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Introduction

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Le développement de plateformes de services au sein du secteur social et médico-social est souvent présenté comme le signe, mais aussi le vecteur ultime et majeur, de changements souhaitables et souhaités. Dans ces présentations en effet, ce secteur porterait, dès ses prémices dans les années 1960, la marque d’une construction cloisonnée d’institutions, peu propices à des parcours diversifiés et fluides des usagers. Il serait surtout construit sur des principes de prise en charge et d’institutionnalisation empêchant la participation et l’inclusion des personnes en difficultés, handicapées ou dépendantes qu’il est chargé d’accueillir et d’accompagner. Pour une part des autorités publiques ou de responsables/penseurs du secteur social et médico-social, le développement de plateformes de services est bien en cours de mise en œuvre, même s’il convient encore d’en formaliser les fondements par une politique complète et cohérente. Pour appuyer la transformation engagée, nombre d’entre eux la présentent comme incontournable. Pis, certains la présentent comme la solution d’avenir (1). L’objet de ce dossier vise à sortir des discours pour présenter les réalités, notamment juridiques, de ces plateformes de services, en dépassant les approches militantes.


A. Au-delà des représentations...

Les termes utilisés dans les prises de position sont parfois, en effet, si expéditifs, si radicaux, qu’il est difficile de faire la part des choses entre des discours à vertu incantatoire et des progressions réelles des politiques publiques vers l’avancée formelle de ces plateformes de services.
Comment en effet lire des constructions pratiques quand les propos sont si tranchés ? D’un côté Il est question de « révolution » (2), souvent adossée de façon répétée à l’adjectif « copernicienne », « galiléenne » ou « paradigmatique ». Il convient en outre de noter que ces appréciations ont été ajoutées, par certains de leurs auteurs, depuis presque vingt ans, pour qualifier chaque évolution nécessaire ou constatée du secteur social et médico-social, leur itération pouvant ainsi rendre suspectes les idées qu’elle soutient. D’un autre côté, sont mises en avant « une marchandisation des services » (3) et une « casse annoncée des institutions médico-sociales, au nom d’une prétendue inclusion derrière un choix économique » visant, en fait, au « remplacement de ces établissements par des plateformes désincarnées de services et de prestations » (4). L’objet du Chapitre 1 permettra de revenir sur les réalités, et donc sur une partie erronée des représentations.
Comment en outre, aborder ce sujet sans mieux définir et circonscrire le concept ? En effet, ce terme, plateforme de services, renvoie à des sens, traduits dans des réalités bien différentes. Chacun peut l’utiliser avec son propre modèle de production (linguistique, psychologique, idéologique et culturel) sans toujours tenir compte de l’acception du même terme par son interlocuteur, ce dernier l’intégrant dans son propre modèle d’interprétation (avec également des composantes linguistiques, psychologiques, idéologiques et culturelles), puis avec ses références de production pour des réponses, un jeu de rôles s’installant alors, générant des quiproquos souvent stériles, peu générateurs d’une progression vers des conceptions partagées. Le Chapitre 2 indiquera que le terme peut correspondre à quatre grands types d’organisation. Il convient, à l’heure de mesurer leurs dimensions politiques, juridiques et réglementaires, de différencier les quatre réalités organisationnelles qu’elles comportent, avant le détail des bases juridiques, encore parcellaires aujourd’hui, de ces plateformes de services (Chapitres 3, 4, 5 et 6).


B. ... la nécessaire mesure des transformations

Malgré les obstacles précédents (représentations, définitions floues ou plurielles), des évolutions transformatives sont indéniablement en place pour les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) (5).
Elles sont en partie visibles dans l’augmentation du nombre de ces ESSMS. La consultation du Fichier FINESS (6) le souligne, le nombre de structures étant passé de 32 200 en 2002 à près de 45 000 en 2015 (7) : une augmentation de 39 % en 13 ans. Ceci s’explique certes par des créations pures, mais également par des subdivisions : un établissement est devenu pôle, avec sa structure de départ (et diminution de ses places) plus des petits établissements et/ou services complémentaires et rattachés (pour chaque entité alors, une autorisation et un numéro FINESS spécifiques). Ces réalités ont été complétées par la mise en place de coordinations et services d’accueil et d’orientation, par exemple les Services Intégrés de l’Accueil et de l’Orientation (SIAO) pour l’accueil des personnes sans domicile, mais de nombreux autres exemples existent dans d’autres domaines. L’organisation globale et rationnelle de ces coordinations ou guichets d’accueil-orientation est parfois encore à compléter, y compris sur un plan juridique.
Une dynamique externe a également favorisé depuis dix ans l’augmentation et la diversification des services, par opposition aux établissements, au sein du secteur social et médico-social, une dynamique à relier à plusieurs courants : désinstitutionnalisation, virage inclusif, politiques d’activation, accompagnement de parcours et coordination, réponse accompagnée pour tous, innovation/activation, développement du numérique.


