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LA PLATEFORME-GUICHET

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Les définitions juridiques sont diversifiées du fait de plateformes-guichets de nature fort différentes, avec pour chacune des missions adaptées.


A. Première plateforme-guichet (handicap) : MDPH

La MDPH, est un guichet central assure un accueil physique, un accès unique aux droits et prestations, un appui dans l’accès aux dispositifs d’aide, la facilitation des démarches des personnes handicapées et de leur famille, l’instruction (équipe pluridisciplinaire) de l’évaluation des besoins en vue des orientations et des plans de compensation du handicap, le suivi des parcours. Elle est le siège de la CDAPH. Sa dimension institutionnelle (service de 1er rang, décisionnaire) et ses missions ont été décrites dans un Cahier juridique ASH (1), donc non reprises dans les chapitres qui suivent.
▸ Originalité récente : la capacité des MDPH à mobiliser des Groupes Opérationnels de Synthèse (GOS) pour développer des réponses pour des personnes handicapées rencontrant des difficultés pour la mise en œuvre d’une décision de la CDAPH, dans le cadre de « une réponse accompagnée pour tous » (RAPT).
▸ Les MDPH peuvent se développer également à travers des pôles autonomie territoriaux (PAT).


B. Deuxième plateforme-guichet (handicap) : plateforme d’accueil – orientation ciblée



I. CENTRES RESSOURCES AUTISME (CRA)

Pour les CRA (4 centres interrégionaux expérimentaux en 1999, puis généralisation pour chaque région à partir de 2005, avec affinement des missions au fur et à mesure des Plans Autisme successifs (2) et des évaluations de leurs missions), les missions comportent :
  • premier niveau de mission : accueil, écoute, information, conseil et soutien aux familles,
  • deuxième niveau de mission : appui et expertise pour la réalisation de bilans diagnostiques et fonctionnels (éventuellement par des professionnels externes mobilisés dans le cadre d’une convention), puis réalisation des évaluations et des diagnostics. Ce niveau de mission ne comporte pas, ensuite, de fonction de suivi et adaptation du plan de compensation, ou encore de coordination de sa mise en œuvre (sinon une mission de concours apporté à l’équipe pluridisciplinaire de la MDPH, sans contenu plus explicite en termes de coordination),
  • troisième niveau de mission, dans le contexte de l’autisme : diffusion des bonnes pratiques, recherches et savoirs, participation à des études et recherches, soutien de l’évolution des compétences des professionnels et des aidants,
  • quatrième niveau de mission : animation de réseau, dont un conseil d’orientation stratégique.


II. PLATEFORMES D’ORIENTATION ET DE COORDINATION DANS LE CADRE DES PARCOURS DE BILAN ET INTERVENTION PRÉCOCE DES ENFANTS DE MOINS DE 7 ANS PRÉSENTANT DES TROUBLES DU NEURO-DÉVELOPPEMENT)

Ces plateformes sont aussi appelées « plateformes de coordination et d’orientation précoce TSA-TND » (3). 14 sont mises en place en 2019. Leurs missions sont ainsi précisées :
  • premier niveau de mission : appui aux professionnels de première ligne (4),
  • deuxième niveau de mission : accompagnement et interventions pluridisciplinaires auprès des enfants et des familles dans le parcours diagnostique au travers notamment d’un conventionnement avec les structures de lignes 2 du territoire (5),
  • troisième niveau de mission : coordination des professionnels de santé libéraux ayant contractualisé avec la plateforme et accompagnement de la famille mobilisant ces professionnels.


III. DISPOSITIF INTÉGRÉ HANDICAPS RARES

Ce Dispositif (intégré car s’inscrivant dans des structures existantes) avec pilotage de la CNSA, animation par un Groupement national en tête de réseau, 4 Centres nationaux, 13 équipes relais (Cf. page 33), est relié à des missions (dont une part de guichet, une autre de coordination et d’appui aux équipes) :
  • premier niveau de mission : soutien aux familles dans une logique d’aide pour éviter l’errance et l’inadaptation des accompagnements,
  • deuxième niveau de mission : limitation, autant que possible, des ruptures de parcours en ambitionnant de garantir une réponse harmonisée et collective à toute personne en situation de handicap rare, quel que soit son mode d’entrée dans le dispositif de prise en charge et d’accompagnement,
  • troisième niveau de mission : appui aux ressources existantes et à proposer un environnement propice aux dynamiques de décloisonnement des interventions des différents professionnels de l’accompagnement.


