendre ce que le proche aidant exprime mais en faisant la distinction entre ce que ressent ou pense le malade.
LA LOYAUTÉ ET LE SECRET MÉDICAL
La loyauté du médecin s’applique en toutes circonstances. Lorsqu’il est amené à parler de son patient ou à le représenter devant des autorités de contrôle (type expertise ou médecin de caisse), il défend les intérêts de son patient. Et si un aidant et un aidé ont un médecin en commun, le médecin préserve la loyauté qui l’unit à chacun de ses patients.
Exemple
Voir B. Beauchamp, médecin spécialisé en médecine générale, revue Aider, avr. 2018, n° 4, p. 101.
Lors d’une visite au domicile d’un patient atteint d’un cancer en stade terminale, son épouse s’approche de moi et me confie : « Je sais bien qu’il n’en a plus pour longtemps, docteur, mais surtout, ne le lui dites pas, car il garde espoir que son mal soit curable. » Dix minutes plus tard, dans la chambre close du mari, celui-ci me confie : « Je sais bien que je suis foutu, mais ne dites rien à ma femme, elle ne le supporterait pas. » Dans ce cas, le secret médical, comme la loyauté que je dois à mon patient, m’autorisent à lui dire : « Je pense que votre épouse est parfaitement au courant de ce qui vous attend et vous devriez en parler avec elle, cela ne peut que la soulager. » En revanche, le secret médical ne m’autorise pas à dire à son épouse : « Votre mari est parfaitement au courant de ce qu’il a, vous devriez en parler avec lui, cela pourrait vous aider tous les deux. » Si ce patient ne désire pas dire à son épouse qu’il connaît la gravité de son état, c’est son droit et je dois respecter sa volonté, pas forcément celle de son épouse.
CONCILIATION AVEC LA PLACE DE L’AIDANT
L’aidant, proche ou professionnel, dispose d’une connaissance de l’aidé qui est différente de celle que le médecin peut avoir. À titre d’exemple, une simple phrase comme : « Il n’est pas comme d’habitude, je ne saurais vous dire pourquoi, mais je suis un peu inquiet » devrait en principe immédiatement alerter le soignant et lui faire rechercher « ce qui peut bien clocher » et qu’il n’a pas su voir.