C. Le courant de la désinstitutionnalisation...

La lame de fond de la désinstitutionnalisation constitue le premier vecteur de ces nouvelles approches : il y est question d’une « transition des soins en institution vers les soins de proximité » (8), ou d’une « transition des institutions vers des services à base communautaire » (9). Elle est d’une forte actualité en France depuis 3 ans, y suscite de vifs débats.
Notre pays n’est certes pas le seul concerné. Mais pour la France, ceci peut s’expliquer par l’histoire particulière du secteur social et médico-social, notamment lors de la mise en place, et de la duplication, des principales institutions le constituant. De nombreuses initiatives, modèles, expériences existent certes avant la deuxième moitié du XXe siècle : hôtels-Dieu puis hospices, orphelinats et ensuite maisons d’enfants à caractère social, établissements pilotes pour l’éducation des aveugles et sourds, premiers établissements d’éducation pour les « arriérés » ou de soins pour les « déficients » mentaux ou physiques, colonies agricoles et premiers établissements pour délinquants, etc. Mais le véritable développement des institutions (et des professions sociales qui y œuvrent) se réalise à partir des années 1960, en lien avec des orientations formulées par les Ve et VIe plans de développement économique et social. Il s’accélère surtout après la loi fondatrice de 1975 (10) des politiques sociales catégorielles.
Les choix sociétaux favorisent des « prises en charge » des personnes en difficulté ou dépendantes avec création, à grande échelle, d’institutions (établissements) spécifiques d’accueil, et non de services de proximité favorisant des réponses résolument inclusives au plus près des lieux de vie de ces personnes.
Ces choix portaient également le développement des corps professionnels du travail social : forte augmentation du nombre de ces travailleurs sociaux programmée dès le Ve plan. Ces derniers se reconnaissent alors en majorité dans un discours alternatif à l’égard d’une société réputée discriminante, portent des valeurs d’accueil/reconnaissance/humanité à l’égard des personnes accueillies, comme de professionnalité (transformation des organisations autour des identités de métiers et de spécialisation (11)).
Un paradoxe apparaît dès cette époque : des réalités inverses aux discours. Les réalités, ce sont des constructions institutionnelles favorisant des établissements fortement cloisonnés (en silos), prenant en charge les personnes avec une logique d’accueil interne, peu porteuse d’autonomie et d’inclusion. Les discours, ce sont des propos et des représentations portant des valeurs anti-institutionnelles (les effets de l’antipsychiatrie appliqués au secteur social et médico-social), valeurs attribuant des vertus morales aux pratiques professionnelles, même peu inclusives, par opposition aux pratiques d’exclusion du corps social (12). Autre paradoxe à cette époque, une référence forte (« le travail social, c’est le corps social en travail » (13)) oriente les représentations de ces professionnels alors que les constructions politiques et institutionnelles conduisent à des prises en charge spécialisées hors des structures de droit commun.
Élément original aujourd’hui : alors que les référentiels politiques de la construction du secteur social et médico-social étaient interrogés et cela dès les années 1980-1990 pour leur logique faiblement inclusive par certains responsables ou penseurs de la politique sociale (14), ces mêmes personnes s’insurgent aujourd’hui contre la casse des établissements au profit de plateformes de services (15).


D. ... et un premier type de plateformes de services

Premier type de plateforme : un ensemble coordonné de services de proximité permettant l’accompagnement et des réponses pour son parcours en dehors d’institutions. Le concernant, l’exemple du secteur du handicap est éclairant (ne concernant que 13 % des places en ESSMS). Les engagements français à l’égard des droits des personnes handicapées y constituent le point de départ.
La France a adopté et signé la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées du 30 mars 2007 (16), avec notamment son article 19, sur l’autonomie de vie et l’inclusion dans la société. En application de cette convention, une Rapporteure spéciale des Nations Unies pour les droits des personnes handicapées, Madame Catalina Devandas-Aguilar, experte indépendante mandatée par le Conseil des droits de l’homme et l’Assemblée Générale des Nations Unies, après avoir effectué une visite officielle du 3 au 13 octobre 2017 dans notre pays, a présenté en mars 2019 son rapport (17) au Comité des droits des personnes handicapées. Elle s’y inquiète notamment du nombre de personnes handicapées (enfants ou adultes) « résidant en établissement », d’abus subis dans ces structures avec des traitements sans consentement (notamment par des personnes avec un handicap psychosocial ou des personnes avec des troubles envahissants du développement). Elle ajoute dans ses interviews « qu’il n’existe pas de « bons établissements « dans la mesure où tous imposent un mode de vie donné, qui entrave la capacité de l’individu à mener une vie décente sur la base de l’égalité avec les autres. Les personnes handicapées, y compris celles nécessitant un fort accompagnement, doivent pouvoir vivre en société et choisir elles-mêmes leur lieu et mode de résidence ».
Ces propos expliquent les débats vivaces d’aujourd’hui :
▸ Un modèle de désinstitutionnalisation en phase d’interrogation depuis le début des années 2010 (18).
Des appréciations ou injonctions lapidaires des uns (19) : la France serait passée à côté de ses engagements internationaux, une nécessaire révision « dans sa totalité » de la loi du 11 février 2005 (20), la nécessité de « fermer progressivement tous les établissements existants » et de « transformer le marché actuel de l’offre de services en une offre de proximité ».
Des réactions tranchées des autres : ils s’opposent « à toute politique de désinstitutionnalisation quand elle entraîne la fermeture d’établissements et de places ainsi que le renforcement de la responsabilité des parents » (21), dénonçant « la fausse promesse de l’inclusion, quand on connaît l’état de l’école, l’absence de politique en faveur des jeunes, le fonctionnement du marché du travail et les difficultés de l’accès au logement pour les adultes », demandant « à préserver et consolider plus que jamais les institutions existantes, protéger les places et les accompagnements de vie qu’elles offrent et même en créer autant que de besoin » (22).
Au titre de ses engagements européens, la France est aussi tenue de prendre en compte les recommandations ou règlements adoptés ou énoncés par les instances européennes auxquelles elle appartient. Ainsi :
▸ Pour l’Union Européenne ou le parlement européen (l’Europe des 28, bientôt des 27) : il existe des directives sur l’utilisation des fonds structurels et notamment celle concernant le Fonds Social Européen (FSE), mettant en avant l’utilisation dans des objectifs d’efficience et d’efficacité des impératifs communs, notamment pour « une inclusion active », « des projets innovants par des organisations non gouvernementales ou d’autres acteurs de l’économie sociale » (23). Ces directives intègrent des demandes pour soutenir la « transition des institutions vers les services à base communautaire » et assurer l’engagement que les Fonds Européens « ne seront pas utilisés pour perpétuer l’institutionnalisation mais bien pour développer les alternatives à base communautaire ».
▸ Pour le Conseil de l’Europe (né en 1949 et rassemblant 47 pays, adoptant des normes juridiques en protection des droits de l’homme, en renforcement de la démocratie et en prééminence du droit) : une recommandation de 2010 (24) en matière de désinstitutionnalisation, évoque des dispositifs favorisant autour de chaque situation une multiplicité, articulée, de divers services répondant aux besoins, avec une continuité et surtout « l’évitement des placements en institution », la création de services de proximité. On notera que cette recommandation définit bien le lien entre la désinstitutionnalisation et le premier type de plateforme de services (services de proximité, diversifiés, articulés, dans la continuité, sans placement en institution).


