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DÉVELOPPEMENT DE LA NOTION DE « PAIR-AIDANCE »

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La pair-aidance s’est principalement développée dans le champ de la santé mentale et du handicap. Elle s’élargit maintenant au secteur de l’accueil, de l’hébergement et de l’insertion (Plan quinquennal pour le logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme – 2018-2022 : 35 mesures dont l’objectif de « développer les pratiques de pair-aidance et la reconnaissance des savoirs d’expérience au sein des structures et des équipes d’accompagnement »).
L’articulation des savoirs techniques, académiques et expérientiels ressort de la définition même du travail social, telle qu’elle s’inscrit dans le code de l’action sociale et des familles, depuis le décret n° 2017-877 du 6 mai 2017 (CASF, art. D. 142-1-1) : « Le travail social vise à permettre l’accès des personnes à l’ensemble des droits fondamentaux, à faciliter leur inclusion sociale et à exercer une pleine citoyenneté. Dans un but d’émancipation, d’accès à l’autonomie, de protection et de participation des personnes, le travail social contribue à promouvoir, par des approches individuelles et collectives, le changement social, le développement social et la cohésion de la société. Il participe au développement des capacités des personnes à agir pour elles-mêmes et dans leur environnement. À cette fin, le travail social regroupe un ensemble de pratiques professionnelles qui s’inscrit dans un champ pluridisciplinaire et interdisciplinaire. Il s’appuie sur des principes éthiques et déontologiques, sur des savoirs universitaires en sciences sociales et humaines, sur les savoirs pratiques et théoriques des professionnels du travail social et les savoirs issus de l’expérience des personnes bénéficiant d’un accompagnement social, celles-ci étant associées à la construction des réponses à leurs besoins. Il se fonde sur la relation entre le professionnel du travail social et la personne accompagnée, dans le respect de la dignité de cette dernière. Le travail social s’exerce dans le cadre des principes de solidarité, de justice sociale et prend en considération la diversité des personnes bénéficiant d’un accompagnement social. »
Les personnes qui aident peuvent avoir plusieurs noms : pair-aidant, pair-émulateur, travailleur-pair, médiateur-pair, formateur-pair, expert d’usage ou expert du vécu. Si chaque terme contient des nuances et renvoie à des pratiques différentes, il y a toujours le principe d’un transfert d’expériences entre des personnes ayant un vécu semblable, comparable et l’idée de sortir d’un schéma d’assistance.
Note : Des éléments de définition sont donnés dans le document « Développer le travail pair dans le champ de la veille sociale, de l’hébergement et du logement », établi par la Fédération des acteurs de la solidarité et la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement. Des témoignages sont également rapportés.
La pair-aidance peut prendre différentes formes et concerne tous les sujets : la vie quotidienne, la vie personnelle, la vie sociale, le travail, le logement, les déplacements, l’accessibilité.
Encore faut-il que ces savoirs se reconnaissent mutuellement, dans leur légitimité. Ce qui constitue encore une des difficultés dans le développement de la pair-aidance. D’où l’importance pour chacun – aidant et aidé – de comprendre et trouver sa place.
Au sein d’un établissement ou d’un service sanitaire, social et médico-social, la pair-aidance peut s’envisager :
  • entre personnes accompagnées ayant un même handicap ;
  • entre personnes ayant un handicap différent mais des points communs en termes de parcours de vie et d’aspirations ;
  • en mobilisant un pair-aidant extérieur à la structure, qui peut être bénévole, salarié ou rémunéré en tant que prestataire.