C. Troisième plateforme-guichet (personnes âgées) : CLIC



I. CENTRE LOCAL D’INFORMATION ET DE COORDINATION (CLIC)

Ancien dans le paysage, son premier cahier des charges en 2000 (6) le définit comme « guichet unique agissant à travers une coordination » :
▸ Il est un « modèle “guichet unique“ qui rassemble en un seul lieu l’ensemble des missions ou modèles “à têtes de réseau“, qui repose sur des professionnels dont la mission de coordination s’ajoute à leur mission principale, moyennant certains éléments constitutifs intangibles, pour donner cohérence à la mise en place d’un réseau national, connu des usagers, bien identifié, faisant l’objet, à terme, d’un répertoire national décliné par département »,
▸ Il « s’appuie sur un projet de coordination avec : 1. délimitation d’un territoire, appui sur un local, et la pérennité de moyens, 2. Des outils communs (dossier unique, cahier de liaison, grille d’évaluation, rencontres régulières entre les intervenants), 3. Un partenariat ».
Pour sa mission de guichet unique, une nouvelle circulaire de 2001, également avec un cahier des charges portant sur la labélisation des CLIC (7), indique 3 niveaux possibles :
  • premier niveau de mission (label niveau 1) : accueil, écoute, information, conseil et soutien aux familles,
  • deuxième niveau de mission (label niveau 2) : évaluation des besoins et élaboration du plan d’aide personnalisé,
  • troisième niveau de mission (label de niveau 3) : missions de mise en œuvre, de suivi et d’adaptation du plan d’aide personnalisé.


II. STRUCTURES PROCHES, DU GUICHET INTÉGRÉ À LA COORDINATION - APPUI, AVANT L’ARRIVÉE DES DAC

Les MAIA, très proches des CLIC (sans être des structures) sont davantage un mode de coordination et d’appui (avec toutefois une gestion de situations). Appelées initialement Maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer, elles deviennent en 2015 Méthodes d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie. Elles sont définies non comme « guichets uniques », mais comme « guichets intégrés » (coordonnant des lieux d’information, d’analyse et d’orientation existants sans ajout d’une structure nouvelle). Le premier cahier des charges (8) ajoute qu’il ne s’agit pas d’une plateforme (« pas un lieu unique qui regroupe les moyens d’allouer des ressources et de mobiliser les prestataires »). Leurs missions :
  • premier niveau : mode d’organisation partagée entre tous les partenaires chargés de l’information, de l’orientation de la population et de la coordination sur le territoire, permettant de constituer un ensemble coordonné qui doit faciliter le parcours des personnes en perte d’autonomie fonctionnelle et de leurs aidants en évitant les réponses fragmentées,
  • deuxième niveau : développement d’une fonction de gestionnaire de cas à la suite d’un processus de repérage des situations complexes par le guichet intégré, pour en compléter le processus, le gestionnaire utilisant systématiquement un outil d’évaluation multidimensionnelle standardisé dans l’exercice de ses fonctions,
  • troisième niveau dans le cadre de la gestion de cas : élaboration d’un plan de services individualisé dans une démarche globale issue de l’évaluation multidimensionnelle de la situation.
En prolongement, sans qu’il soit question de guichet ou de plateforme, la démarche Parcours des personnes âgées en risque de perte d’autonomie (PAERPA), opérationnelle en 2013 dans 9 territoires, puis déployés dans 19, sur la base un cahier des charges (9) constitue également un soutien à la coordination autour du parcours des personnes :
  • premier niveau : mode de coordination clinique de proximité, sous l’égide du médecin traitant, utilisant une coordination territoriale d’appui (pas de création nouvelle mais utilisation d’un système de coordination et d’intégration existant déjà : guichet intégré MAIA, CLIC, etc.)
  • deuxième niveau : élaboration du volet soins du plan personnalisé de santé (PPS), qui peut être complété, si besoin par un volet « aides » réalisé avec l’aide des professionnels sociaux après recueil du consentement et évaluation de la personne âgée,
  • troisième niveau : mobilisation des acteurs du sanitaire, médico-social et social dans le suivi de la gestion des transitions du parcours de santé de la personne, avec appui sur un système d’informations efficace et sécurisé,
  • quatrième niveau : formation des professionnels.
En prolongement, toujours sans qu’il soit question de guichet, les Plateformes territoriales d’appui (PTA) sont créées depuis 2016 (10) en soutien de l’ensemble des professionnels sanitaires, sociaux et médico-sociaux qui ont besoin de recourir à des compétences complémentaires pour les patients relevant d’un parcours de santé complexe. Elles complètent les coordinations :
  • premier niveau : information et orientation des professionnels vers les ressources sanitaires, sociales et médico-sociales de leurs territoires afin de répondre aux besoins des patients avec toute la réactivité requise,
  • deuxième niveau : appui à l’organisation des parcours complexes, dont organisation des admissions et sorties des établissements et aide à la coordination des interventions des professionnels sanitaires, sociaux et médico-sociaux autour du patient (dont appui aux professionnels de 1er recours et aux équipes hospitalières pour les admissions et des sorties),
  • troisième niveau : soutien aux pratiques et initiatives professionnelles en matière d’organisation et de sécurité des parcours, d’accès aux soins et de coordination, en apportant un appui opérationnel et logistique aux projets des professionnels.