E. Des politiques davantage centrées sur l’inclusion...

Les discours des responsables politiques français ne font pas de la désinstitutionnalisation l’étendard de leur programme. Certes, ils approuvent globalement les recommandations de la Rapporteure spéciale des Nations Unies. Mais leur discours privilégie davantage un thème, a priori consensuel, celui de l’inclusion. Cette autre face de la pièce de la désinstitutionnalisation s’appuie sur les mêmes fondements internationaux, européens ou français. L’idée est censée être portée par les organisations gestionnaires d’ESSMS (25) et par les travailleurs sociaux. Pour ces derniers, pourtant, l’usage du terme inclusion n’est pas immédiat. Au-début des années 2000, il se met en place uniquement pour la question du handicap, ou de l’éducation. Au-delà, il reste regardé avec interrogation (évolution ou révolution ? voie d’avenir ou voie de garage ?). Il devient depuis peu un terme référentiel reconnu, correspondant à une politique, des pratiques, en étant également perçu « comme une valeur, comme une éthique prônant la justice sociale et la cohésion de la communauté », tout en étant en lien avec une « vision globale du vivre ensemble », s’imposant universellement jusqu’au principe de la « société inclusive » (26).
En réalité comme le rappelle M. Jaeger en 2015 (27), en France, l’usage du terme, « cette nouvelle façon de parler, dans la continuité de changements sémantiques antérieurs », traduit « un nouveau tournant des politiques sociales après une douzaine d’années d’appropriation plus ou moins laborieuse de la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale ». L’auteur détaille sa progression :
▸ Tout d’abord, un passage progressif des politiques d’intégration des années 1980 à 2000 à des politiques d’insertion dans les années 2000. Le changement du mot de référence signale, outre celui des politiques, le passage d’une conception, celle de l’intégration (qui signifie « “acquisition d’une place dans la société“ ou dans un “groupe“ avec une assimilation qui ferait disparaître les différences ») à une autre, celle de l’insertion (qui correspond, dans une dynamique de discrimination positive, à « l’action de “mettre parmi“ en permettant à l’élément différent de conserver son identité »).
▸ Au début des années 2000, l’avènement de la Loi Organique pour les Lois de Finances (LOLF) qui visait la performance de l’action publique, portant le vocable nouveau d’inclusion. Son programme 304 s’intitulait « Inclusion sociale, protection des personnes et économie sociale et solidaire »,
▸ Dans les années 2010, le début des politiques dites d’inclusion, sous l’impulsion de références extérieures (stratégie Europe 2020 de l’Union européenne par exemple) où le terme d’inclusion devient référence centrale. Le sens du terme correspond à « “l’acquisition d’une place dans la société“ ou dans un “groupe“ » (comme pour l’intégration) », la personne « pouvant rester avec ses difficultés tout en étant reconnue comme un élément à part entière du collectif », cette « inclusion sous plastique », selon l’auteur, se réalisant dans un « objectif de cohésion sociale », « sans fusion », dans « une optique créatrice de lien social ». Ce sens plus opératoire est portée par la Commission européenne, qui parle d’« inclusion active » (28), à partir de ses 3 critères : 1. La participation pleine et entière à la vie économique, sociale et civile, 2. Un accès suffisant aux revenus et à d’autres ressources (d’ordre personnel, familial, social et culturel) pour pouvoir bénéficier d’un niveau et d’une qualité de vie considérés comme acceptables, 3. La jouissance de ses droits fondamentaux,
▸ Enfin depuis 3 ans, l’envahissement des approches inclusives : le terme inclusion devient référence générale et unique. Tous les textes publics et dans des domaines divers le reprennent : pour la lutte contre la pauvreté (inclusion sociale), pour la scolarisation des enfants adolescents handicapés (inclusion scolaire), etc.
▸ Ainsi dans cette deuxième partie des années 2010, l’accélération qui se met en place induit la vision, comme d’une nouveauté, d’un « virage inclusif » (29). Il envahit tous les domaines de l’action sociale et médico-sociale et des politiques sociales catégorielles. Les 2 dernières années ont été, pour le domaine du handicap, le théâtre d’une offensive publique et gouvernementale (mais des groupes de pression y ont joué de leur influence, par exemple pour l’autisme, comme cela a pu être visible dans l’élaboration de la Stratégie Autisme 2018-2022 (30)). Face aux recommandations de la Rapporteure spéciale des Nations Unies, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées (31) affirme la volonté gouvernementale : « œuvrer à une société plus inclusive ». Elle met en avant les dispositions prises et qui se poursuivront : accélération de la transformation de l’offre médico-sociale (passage des établissements vers des dispositifs avec des services de proximité), réforme tarifaire (généralisation des CPOM (32), et réforme Serafin-PH (33)), soutien de l’accès à l’école, à la formation, à l’emploi et au logement inclusif.


