A. Les alternatives à l’hospitalisation
De telles alternatives ont pour objet d’éviter une hospitalisation à temps complet ou d’en diminuer la durée. Les prestations ainsi dispensées se distinguent de celles qui sont délivrées lors de consultations ou de visites à domicile (CSP, art. R. 6121-4).
L’hospitalisation à domicile (HAD) doit s’inscrire dans un projet thérapeutique clinique et psychosocial, impliquant un contrôle médical régulier et des soins quotidiens.
Les structures d’aide à domicile assurent également des missions spécifiques de coordination (intervenants de spécialités différentes, intervenants internes et externes à la structure : infirmières, rééducateurs, assistants sociaux, psychologues, diététiciennes...) et s’inscrivent souvent en complément d’autres structures, telles que les services de soins à domicile (voir supra, Chapitre 1).
L’hospitalisation à domicile vise des personnes qui ont besoin de continuité des soins et d’une équipe de coordination pluridisciplinaire et médicalisée : la présence d’un médecin coordonnateur en HAD est nécessaire.
Une circulaire du 1er décembre 2006 indique : « L’accompagnement psychosocial durant l’hospitalisation à domicile est souvent nécessaire et parfois essentiel aussi bien auprès du malade que de sa famille et des aidants, tout particulièrement pour éviter l’épuisement de ses derniers et la ré-hospitalisation des malades. Dans les structures d’une certaine taille, un psychologue est souvent intégré à l’équipe. Celle-ci peut aussi faire appel à un psychologue extérieur rémunéré à la prestation. Enfin, des conventions de mise à disposition peuvent être passées avec les services où sont hospitalisés le plus souvent les patients, s’ils disposent d’un psychologue. Cette solution a l’avantage d’assurer une continuité dans le suivi du patient. »
B. Évaluation, installation, préservation de la vie familiale et sociale
En cas d’hospitalisation à domicile, le lieu est investi par le matériel médical et le passage des soignants. Comment préserver un territoire familial ?
CAS DE FIGURE À TITRE INDICATIF
Source : revue Aider, n° 4, p. 106, avril 2018.
Soins médicaux et paramédicaux : assistance respiratoire lourde, chimiothérapie, soins palliatifs.
Ou meilleur suivi médical d’une personne en perte d’autonomie ou à la demande d’une famille épuisée par des allers-retours entre le domicile et l’hôpital.
L’accord est nécessaire. L’hospitalisation à domicile intervient partout sur tout le territoire, quel que soit le lieu de vie, pour autant que la personne et la ou les personnes qui vivent avec elle soient d’accord.
Préalable indispensable : l’évaluation par l’infirmier coordinateur. En fonction de l’intérieur et de la prescription médicale, il répertorie le matériel indispensable et les intervenants nécessaires à la prise en charge. Les proches sont interrogés sur la manière dont s’effectuait la prise en charge avant l’hospitalisation et sur des aspects intimes (habitudes de la personne et de la famille).
Double facette : soulagement et invasion du lieu de vie par la sphère médicale nécessitant d’examiner un aménagement de la maison.
Installation de l’HAD : le logement se transforme en hôpital : lit médicalisé, matelas anti-escarres, table à roulettes, bassins, lève-personne, et plus généralement réaménagement de l’espace.
Préservation du territoire intime :
- organiser l’espace pour que la personne se sente le plus autonome possible ; éviter les marches (risque de chute) ; installation au rez-de-chaussée ; accès à une douche italienne ;
- contenir le matériel nécessaire à l’HAD dans un espace dédié ;
- choix des lumières, des couleurs et neutraliser l’odeur de l’hôpital ;
- préserver la vie conjugale et familiale : le lit médicalisé dans la chambre introduit la maladie ou la vulnérabilité dans l’intimité. Le proche aidant réalise que le corps de l’autre est devenu fragile.
Au lieu du lit médical, voir les possibilités de lits électriques.
Autre élément essentiel : le proche aidant ne doit pas se transformer en auxiliaire de vie. La toilette est déléguée à l’auxiliaire de vie.
Pour les moments d’échange hors maladie, partager les repas en tête à tête, sans évoquer quelconque problème de santé ; s’accorder une promenade à l’extérieur.
Pour le territoire familial, s’il y a des enfants, communiquer avec eux ; leur expliquer ce qui se passe ; maintenir une routine ; les faire participer à la prise en charge du parent malade.
Conserver une vie sociale : inviter à la maison ; idée du cahier de vie, qui recense ce qui a été fait pour la personne malade, ce qui reste à faire.
Définir des jours de visite, si besoin (la vie sociale peut devenir envahissante quand le cadre hospitalier n’est plus là).
C. Soins psychiatriques à domicile
Dispositif expérimental de soins psychiatriques de particulière intensité à domicile (contexte de la mise en place et évaluation).
Selon l’agence régionale de santé, « le dispositif de soins psychiatriques de particulière intensité à domicile apparaît comme une nouvelle modalité des soins sans hébergement au plus proche de l’environnement sociétal de la personne, en coordination avec l’ensemble des acteurs autour de la personne. Il vise à proposer, lorsque c’est possible, une alternative à une hospitalisation à temps complet lors d’un épisode de la maladie psychiatrique nécessitant des soins hospitaliers de particulière intensité (en référence à la circulaire n° DHOS/03/2006/506 du 1er décembre 2006 relative à l’hospitalisation à domicile). »
EN CAS D’HOSPITALISATION DE L’AIDANT
Il est possible de mobiliser des dispositifs en cas d’hospitalisation de l’aidant : accueil temporaire, augmentation du nombre d’heures à domicile.
Le temps de répit devra inclure le temps éventuel de convalescence.
À noter que pour l’aidant, certains contrats complémentaires santé prévoient des accompagnements lors du retour de l’hospitalisation. Il existe également des aides au retour après hospitalisation sous conditions de ressources, et pour une durée de trois mois au maximum (s’informer auprès des caisses de retraite, si l’aidant est retraité).
D. Résidences autonomie et résidences services : quelles différences ?
Dans les deux cas, il s’agit de lieux s’adressant à des personnes âgées autonomes.
Les gestionnaires sont principalement publics ou associatifs pour les résidences autonomie et privés commerciaux pour les résidences services. Les résidences autonomie sont encadrées par la réglementation médico-sociale.
Note : En résidence autonomie, sur les signes qui doivent alerter sur la santé des aidants, voir infra, chapitre 4.
Les résidences autonomie ont une vocation sociale. Les résidents peuvent y bénéficier de l’aide sociale à l’hébergement (ASH) si leurs revenus sont inférieurs au montant de la facture mensuelle, à la condition que la résidence autonomie soit habilitée à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale. Voir supra, Chapitre 1.