III. DISPOSITIFS D’APPUI ET DE COORDINATION (DAC)

La loi santé de 2019 (11) a officialisé, dans un délai de 3 ans (au plus tard le 26 juillet 2022) le regroupement des CLIC, MAIA, PAERPA et PTA, dans un seul ensemble, le dispositif d’appui à la coordination (DAC). L’intitulé exact : « dispositifs d’appui à la population et aux professionnels pour la coordination des parcours de santé complexes ». Les missions :
  • premier niveau (guichet et suivi de parcours) : réponse globale aux demandes d’appui des professionnels (accueil, analyse de la situation de la personne, orientation et mise en relation, accès aux ressources spécialisées, suivi et accompagnement renforcé des situations, ainsi que planification des prises en charge). Est précisé que cette mission est réalisée en lien avec le médecin traitant, conformément à son rôle en matière de coordination des soins au sens de l’article L. 162-5-3 du code de la sécurité sociale et les autres professionnels concernés,
  • deuxième niveau (coordination) : contribution avec d’autres acteurs et de façon coordonnée à la réponse aux besoins des personnes et de leurs aidants en matière d’accueil, de repérage des situations à risque, d’information, de conseils, d’orientation, de mise en relation et d’accompagnement,
  • troisième niveau (coordination territoriale) : coordination territoriale qui concourt à la structuration des parcours de santé.


D. Quatrième plateforme-guichet : le SIAO

Cette plateforme assure des missions institutionnelles (recensement des places d’hébergement, coordination des personnes et institution, transmission de données d’observation sociale) mais aussi une fonction de guichet, mais sans accueil physique réalisé par le réseau SAO – structures AHI, etc.
Créés par circulaire en 2010 (12), consacrés par la loi en 2014 (13), structurés par décret en 2015 (14), ils pourront évoluer avec la loi ELAN de 2018 (15) (vers la possibilité que les missions des SIAO soient assurées entre plusieurs départements et donc avec la création de SIAO interdépartementaux).
En direction des usagers potentiels :
▸ Gestion du 115 et de sa veille téléphonique,
▸ Réalisation d’une évaluation sociale, médicale et psychique des personnes ou familles (avec garantie d’un traitement équitable) et proposition d’orientations adaptées,
▸ Suivi du parcours des personnes ou familles jusqu’à la stabilisation de leur situation,
▸ Contribution à l’identification des personnes en demande de logement, si besoin avec un accompagnement social.