F. ... qui vont cibler d’autres types de plateformes de services

Deuxième type de plateforme : le pôle ressource, mobilisant des compétences professionnelles en appui auprès d’institutions de droit commun. L’exemple le plus net concerne l’inclusion scolaire, avec son abord sous 3 angles :
▸ 1. Un objectif de sortie des établissements pour les enfants et adolescents handicapés. Il a été énoncé en mars 2019 (80 % des enfants et adolescents actuellement scolarisés dans des établissements spécialisés, scolarisés en 2022 au sein de structures de l’éducation nationale) par la Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, repris par la presse, parfois avec d’autres contenus (80 % de tous les enfants et adolescents handicapés scolarisés en milieu ordinaire). Énoncé oralement par la ministre, transformé parfois, non repris dans des écrits formels de celle-ci, l’objectif paraît une nouveauté. Il est pourtant formalisé depuis 3 ans (et même sous le gouvernement précédent) (34), mais avait peu été médiatisé. Ceci peut expliquer les réactions tardives, en 2019 uniquement (dont la pétition Urgence Handicap Danger évoquée plus haut (35)) qu’a suscitées le pourcentage ciblé et communiqué.
▸ 2. L’avancée de l’école inclusive. Après une concertation express en 2018-2019 (36), l’idée a été consacrée par une modification du tout premier article L 111-1 du code de l’éducation (37) par la loi de juillet 2019, dite Loi Blanquer, pour une école de la confiance (38). Cette modification du L 111-1 prolonge celles, pourtant bien récentes, qui avaient inscrit l’inclusion scolaire dans les fondamentaux du code de l’éducation (39). La loi de 2019 consacre un chapitre entier au renforcement de « l’école inclusive ». Dans celui-ci, est encore modifié le premier alinéa de l’article L111-1 : les termes « il veille à l’inclusion scolaire » sont remplacés « il veille à la scolarisation inclusive ». Surtout, sont créés par la loi les pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) (40), ces derniers soutenant une prédominance de l’éducation nationale pour la coordination et la mobilisation de moyens de l’inclusion scolaire de chaque enfant ou adolescent.
▸ 3. Le secteur médico-social conçu comme une ressource au service de l’école inclusive. Les PIAL évoqués ci-dessus, « pôles ressources », sont censés bénéficier de l’appui de professionnels de santé ou des établissements et services médico-sociaux. Prévus pour une expérimentation à la rentrée 2019, les PIAL prennent une réalité plus importante : dès septembre, ils sont au nombre de 3 031 sur tout le territoire, les Agences Régionales de Santé mettant en place en parallèle « à titre expérimental, des équipes médico-sociales mobiles d’appui à la scolarisation des enfants à besoins particuliers, pour accompagner les personnels en charge de leur accompagnement et de leur scolarisation au sein de l’école, et éviter les ruptures dans les parcours de ces enfants » (41).
Troisième type de plateforme : l’interface permettant de proposer un panier de prestations dans une dynamique inclusive, sans dépendance des bénéficiaires à l’égard de cette interface. Il peut être visible dans le cadre de l’habitat inclusif.
Ce concept nouveau concerne les personnes handicapées, mais également les personnes âgées, qui font le choix d’un habitat regroupé, entre elles ou avec d’autres personnes. Il a été formulé en 2017 et 2018, avec une forte impulsion de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA), puis a trouvé sa consécration dans l’article 129 de la loi Elan de 2018 (42) :
▸ Le fondement ? Faciliter la possibilité d’un « chez soi », fût-ce avec d’autres, sans obligation de vie en établissement.
▸ L’inspiration ? La pensée forte que personne ne souhaite vivre dans une institution (43).
▸ Son prolongement ? Favoriser une nouvelle forme d’habitat entre l’accueil en établissement et le logement en famille.
▸ La perspective pouvant à terme concerner des plateformes de services ? Une mobilisation de moyens spécifiques, par exemple la prestation de compensation du handicap (PCH), pour la constitution d’une « panier de prestations », réellement à la carte et financé individuellement par cette PCH, avec une interface certes (la plateforme mobilisant des ressources pour ces prestations), mais avec une moindre intermédiation par une institution médico-sociale (44).


G. La question des parcours...

Toujours en lien avec la désinstitutionnalisation, mais de manière indirecte, ont progressé tous les dispositifs valorisant un meilleur accompagnement des parcours, avec recherche d’une plus grande fluidité et d’un évitement des ruptures. Au-delà des efforts antérieurs concernant les parcours de soins dans le domaine sanitaire, une construction plus précise s’est développée depuis 2013 pour les établissements médico-sociaux. Le constat de départ était celui d’une absence de réponses (et absence de garantie dans l’accès à des réponses) pour certaines personnes âgées ou handicapées, puis de ruptures dans leurs parcours.