A. Point de vue des établissements

Élaboré de manière partenariale, un guide repère a été diffusé en 2019 par la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires (Fehap) (Fehap, « La pair-aidance dans les établissements et services accompagnant des personnes en situation de handicap », décembre 2019).
Selon la Fehap, « la pair-aidance fait partie des leviers qui contribuent à faciliter, pour les personnes en situation de handicap, le pouvoir d’agir sur leur propre vie et leur montée en autonomie. Le développement de la pair-aidance s’inscrit ainsi dans la lignée de la démarche “Une réponse accompagnée pour tous” et du plaidoyer “Associons nos savoirs”, en faveur de la participation des personnes accompagnées, des aidants et des patients à la formation initiale et continue des professionnels de santé, du secteur social et médico-social. »
La dynamique d’accompagnement et de soutien par les pairs permet de valoriser l’expertise des personnes concernées par un handicap, leurs familles ou les associations qui les représentent (qui sont souvent en appui à côté des professionnels, pour faciliter une réponse la plus adaptée possible au projet de l’enfant ou de l’adulte). Il s’agit donc de former des personnes vivant avec un handicap afin qu’elles puissent être présentes dans les formations des professionnels, dans les établissements et les services médico-sociaux, mettre en place une dynamique de médiation ou de coaching par les pairs (personnes handicapées ou proches aidants), renforcer l’information et la consultation des associations représentatives (au plan local, régional ou national).


B. Points de vigilance

Afin de cerner ce que ne doit pas être la pair-aidance, les missions du pair-aidant peuvent être déclinées de la façon suivante :
  • la pair-aidance se distingue de l’entraide spontanée que tout un chacun peut mettre en œuvre (exemple : aider une personne âgée à porter ses courses) ;
  • la pair-aidance s’inscrit dans une relation de parité, sur un pied d’égalité, sans rapports asymétriques entre les deux pairs ;
  • la pair-aidance n’est pas une démarche de recueil de témoignages ; une large place doit être laissée aux interactions entre pairs ;
  • le pair-aidant n’a pas la même mission qu’un représentant des usagers (au conseil de la vie sociale dans l’établissement médico-social ou dans la commission des usagers dans l’établissement de santé) ;
  • le pair-aidant ne remplace pas les professionnels de l’accompagnement ;
  • le contexte de moyens constants ne doit pas amener le pair-aidant à réaliser des activités d’accompagnement des personnes relevant des missions « habituelles » des professionnels.
Dans le champ du handicap psychique, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), dont les principes mêmes de fonctionnement reposent sur la pair-aidance, organise régulièrement des opérations de sensibilisation et des formations contribuant à la mise en commun des savoirs et à la co-construction des réponses à apporter. Cette dimension d’accompagnement permet d’aider les participants à comprendre la maladie, les traitements, les effets, d’apprendre aux aidants à réagir face à des situations de crise.
En ce sens, un document nommé « plan de crise conjoint » peut être élaboré par des soignants, des personnes souffrant de troubles psychiatriques et si possible leurs proches (Unafam, 21 juill. 2020, et entretien avec Unafam 33) (voir infra, Chapitre 2).


C. Impacts sur la vie citoyenne

Outre la mobilisation de l’expertise d’usage, un autre axe est mis en avant et concerne la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap en engageant des initiatives pour soutenir l’effectivité et la qualité de la participation des personnes en situation de handicap dans les différentes instances de participation (conseil de la vie sociale, notamment).
Le Groupement français des personnes handicapées (GFPH) revendique la « participation effective des personnes en situation de handicap à la mise en œuvre des politiques qui les concernent », notamment via la pair-émulation.


D. Impacts sur la formation

La pair-aidance impacte les types de formations proposées : de la formation verticale donnée par un professionnel, nécessaire et utile, vers des types de formations abordant plus directement et en confiance des questionnements personnels et ainsi évoluer vers un environnement familial pouvant favoriser l’autonomie dont la personne aidée est capable.
Pour les pair-aidants extérieurs, il est possible de s’appuyer sur des personnes ayant bénéficié de l’une des formations suivantes :
  • licence « médiateur de santé pair » à l’université Paris 13 ;
  • diplôme universitaire « personnes expertes en situation de handicap » à l’université Paris Diderot ;
  • formation « RePairs Aidants » chez APF France Handicap.

SECTION 2 - DÉFINIR LES DIFFÉRENTES FORMES D’AIDE ET D’ACCOMPAGNEMENT

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