E. Références juridiques communes pour des plateformes-guichet

Les finalités communes sont basées :
▸ La mise en relation et l’accès à des services ou des prestations adaptées à un temps t,
▸ La recherche d’un parcours sans rupture en direction des réponses à une situation de difficultés (difficultés d’adaptation, perte d’autonomie, exclusion). La modalité d’intervention reconnue sur un plan juridique s’organise ainsi autour d’un triptyque :
▸ Accueil, - information
▸ Évaluation des besoins,
▸ Mise en lien et soutien du lien avec des opérateurs de réponses.
Les différences sont ensuite importantes entre les plateformes-guichets. Le socle accueil est loin d’être acquis, puisqu’une partie de ces dernières ne reçoivent pas de publics, réalisés par d’autres structures engagées en réseau. L’évaluation des besoins reste une base, mais avec également des différences dans les modalités d’application (soit réalisation effective, soit recueil des évaluations faites par d’autres, soit appui pour la réalisation d’évaluation faites par d’autres). L’orientation et la mise en lien avec des réponses est aussi réalisée avec des modalités différentes.
Reste la question du suivi des parcours : sur un plan juridique, elle n’est pas une mission commune à toutes les plateformes-guichet recensées.


(1)
Les droits des personnes handicapées, Cahier juridique N° 2626, ASH, 2009.


(2)
Les missions des CRA sont spécifiées dans la circulaire N° DGAS/DGS/DHOS/3C/2005/124 du 08 mars 2005 relative à la politique de prise en charge des personnes atteintes d’autisme et de troubles envahissants du développement (TED). Tout dernièrement, à la suite du Rapport IGAS 2016 d’évaluation des Centres de ressources autisme en appui de leur évolution, un nouveau cadre (obligeant même les CRA à faire évoluer leur projet pour une nouvelle autorisation) a été énoncé dans le décret n° 2017-815 du 5 mai 2017 relatif aux conditions techniques minimales d’organisation et de fonctionnement des centres de ressources autisme.


(3)
Trouble du spectre de l’autisme, trouble du neuro développement.


(4)
Professionnels de la petite enfance, de l’éducation nationale, de santé intervenant en libéral, en PMI, en structures de type maison pluridisciplinaire de santé.


(5)
Professionnels coordonnés en équipe pluriprofessionnelle spécifiquement formés aux troubles du neuro-développement et aux TSA (services de psychiatrie infanto-juvénile, services de pédiatrie, CAMSP, CMPP, réseaux de soins spécialisés sur le diagnostic et l’évaluation de l’autisme ou praticiens libéraux coordonnées entre eux par un médecin, médecins spécialistes en ORL et ophtalmologie).


(6)
Créés par la Circulaire DAS-RV 2 n° 2000-310 du 6 juin 2000, les CLIC sont reconnus dans leur principe, sur un plan législatif, dans l’article 1er de la loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées et à l’allocation personnalisée d’autonomie, sont ensuite reconnus en 2005 au titre d’ESSMS au 11° du I de l’article L. 312-1 du CASF (loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales).


(7)
Circulaire DGAS/AVIE/2 C n° 2001-224 du 18 mai 2001 relative aux centres locaux d’information et de coordination (CLIC) - modalités de la campagne de labellisation pour 2001.


(8)
Décret n° 2011-1210 du 29 septembre 2011 relatif au cahier des charges des maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer.


(9)
Premier cahier des charges dans un arrêté du 30 août 2012, corrigé par un deuxième cahier des charges dans le cadre de l’extension en mars 2018, puis par un troisième dans le cadre de la prolongation par l’arrêté du 20 décembre 2018.


(10)
Article 74 de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, décret n° 2016-919 du 4 juillet 2016 relatif aux fonctions d’appui aux professionnels pour la coordination des parcours de santé complexes.


(11)
Article 23 de la loi n° 2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé avec une nouvelle rédaction (et également des ajouts en leur sein) des articles L. 6327-1 – 6327-7 du code de santé publique.


(12)
Circulaire D10006928 du 8 avril 2010 relative aux Services Intégrés de l’Accueil et de l’Orientation.


(13)
Loi n° 2014-366 du 24 mais 2014, modifiant les article L. 345-2 et L. 345-10 du CASF.


(14)
Décret n° 2015-1446 du 6 novembre 2015 relatif aux Services Intégrés de l’Accueil et de l’Orientation, et décret n° 2015-1447 relatif à la participation des personnes accueillies ou accompagnées au fonctionnement des établissements et services du dispositif d’accueil, d’hébergement et d’accompagnement vers l’insertion et le logement et au dispositif de la veille sociale.


(15)
Loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique.

SECTION 2 - QUATRE MODÈLES

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