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Introduction

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Les fermes pédagogiques, qui sont en plein essor sur le territoire français, sont le lieu idéal et évident où pratiquer la médiation animale au sens le plus large. On y retrouve naturellement les animaux vedettes dont nous avons parlé plus haut (le chien, le cheval, l’âne) mais bien d’autres encore.
Qu’est-ce qu’une ferme pédagogique ? D’après une circulaire interministérielle publiée le 5 avril 2001 une ferme pédagogique est une « structure présentant des animaux d’élevage et/ou des cultures, qui accueille régulièrement, dans un but pédagogique, des enfants et des jeunes dans le cadre scolaire ou extra-scolaire ainsi que d’autres publics, et qui souhaite développer cette activité. »
On distingue traditionnellement deux grandes catégories de fermes pédagogiques. On a d’une part des fermes d’animation en milieu urbain ou péri-urbain, sans réelles activités agricoles ; et d’autre part les exploitations agricoles ouvertes au public.
LA PROFESSION VÉTÉRINAIRE DOIT DAVANTAGE S’IMPLIQUER DANS LES ACTIVITÉS DE MÉDIATION ANIMALE
Le Dr Claire Peyroutet-Philippe est vétérinaire. Elle a commencé à s’intéresser à la médiation animale à l’occasion de sa thèse, soutenue en 2014. Elle a étudié l’apport des activités assistées par l’animal (AAA) dans la prise en charge des enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA) en structures médicosociales.
« En tant que vétérinaire, ce qui m’a frappée était la faible présence de la profession vétérinaire sur le terrain. Certains s’investissent mais ils sont trop peu nombreux. Pourtant, les vétérinaires, notamment ceux spécialisés dans le comportement, pourraient être des interlocuteurs privilégiés pour accompagner les structures médico-sociales dans le développement d’activités de médiation animale. Autre motif très important à l’investissement des vétérinaires, c’est la garantie du bien-être animal. Si la priorité est bien sûr le bien-être des enfants, assuré par les professionnels du secteur médico-social, le bien-être de l’animal doit aussi faire l’objet de toutes les attentions. Forte de ce constat, j’ai à cœur de travailler à une plus forte implication de la profession vétérinaire dans le secteur de la médiation animale, dont l’avenir est prometteur. Il me semblerait positif que les spécialistes de l’animal qu’ils sont s’allient avec les spécialistes des troubles du spectre autistique (TSA) pour optimiser les bénéfices des activités de médiation animale dans un souci conjoint de respect du bien-être de l’enfant et de l’animal. Un signal prometteur : de plus en plus d’étudiants de médecine vétérinaire s’emparent du sujet de la médiation animale pour leur thèse de doctorat. »


A. Sensibiliser les plus jeunes

Ces fermes pédagogiques ont d’abord et avant tout pour but de sensibiliser les plus jeunes au monde de la campagne – le besoin s’en fait d’autant plus sentir que l’urbanisation galopante du pays a entraîné une rupture du lien avec la nature. Immergés quelque temps dans un milieu qu’ils connaissent mal, les enfants découvrent les animaux, apprennent à les observer, étudient la diversité du vivant. Ce faisant, ils acquièrent aussi quelques grands principes : respect de la vie, protection de l’environnement, compréhension du milieu rural et de son importance.
Les fermes pédagogiques agissent également sur les enfants à un autre niveau. En effet, le contact avec les animaux a des effets bénéfiques incontestables sur le développement psychique des petits et leur capacité à gérer leurs émotions.


B. Des effets bénéfiques pour les personnes en difficulté

Les fermes pédagogiques, enfin, sont des lieux d’accueil particulièrement indiqués pour les publics en difficulté : personnes handicapées ou en rupture sociale. De fait, nombre d’établissements médico-éducatifs en France travaillent en relation avec des fermes proches ou ont intégré en leur sein une ferme pédagogique, ce qui leur permet de mettre en œuvre des actions de médiation animale.
En 1994, on comptait environ 350 fermes pédagogiques en France, il y en avait plus de 1 400 en 2007 et leur nombre ne cesse d’augmenter. La plupart sont affiliées à des réseaux nationaux ou régionaux (Bienvenue à la ferme, Groupement international des fermes d’animation éducatives, Accueil paysan, Graines de savoirs...).