H. ... et encore d’autres types

Quatrième type de plateforme : le dispositif intégré au service de parcours. Une expérimentation a été engagée de mai 2013 à décembre 2014 par des Instituts Thérapeutiques, Éducatifs et Pédagogiques (ITEP) dans 6 régions volontaires, puis reconduite jusqu’en décembre 2017, avant de constituer un cadre généralisable formalisé dans la loi santé de 2016 (45), puis dans un décret d’avril 2017 officialisant un cahier des charges (46). Ce dernier affirme la dynamique de fonctionnement en « dispositif intégré Itep », sous réserve d’une décision d’orientation spécifique de la CDAPH (47). Ce fonctionnement permet de définir « la modalité la plus adaptée aux besoins des enfants et des jeunes accompagnés », de « faciliter leurs passages entre les différentes modalités d’accompagnement » (accueil avec hébergement, accueil de jour, accueil ambulatoire) sans nouvelle notification de la CDAPH, d’éviter les ruptures ainsi que, a contrario, les logiques de filières trop systématiques. Un élément important dans ce cadre : la coordination à chaque étape de parcours.
Cinquième type de plateforme : la cellule de mise en relation avec des prestations - prestataires, favorisant les parcours.
Le secteur du handicap présente un premier exemple avec « une réponse accompagnée pour tous » (RAPT). Cette réforme se situe dans la foulée de l’affaire Amélie Loquet où l’ARS Ile-de-France, en 2013 s’était vue condamner par le tribunal administratif à trouver une solution pour une jeune handicapée atteinte du syndrome de Prader-Willi, de troubles envahissants du développement. L’État a ensuite, après une période de flottement, décidé d’abandonner tout recours en appel et s’est engagé dans une réaction d’ampleur : une instruction suivie d’un rapport, « Zéro sans solution » du conseiller d’État Denis Piveteau (48), puis un chantier national « une réponse accompagnée pour tous ». Généralisé sur tous les départements depuis le 1er janvier 2018, le dispositif vise à apporter une réponse alternative à une personne, en fonction de l’offre locale, quand un plan de compensation du handicap (orientation de la CDAPH) ne s’avère pas réalisable. Pour cela : engagement à mobiliser un Groupe opérationnel de synthèse (un GOS engageant des professionnels et institutions potentiellement concernés par la situation), construction d’un plan d’accompagnement global (PAG) intégrant l’ensemble des interventions nécessaires (et institutions les mettant en œuvre) au parcours de la personne, coordinateur de parcours désigné pour suivre le parcours. Si le dispositif a pu interroger (49), il s’est mis en place : bilans en demi-teinte, néanmoins gestion effectivement plus souple des cas complexes, voire ouvrant des espaces d’innovation et créatifs. Un des prolongements : le développement de plateformes, parfois spécialisées, permettant l’écoute de besoins, des évaluations spécifiques, des orientations avec coordination ou des mises en relation avec des réponses professionnelles. L’idée séduit aujourd’hui car elle « permet de penser en termes de dispositifs et non de places, en poussant les gestionnaires à faire des propositions novatrices » (50). Mais elle inquiète aussi : « proposer des services à la carte indique même un glissement sémantique, passant de la notion d’usager à celle de “client“ » (51). Des plateformes plus stables (et non des GOS mobilisés au cas par cas) gestionnaires de cas complexes ont été créées. Parallèlement sont nés les Pôles de compétences et de prestations externalisées (PCPE), organisant un accompagnement adapté aux besoins, avec mobilisation collective des professionnels de santé, sociaux et médico-sociaux exerçant sur un territoire, aussi bien en établissement qu’en libéral : ces PCPE constituent une réponse transitoire souple, à visée inclusive, complétant la palette de l’offre médico-sociale.
Dans le domaine des personnes âgées, l’originalité concerne le foisonnement des dispositifs, avec, pour tout dire, une certaine confusion. Une interface (guichet orientant vers des prestations – prestataires) avait été initiée depuis près de 20 ans avec les Centres Locaux d’Information et de Coordination (CLIC) (52) : guichets ouverts aux personnes âgées et à leur entourage, ainsi qu’aux professionnels de la gérontologie et du maintien à domicile, permettant en niveau 2, une évaluation et la formulation d’un plan d’aide, voire son suivi et sa coordination en niveau 3. Ce modèle de guichet a été complété par des organisations en réseaux (dont une porte d’ailleurs le nom de plateforme) :
▸ 1. Les MAIA (53), depuis un peu plus de 10 ans, visant des modes de fonctionnements nouveaux, partagés entre acteurs d’un territoire (dispensateurs de services d’aide et de soins, responsables des services et décideurs), en vue d’une réponse décloisonnée, harmonisée, complète et adaptée aux besoins (accueil, information, orientation et mise en place de soins, d’aides ou de prestations), quelle que soit la structure à laquelle elle s’adresse,
▸ 2. Les PAERPA (54), depuis 6 ans, visant un meilleur suivi du parcours de santé de la personne âgée, facilitant une action, en amont de la perte d’autonomie, de repérage des principaux facteurs d’hospitalisation évitables (dépression, chute, problèmes liés aux médicaments), optimisant la coordination des professionnels sanitaires, sociaux et médico-sociaux autour de la personne âgée via une coordination territoriale d’appui (CTA). Les PAERPA ont été reliés au programme des Territoires de Soins Numériques (TSN),
▸ 3. Les PTA (55) développées depuis 2016, visant une meilleure coordination à l’égard de tous les parcours de santé complexes (s’inscrivant dans la continuité des PAERPA-TSN), avec 3 missions : information/orientation, organisation des parcours complexes, soutien des pratiques et initiatives professionnelles.
Élément important à l’égard de ce foisonnement (CLIC, MAIA, PAERPA et PTA), la loi santé de 2019 (56) va, dans un délai de 3 ans (au plus tard le 26 juillet 2022), regrouper toutes ces structures ou plateformes, dans un seul ensemble, le dispositif d’appui à la coordination (DAC).


