Du constat de la baisse des personnes accédant aux diplômes d’aide-soignant et d’accompagnant éducatif et social figurant dans le rapport « El Khomri » (oct. 2019, infra) aux difficultés maintes fois constatées de recrutement, quelques initiatives ont été amorcées.
Note : À consulter également L. Yankan, « Le nombre d’étudiants se destinant à l’accompagnement éducatif et social diminue depuis 2010 », Drees, Études et résultats, n° 1145, févr. 2020.
A. Un plan d’augmentation des places dans les formations sanitaires et sociales
D’ici 2022, 16 000 professionnels supplémentaires seraient formés (Communiqué commun du gouvernement et de Régions de France, 4 mars 2021). Le déploiement de ce plan vise à répondre « aux tensions récurrentes en matière de ressources humaines qui affectent les établissements de santé, les établissements médico-sociaux et les services d’aide à domicile dans tous les territoires sans exception ». Les métiers d’infirmier, d’aide-soignant et d’accompagnant éducatif et social sont concernés.
Selon le communiqué, il s’agit de « promouvoir l’innovation dans l’offre de formation en mobilisant tous les leviers disponibles ». De même que « fluidifier les parcours, bâtir des passerelles pour des accès directs en deuxième année d’institut de formation en soins infirmiers, créer des formations en soins infirmiers dans les universités, simplifier l’organisation des stages, développer la validation des acquis de l’expérience, ou encore consolider les dispositifs d’orientation vers les formations d’aides-soignants et d’accompagnants éducatifs et sociaux ».
Reste à voir comment les termes utilisés – « simplifier », « fluidifier », « parcours », « passerelles » –, souvent entendus dans le domaine de l’aidance (sur l’éducation et la santé, voir supra, Chapitre 2) se concrétiseront, avec les réalités du terrain (voir aussi la mission « Laforcade », infra).
Agir sur l’intégration des nouvelles personnes recrutées
Partant du constat fait au sein des établissements et services sociaux et médico-sociaux, de la proportion importante d’entrées et de sorties, des initiatives voient le jour (ASH 5 mars 2021).
Le manque d’attractivité, combiné avec des conventions collectives qui n’ont pas évolué et des pratiques de ressources humaines à questionner, est la raison avancée pour expliquer ce turn-over.
Pour tenter d’y remédier, des parrainages, des journées d’accueil et des pratiques de parrainages ou tutorat se mettent en place.
Dans le cadre d’un programme de modernisation mené avec la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA) développe un projet spécifique sur ce sujet : échanges des professionnels sur leurs pratiques, diffusion d’outils, comme des livrets d’accueil et d’intégration, kits d’accompagnement au tutorat ou évaluation des salariés à la fin de la période d’essai.
Des expérimentations montrent que les réponses sont souvent à chercher auprès des salariés déjà en place, avec le parrainage qui donne du sens au travail. Par exemple, appliquée dans une association de services d’aide à la personne à domicile, cette pratique vise à rompre l’isolement professionnel et à faire comprendre le caractère collectif du travail : à commencer par l’accueil de la personne nouvelle, avec une journée réservée à celui-ci (sans être immédiatement mise sur son poste), accompagnement de collègues pour aller rencontrer des bénéficiaires...
La difficulté est de faire durer dans le temps et quotidiennement l’action, d’autant que le travail s’effectue à flux tendu (et/ou si une partie des personnes a des rythmes différents en horaires décalés).
Le niveau de formalisation peut être variable. Parmi les éléments retenus dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) : un système d’évaluation des salariés, dans lequel l’accueil des arrivants est intégré aux critères de performance.
Note : O. Ramondou, « Le dispositif d’intégration des nouveaux salariés a-t-il une incidence sur la qualité de prise en charge des résidents en Ehpad ? », Mémoire de fin d’études, Université de Lille 2, 2018.