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Introduction

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Entretien avec Marie-José Enders, Présidente de l’IAHAIO, (International Association for Human-Animal Interaction Organizations).
Marie-José Enders a commencé à étudier la psychologie à 40 ans. Elle a mené à bien un doctorat consacré à la qualité de vie des personnes âgées, étudiant notamment comment chiens et chats peuvent contribuer à améliorer cette qualité de vie. Depuis 2013, elle est professeur d’anthrozoologie à la Faculté de Psychologie et Sciences de l’Éducation à l’Open University de Heerlen aux Pays-Bas. Elle tient une chaire consacrée à la médiation animale auprès de personnes vulnérables, aux interactions entre les hommes et les animaux et aux liens entre les violences domestiques et les mauvais traitements infligés aux animaux.
Quelle est, à votre connaissance, la situation de la médiation animale dans le monde aujourd’hui ?
On remarque que les actions de médiation animale sont en nette augmentation partout dans le monde. Bien sûr, certains pays sont plus avancés que d’autres sur la question. Les États-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas sont particulièrement en pointe. Les pays de l’Est comme l’Ukraine, la Serbie, la Pologne ou la Russie manifestent eux aussi beaucoup d’intérêt pour la médiation animale et ont mis en place des organisations professionnelles qui favorisent son développement. En Asie, au Canada ou en Australie, les pratiques de médiation animale sont en expansion mais ces pays partent de plus loin et le chemin sera un peu plus long...
Comment s’expliquent les disparités d’un pays à l’autre ?
Ces disparités s’expliquent en grande partie par des facteurs culturels. L’attitude des hommes envers les animaux diffère et a toujours différé selon les pays. Partout aujourd’hui, on observe que les animaux sont mieux traités, plus respectés. Même en Asie où, traditionnellement, on mange du chien, on constate que cette habitude tend à disparaître. C’est un processus lent mais, je pense, irréversible. Et le fait que les animaux soient impliqués dans des actions de médiation animale, qu’ils apportent des bienfaits à l’homme et prouvent ainsi leur utilité, contribue beaucoup à changer leur statut et leur image. En fonction du pays et de son stade de maturité sur cette question, l’IAHAIO adapte ses objectifs.
Quelles sont à votre avis les grandes priorités du moment ?
La médiation animale est à la mode et suscite de plus en plus d’intérêt partout dans le monde. Et, évidemment, elle est parfois pratiquée par des gens qui n’ont pas reçu de formation adéquate et risquent de faire n’importe quoi. Il est important d’agir et de se battre pour imposer des règles, des normes et des bonnes pratiques. Il en va du bien-être de l’humain comme de celui de l’animal. Il est important aussi de développer la recherche et de diffuser les résultats obtenus. La médiation animale est pratiquée sur le terrain par de nombreux intervenants et elle commence à intéresser le monde universitaire. Chacun a des choses à apprendre à l’autre et de l’autre. Faisons en sorte que recherche et pratique interagissent mieux, c’est de cette façon que nous progresserons.
Nous devons encourager la transparence, pour que chacun partage son expérience, explique ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Si chaque intervenant reste dans son coin, ceux qui travaillent bien risquent de souffrir à cause de ceux qui ne travaillent pas bien.
Tout est tellement nouveau ! Il y a encore tant à faire ! Au début, personne ne croyait que ça marcherait, qu’il y aurait autant d’effets positifs sur l’homme. On n’osait pas en parler... Mais le moment est venu, le moment est venu d’être transparent et de partager toutes les connaissances accumulées.
La médiation animale entre dans son âge adulte. Elle doit mieux s’organiser et se structurer. Il revient aux États de veiller à ce que cela soit fait dans les règles de l’art.
Quels sont les facteurs qui peuvent freiner le développement de la médiation animale ?