I. Un paysage modifié et innovant ?

▸ Robert Lafore l’indiquait dès 2016 (57) : « On pressentait bien (..) que le mode structuré autour d’établissements, des filières spécialisées de prises en charge, des cloisonnements systématiques entre financeurs, administrations et opérateurs avait vécu. (...). Mais on ne passe pas facilement, s’agissant d’action collective, du traitement symptomatique des questions à une recomposition d’ensemble du cadre conceptuel ». Pour l’auteur, un ensemble de promotions de novations (projet pour l’enfant et sécurisation des parcours en protection de l’enfance, plan d’accompagnement global dans le cadre de la réponse accompagnée pour tous, etc.) s’inscrit dans une logique : individualisation, parcours, adaptabilité et souplesse des réponses. La montée en visibilité des plateformes de services vise « à déstructurer la logique qui avait institué l’établissement dans sa vocation à prendre en charge intégralement tous les aspects de chacune des catégories d’inadaptations », à ce que les opérateurs se connectent à « des “réseaux de services“ dont l’accès est commandé par les circonstances particulières qui affectent la situation de chaque personne ». Reste, selon Lafore, le fait que le bénéficiaire est invité à s’inscrire dans une forme d’« individualisme relationnel », la personne étant la mesure de toute chose et en attente d’une « reconnaissance/construction d’elle-même dans le regard des autres ». Ce n’est pas innovant en soi, ce qui serait nouveau serait plutôt le décentrage des institutions et des professionnels, devant mieux comprendre et s’adapter.


J. Pourquoi le terme plateforme de services ?

Une forme particulière d’innovation en action sociale apparaît certes, avec ces nouveaux modèles, mais avec des termes très différents : pôles, dispositifs, dispositifs intégrés,... Pourtant, tous ces termes s’effacent progressivement derrière le terme unique de plateforme de services, quelle que soit la diversité de ces modèles.
Le mot lui-même renvoie à des réalités externes signifiantes : l’innovation disruptive à travers des plateformes numériques, dont les consommateurs peuvent être tout à la fois producteurs (d’informations, de services) et consommateurs. Ces plateformes numériques ont une part dans l’économie partagée et collaborative mêlant partages et transactions entre particuliers et une autre part dans une économie prédatrice, bouleversée par des opérateurs nouveaux et nés sur la toile, dépassant les géants de l’économie en bouleversant les usages établis et en pratiquant des prix inférieurs à ces derniers.
L’ubérisation (58) n’est pas loin, avec son cortège de représentations négatives, dont celles concernant l’évitement d’une participation au financement du modèle de la protection sociale, ou celles concernant le fait de favoriser un post-salariat, ou enfin celles où le bénéficiaire de l’action sociale deviendrait un homo œconomicus (59), entrepreneur de lui-même.
La raison première de la prédominance du terme a été présentée avec une grande acuité par M.-A. Bloch, en 2016 (60). Elle reprend tout d’abord 6 des 7 configurations des organisations (elle en omet la 7e, l’organisation politique régulée par les jeux de pouvoir) qu’avait détaillées H. Mintzberg (61) :
▸ La structure simple (exemple de la petite entreprise dont l’élément clé est le sommet stratégique),
▸ La bureaucratie mécaniste (entreprise de production par exemple, avec standardisation et fort pouvoir de la technostructure),
▸ La bureaucratie professionnelle (exemple d’organisation de santé où l’élément clé est le centre opérationnel et ses professionnels hautement qualifiés),
▸ La structure divisionnée (des organisations complexes avec des activités par domaine dont l’élément clé est la hiérarchie et la coordination),
▸ L’organisation missionnaire (organisation comme un mouvement idéologique, avec la culture comme élément clé, induisant un contrôle normatif),
▸ L’adhocratie (organisation souvent jeune, flexible et adaptable à l’environnement, avec régulation par des ajustements mutuels, soit une organisation administrative avec des projets pour elle-même, ou une organisation d’exploitation, tournée vers les clients).
Tout en se référant à d’autres études, elle met en avant l’idée même de nouvelles organisations plus flexibles et tournées vers le service rendu, des adhocraties, d’où le terme « de services ». Elle ajoute l’idée centrale d’une taille limitée et d’une forme horizontale (peu de jeux de pouvoirs, de coordination ou de prédominance de la hiérarchie, une réactivité permanente), d’où le terme de forme plate, transformée ensuite en « plateforme ». Elle ajoute, en référence aux théories de l’économie des coûts de transaction (O. Williamson) et de la rationalité limitée (H. A. Simon), des choix de réalisation, pour ces « plateformes de services », des éventuelles prestations soit par l’organisation elle-même (activités réalisées régulièrement) ou dans des réseaux avec partenariats externes (activités ponctuelles), dans ce cas avec une structuration hybride entre modèle hiérarchique interne et marché.
Il est à noter que chez M.A. Bloch, le terme utilisé est celui de « plateforme de service », « service » étant au singulier alors que la plupart du temps (y compris pour ses co-auteurs (62)) le mot est employé au pluriel. Pour elle, il s’agit de mettre en avant l’idée principale, celle du service rendu aux usagers (63), quel qu’il soit, alors que pour la plupart des utilisateurs du terme, l’usage du pluriel insiste sur l’idée de plusieurs prestations et services, sans permanence inéluctable, dans le cadre des parcours et de la diversité des besoins dans les différentes étapes. Toutefois, l’ensemble des textes juridiques consultés, en action sociale et médico-sociale, montre l’usage, généralisé, du pluriel pour service : pour tous, « une plateforme de services ».
Le choix du terme « plateforme de services » n’est pas anodin, et indique 4 approches : 1. Flexibilité et adaptation permanente à la demande ou aux besoins, 2. Organisation avec faible structure hiérarchique, 3. Transactions entre prestataires et bénéficiaires basée une forme plus réactive, partagée et collaborative, 4. Fourniture d’une pluralité de prestations ou d’aides, individualisées.
L’arrivée de ces nouvelles approches peut fasciner, irriter. Elle comporte des limites : la généralisation à l’ensemble des institutions en place, structurées sur un modèle de bureaucratie professionnelle, s’engage sur une base en réalité difficile en soi, à l’échelle du volume des institutions et de leurs acteurs, quand bien même elle serait recommandée.
Dans ce cadre de ces constructions nouvelles, les postures qui sont, seront demain, adoptées par les responsables des organismes, leurs acteurs professionnels, dirigeants ou salariés, par les services de premier rang (accueil et orientation) qui ne sont pas tous des ESSMS autorisés, par les usagers et leurs proches, leurs postures, donc, empruntent déjà des chemins balisés :
▸ Le refus ferme, voire l’opposition dans un esprit de résistance,
▸ L’adaptation a minima pour assurer la continuité des ESSMS sans changement majeur,
▸ L’adaptation plus importante, dans le cadre de dispositifs intégrés, à base d’établissements, ces derniers adoptant le principe d’une multiplicité de lieux de petite taille, structurés dans une évolutivité (de la prise en charge de personnes dépendantes/vulnérables en unités protégées à l’accueil en habitat inclusif) adossés à des services de milieu ouvert, tout en continuant à faire institution (64),
▸ L’entrée dans une vision opportuniste : une transformation limitée, uniquement centrée sur des opportunité permettant le développement, au sein des organismes gestionnaires, de leur taille et du nombre de leurs structures, les ESSMS classiques voisinant avec des plateformes de services,
▸ La posture optimiste et missionnaire : croyance dans la nécessité de porter le changement en termes d’innovation, de désinstitutionnalisation, de transformation profonde.
Tout l’enjeu, éclairé par ce supplément juridique, se situe dans la transformation des postures a priori : prendre la mesure de ce qui peut s’élaborer, ne pas penser à une duplication mécanique et bureaucratisée, qui détruirait toute pertinence à des plateformes de services, développer des modalités de changement sans cassure ni rupture, résolument.