C. Prendre soin des animaux

Bien entendu, afin de remplir au mieux leurs différentes missions, les fermes pédagogiques se doivent d’être irréprochables sur le plan de l’hygiène et du soin apporté aux animaux. Elles doivent notamment veiller à ce que tous les animaux soient vaccinés et déparasités régulièrement, l’idéal étant de mettre en place une fiche de suivi pour chaque animal. Et contrairement aux élevages classiques où l’on regarde prioritairement les performances de production, la ferme pédagogique tiendra compte d’autres critères qui pourront le cas échéant mener à l’exclusion de certaines bêtes : le caractère, l’état sanitaire, l’âge qui peut être à l’origine de douleurs chroniques ou de la perte de certains sens entraînant des réactions agressives. Les bâtiments et l’espace laissé aux animaux doivent respecter la règlementation en vigueur et favoriser le bien-être des animaux et la sécurité des enfants. À ce propos, signalons que les fermes pédagogiques doivent respecter les mêmes règles que les fermes de production ; ce qui n’est pas toujours très adapté ni très pertinent. Elles ont en effet des contraintes et un mode de fonctionnement très différents et mériteraient d’avoir un statut à part, avec une règlementation assouplie.
Enfin, tout doit être mis en œuvre pour lutter contre les zoonoses (maladies infectieuses transmissibles naturellement des animaux vertébrés à l’Homme et inversement). Une analyse plus détaillée de ces différents points se trouve dans la thèse sur les fermes pédagogiques menée par Mélanie Martin-Teyssère pour l’École Nationale Vétérinaire de Lyon (1).


BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX ! LES RECOMMANDATIONS DE L’INTERNATIONAL ASSOCIATION OF HUMAN-ANIMAL INTERACTION ORGANIZATIONS (IAHAIO)