La question financière est naturellement cruciale. Il est essentiel de comprendre que les actions de médiation animale sont pratiquées par des thérapeutes professionnels (médecins, psychologues, kinésithérapeutes, etc.). Il est ridicule que leurs actes ne soient pas – ou mal – remboursés. Comme la thérapie par la musique, ou le sport, ou la nature, la médiation animale aide l’homme à aller mieux, à surmonter des problèmes, à alléger ses souffrances. La collectivité doit, d’une manière ou d’une autre, contribuer à prendre en charge le coût de ces actions. Les gouvernements, la sécurité sociale, les systèmes d’assurance doivent être sensibilisés et convaincus. Nous devons intensifier les recherches, diffuser les preuves, encourager les bonnes pratiques, ouvrir de nouveaux champs d’expérimentation, partager nos connaissances, installer durablement la médiation animale dans le paysage thérapeutique.
INTERNATIONAL ASSOCIATION FOR HUMAN-ANIMAL INTERACTION ORGANIZATIONS (IAHAIO)
L’IAHAIO est née en 1992 de la volonté d’organisations nationales traitant de la relation entre l’homme et l’animal de donner un cadre plus formel aux différents rendez-vous internationaux qui les rassemblaient depuis 1977, avec aussi pour objectif d’apporter une contribution décisive au niveau international pour la compréhension de la relation entre l’homme et l’animal (HAI). Cette mission s’accomplit dans deux domaines, celui de la relation Homme/Animal et celui des interventions assistées par l’animal, à travers :
▸ la promotion de la recherche, l’éducation et le développement des pratiques
▸ l’action collaborative entre ses membres (forums d’idées et d’informations, partages d’expérience)
▸ la sensibilisation des décideurs politiques aux niveaux national et international sur ces domaines.
Quelle est la situation aux Pays-Bas, votre pays ?
Aux Pays-Bas, la médiation animale est un sujet étudié sérieusement. De nombreux étudiants font un doctorat sur la médiation animale ou sur les relations homme/animal. Nous avons le soutien affiché du gouvernement et du ministère de la Santé. De gros efforts sont faits pour professionnaliser le secteur. Dans quelques semaines, nous allons ouvrir un registre national de qualité qui devrait, à terme, répertorier tous ceux qui travaillent dans le domaine de la médiation animale : ceux qui dispensent les formations et ceux qui interviennent avec des animaux. Nous allons convaincre tous les acteurs de la médiation animale que leur intérêt est de se faire accréditer sur ce registre : nous évaluerons leur niveau, étudierons leur cursus et conseillerons si besoin des formations ou actions complémentaires, en suivant les règles et recommandations de l’IAHAIO et de l’ISAAT/ESAAT. Le but ultime est naturellement de mieux organiser la profession et d’augmenter la qualité générale des intervenants en médiation animale. Tout le monde en sortira gagnant.
Ce registre, qui est le produit de nombreuses années de travail et de concertation des acteurs de terrain et de l’administration, est très attendu. Ce sera le moyen pour les intervenants sérieux et engagés de se distinguer des autres et de faire valoir leur compétence. Et les organismes ou institutions qui souhaitent monter un projet de médiation animale trouveront les bonnes informations et sauront à qui s’adresser.
Y a-t-il aux Pays-Bas des actions de médiation animale particulièrement remarquables ?
Comme dans d’autres pays, nous avons des programmes de médiation animale très variés qui fonctionnent plutôt bien, partout dans le pays, en ville comme à la campagne. Nous faisons beaucoup intervenir les animaux auprès d’enfants autistes ou atteints de trisomie 21, avec des jardins ou des fermes pédagogiques. Les résultats obtenus sont étonnants. Nous avons aussi mis en place des programmes formidables destinés spécifiquement aux enfants ayant été abusés et qui sont placés au secret dans des refuges. Une expérience originale a vu le jour à Amsterdam : des personnes âgées s’occupent de chiens ou chats appartenant à de jeunes actifs, pendant les heures de bureau. Les animaux ne restent pas seuls, les personnes âgées se rendent utiles et les jeunes savent que leur animal est entre de bonnes mains quand ils ne peuvent pas s’en occuper. Tout le monde est gagnant et en plus, cela crée du lien entre les générations ! Depuis quelques années, nous faisons souvent intervenir des chiens en prison. Nous avons également plusieurs programmes impliquant des chevaux et des coaches pour apprendre ou réapprendre la communication et améliorer la relation aux autres...

SECTION 1 - LA MÉDIATION ANIMALE EST EN EXPANSION PARTOUT DANS LE MONDE

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