(1)
A. Mallaury, « Plateformes de services, Modèle du futur », in Direction(s) N° 159, Décembre 2017.


(2)
R. Loubat, « Plateformes de services : la révolution est en marche ! », in ASH N° 2979, 14 octobre 2016 ; M-A. Bloch, « Plateformes de services : une révolution des postures et des pratiques », in ASH N° 2983, 11 novembre 2016 ; K. Belmekki, « Faire une place aux start-up du médico-social », In TSA quotidien, 27 mai 2019.


(3)
H. T’Ber, « Plateformes de services : une révolution factice ? », in ASH N° 2988, 16 décembre 2016.


(4)
Pétition Urgence Handicap Danger lancée sur le site Change.org en 2019 : https://www.change.org/p/monsieur-le-premier-ministre-urgence-handicap-danger.


(5)
Le sigle ESSMS sera utilisé systématiquement pour désigner les établissements et services sociaux et médico-sociaux tout au long de ce numéro juridique, le signe ESMS désignant uniquement les établissements et services médico-sociaux..


(6)
Fichier National des Établissement sanitaires et sociaux, consultable par https://www.data.gouv.fr/fr/search/?q=extraction+FINESS.


(7)
Il s’agit des derniers chiffres publiés par la Direction de la recherche, des études et de l’évaluation et des statistiques (DRESS) du Ministère des Solidarités, publiés en 2016, et rappelés par J-P. Hardy, « La multiplication des établissements, puis des services », in J.-R. Loubat, J.-P. Hardy, M.-A. Bloch, Concevoir des plateformes de services en action sociale et médico-sociale, Dunod, 2016.


(8)
Communication de la Commission européenne au Parlement européen, au conseil de l’Union européenne, au conseil économique et social européen et au Comité des régions, 15 novembre 2010. Les soins dont il est question concernent les interventions auprès de personnes handicapées ou présentant une maladie mentale.


(9)
Site du Conseil Français des personnes Handicapées pour les questions européennes, actualités 2014.


(10)
Loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales, consacrant véritablement un secteur social et médico-social.


(11)
C. Mathey-Pierre et R. Bourdoncle, « Autour du mot professionnalité », in Recherche & Formation, N° 19, 1995.


(12)
A. Olivennes-Olivenstein, « Vers la fin d’un exil », in L’enfance handicapée, Esprit, Numéro spécial, novembre 1965.


(13)
P. Meyer, « Le travail social, c’est le corps social en travail », in Pourquoi le travail social ?, Esprit, Numéro spécial, Avril-mai 1972.


(14)
C. Barral, M. Chauvière, H-J. Stiker, « A-t-on renoncé à inclure ? Retour sur les lois de 1975 et leurs suites », in Quelle place pour les personnes handicapées ?, Esprit N° 259, Décembre 1999.


(15)
Pétition Urgence Handicap Danger, org, op. cit., 2019


(16)
Consultable sur www.un.org.


(17)
Rapport sur les droits des personnes handicapées de la Rapporteure spéciale lors de sa visite en France (A/HRC/40/54).


(18)
Voir M. Paquet, « La France à la recherche d’un modèle de désinstitutionnalisation », in ASH N° 2823, 6 septembre 2013.


(19)
M. Castro, « Menace sur le secteur, désinstitutionnalisation à marche forcée, in ASH N° 3102, 15 mars 2019 ; N. Gradadji, « Désinstitutionnalisation : une nouvelle donne managériale », in ASH N° 3107, 19 avril 2019.


(20)
Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.


(21)
M. Castro, op. cit., 2019 ; N. Gradadji, op. cit., 2019.


(22)
M. Chauvière et C. Henry, « Colère du médico-social », in TSA Quotidien, 2 avril 2019.