Les IAA et AAA ne doivent être menées qu’avec des animaux qui sont en bonne santé, solides à la fois physiquement et émotionnellement et qui prennent plaisir à ce type d’activité. Les professionnels sont tenus responsables du bien-être des animaux avec lesquels ils travaillent. Les professionnels pratiquant les IAA et les AAA doivent prendre en considération la sécurité et le bien-être de tous les participants. Les professionnels doivent être conscients que l’animal qui participe à ces activités, indépendamment de l’espèce, n’est pas simplement un outil, mais un être vivant. Ci-dessous sont décrites les meilleures pratiques pour les animaux impliqués dans les IAA et les AAA, ceci concerne aussi les chiens d’assistance et de service.
▸ Seuls les animaux domestiques peuvent être impliqués dans les interventions et les activités. Les animaux domestiques (ex : chiens, chats, chevaux, animaux de ferme, cochons d’Inde, rats, poissons, oiseaux) sont les animaux les plus adaptés pour les interactions sociales avec les humains. Cependant, il est important de noter que, bien que de nombreuses espèces de poissons en aquarium soient considérées comme des animaux de compagnie dans les institutions, peu sont adaptés pour les interactions sociales. Les oiseaux et les poissons ne doivent pas être capturés dans la nature, mais issus d’élevage. Les animaux domestiques doivent être bien familiarisés à l’homme et éduqués selon des techniques sans violence, telles que le renforcement positif. Les animaux domestiques doivent être certifiés comme répondant à certains critères par un organisme national ou international.
▸ Tous les animaux, y compris tous ceux qui seraient considérés comme de « bons animaux de compagnie » par leurs propriétaires, ne sont pas de bons candidats pour être inclus dans des IAA ou AAA. Les animaux envisagés pour la participation aux IAA ou AAA doivent être soigneusement évalués par un expert en comportement animal (ex : vétérinaire, comportementaliste). Seuls ceux présentant des dispositions et une éducation adéquate devraient être choisis pour les IAA ou AAA. Des évaluations régulières doivent être effectuées afin de s’assurer que l’animal continue à manifester des dispositions appropriées. Un vétérinaire ou un comportementaliste doit également examiner l’animal choisi avant son implication auprès des bénéficiaires - évaluation de son état de santé, son tempérament et son comportement - et veiller à ce que tous les protocoles appropriés de prévention soient mis en place.
▸ Les intervenants et les professionnels qui travaillent avec des animaux doivent avoir reçu une formation sur les besoins et le bien-être de l’animal, et être capables de détecter les signes d’inconfort et de stress. Les professionnels devraient avoir suivi un cours sur le comportement des animaux en général et sur les interactions homme-animal appropriées selon les particularités des espèces (ex : chevaux, cochons, hamsters, gerbilles).
▸ Les professionnels doivent avoir une compréhension des limites spécifiques à l’animal et les respecter. L’animal participant à des IAA ou AAA ne devrait jamais être impliqué si sa sécurité et son confort risquent d’être mis en péril. Les exemples d’activités et d’exercices de thérapie inappropriés incluent (mais ne sont pas limités à) : habiller l’animal avec des vêtements humains ou des déguisements, l’équiper d’accessoires inconfortables (tout équipement autre que des bandanas, des manteaux pour protéger des intempéries, des chaussons conçus spécifiquement pour les animaux) ou faire effectuer à l’animal des tâches physiquement exigeantes ou stressantes (ex : ramper, se pencher/fléchir dans des positions non naturelles, tirer du matériel lourd) ou des exercices qui nécessiteraient de tels mouvements et postures. L’animal doit être à tout moment sous la surveillance de l’intervenant qui doit veiller à ce que les bénéficiaires ne les malmènent pas par certains comportements (ex : tirer la queue ou les oreilles, chevaucher ou ramper sous l’animal) qui pourraient mettre en danger tant le bénéficiaire que l’animal.
▸ Les professionnels qui sont responsables du bien-être de l’animal lors de l’intervention doivent s’assurer que l’animal est en bonne santé, à l’aise, et bien pris en charge pendant et après les séances (ex : mise à disposition d’eau fraîche, s’assurer que les sols où ils travaillent sont sûrs et adaptés). L’animal ne doit pas être trop sollicité ou surmené, les sessions doivent être limitées dans le temps.
▸ Des soins vétérinaires appropriés doivent être assurés. Tous les animaux participant à des IAA ou AAA doivent être suivis par un vétérinaire lors du processus de sélection et dans la durée. La fréquence de ces contrôles doit être décidée par le vétérinaire en fonction des besoins de chaque animal et du type d’activités dans lequel l’animal est impliqué. Les soins à l’animal doivent être adaptés à l’espèce, qu’il s’agisse de la nourriture spécifique, l’habitat, la température, l’éclairage, un environnement stimulant et toutes autres caractéristiques pertinentes pour faire en sorte que l’animal manifeste un comportement habituel naturel dans la mesure du possible.
▸ Des mesures adéquates doivent être prises pour prévenir les zoonoses. Les professionnels doivent veiller à ce que les animaux soient suivis par un vétérinaire pour des examens de routine au moins une fois par an dans un souci de prévention contre les puces, les parasites, les tiques, la gale et pour le dépistage d’agents pathogènes à l’origine de zoonoses (y compris les streptocoques du groupe A, si nécessaire).
▸ Les professionnels et les intervenants qui travaillent en partenariat avec des animaux visitant ou y résidant dans des institutions (ex : école, hôpital psychiatrique, prison, maison de retraite) doivent avoir une parfaite connaissance de la législation en général et des réglementations spécifiques qui les régissent. Dans le cadre de leurs propres programmes, institutions et professionnels doivent œuvrer pour que les politiques et les procédures prévoient d’assurer une bonne prise en charge des animaux intervenant dans les IAA et les AAA. La constitution d’un comité d’éthique est recommandée. Ce comité doit comprendre des personnes très compétentes concernant le bien-être des animaux (ex : vétérinaire).


(1)
MARTIN-TEYSSERE, Mélanie, Les fermes pédagogiques, thèse vétérinaire, École Nationale Vétérinaire de Lyon (ENVL), 2005

SECTION 4 - L’ESSOR DES FERMES PÉDAGOGIQUES

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