(23)
Règlement (UE) n° 1303/2013, du 17 décembre 2013, du Parlement européen et du Conseil de l’Union Européenne (cadre de l’utilisation des fonds structurels européens dont le FSE) ; Règlement (UE) n° 1304/2013 du 17 décembre 2013 Parlement européen et du Conseil de l’Union Européenne, relatif au Fonds social européen et abrogeant le règlement (CE) n° 1081/2006 du Conseil.


(24)
Recommandation CM/Rec (2010)2 du Comité des Ministres aux États membres relative à la désinstitutionnalisation des enfants handicapés et leur vie au sein de la collectivité, 2 février 2010.


(25)
Les termes « inclusion », « société inclusive » sont utilisés de manière centrale dans de nombreux projets associatifs ou déclarations d’une grande partie des associations gestionnaires d’établissements (elles gèrent 65 % des activités réalisées dans des ESSMS) ou de leurs fédérations.


(26)
B. Bouquet, « L’inclusion : approche socio-sémantique », in Vie sociale 2015/3 N° 11, L’inclusion, ERES, 2015. L’auteur rappelle également l’étymologie du terme (en latin, inclusio qui signifie « emprisonnement »), son sens initial (« état de quelque chose qui est inclus dans un tout, un ensemble »), sa reprise après une longue absence au XIXe siècle (au sens global d’une « action de faire entrer un élément dans un ensemble »), avec des usages différents selon les pays, mais favorisant peu à peu un corpus quasi universel. Elle rappelle alors que Le Monde titrait le 7 octobre 2011 : « Société inclusive : un “projet” politique universel ».


(27)
M. Jaeger, « L’inclusion : un changement de finalité pour le travail social ? », in Vie sociale 2015/3 N° 11, L’inclusion, ERES, 2015.


(28)
Recommandation C(2008) 5737 de la Commission du 3 octobre 2008 relative à l’inclusion active des personnes exclues du marché du travail.


(29)
N. Auphant, « Le “virage inclusif“, état des lieux », In ASH N03113, 31 mai 2019.


(30)
Stratégie nationale pour l’Autisme au sein des troubles du neuro-développement 2018-2022. Voir également C. Compagnon, « Autisme, une stratégie plus inclusive », in Direction(s) N° 174, avril 2019.


(31)
S. Cluzel, « Le médico-social doit être au cœur de la cité », Direction(s), juin 2019.


(32)
Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens.


(33)
Services et établissements : Réforme pour une adéquation des financements aux parcours des Personnes handicapées.


(34)
2e indicateur de suivi de la recomposition de l’offre médico-sociale indiqué dans la Note complémentaire à l’Instruction N° 2016-154 du 21 octobre 2016 relative à la territorialisation de la politique de santé en application de l’article 158 de la loi 2015-41 de modernisation de notre politique de santé (Fiche annexe « indicateurs de suivi de la recomposition de l’offre médico-sociale »).


(35)
Pétition Urgence Handicap Danger, op. cit., 2019.


(36)
M. Ricard, « L’école de l’inclusion ou de la gesticulation ? », in ASH N° 3081, 26 octobre 2018.


(37)
Article L 111-1 cet article est le premier du code de l’éducation : Première partie (Dispositions générales et communes), Livre 1er (Principes généraux), Titre Ier (Le droit à l’éducation), Chapitre 1er (Dispositions générales).


(38)
Loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance.


(39)
Jusqu’en 2013, le premier alinéa de cet article indiquait : « L’éducation est la première priorité nationale. Le service public de l’éducation est conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants. Il contribue à l’égalité des chances ». En 2013, avec la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, a été ajouté à cet alinéa, après « à l’égalité des chances... », le texte suivant “... et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Il reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Il veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction. Il veille également à la mixité sociale des publics scolarisés au sein des établissements d’enseignement. Pour garantir la réussite de tous, l’école se construit avec la participation des parents, quelle que soit leur origine sociale. Elle s’enrichit et se conforte par le dialogue et la coopération entre tous les acteurs de la communauté éducative ». L’inclusion scolaire est clairement inscrite dans les principes fondamentaux du droit à l’éducation.


(40)
Article L. 351-3 du code de l’éducation.


(41)
Communiqué de presse « Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel installent le Comité national de suivi de l’école inclusive, Ministère de l’éducation nationale, 17 juillet 2019.


(42)
Loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique.


(43)
B. Bègue, « Aucune personne âgée ne souhaite aller en institution », in ASH N° 3087, 7 décembre 2018.


(44)
CNSA, Guide de l’habitat inclusif pour les personnes handicapées et les personnes âgées, novembre 2017.


(45)
Article 91, instituant un article L. 312-7-1 de la partie législative du CASF, de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé.


(46)
Décret n° 2017-620 du 24 avril 2017 relatif au fonctionnement des établissements et services médico-sociaux en dispositif intégré prévu à l’article 91 de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 relative à la modernisation de notre système de santé.


(47)
Commission départementale des Droits à l’Autonomie des Personnes Handicapées.


(48)
D. Piveteau, S. Acef., F.-X. Debrabant, D. Jaffré, A. Perrin, Zéro sans solution : le devoir collectif de permettre un parcours de vie sans rupture, pour les personnes en situation de handicap et pour leurs proches, 2014.


(49)
M. Paquier, « Réponse accompagnée pour tous : une promesse réalisable ?, in ASH N° 2997, 10 février 2017.


(50)
M. Paquier, op. cit. 2017.


(51)
M. Dihl, « Quand les parcours font leur chemin... », in TSA N° 77, novembre 2016.


(52)
Création par la circulaire n° DAS6RV2 n° 2000/310 du 6 juin 2000, avec une Circulaire DGAS/AVIE/2 C n° 2001-224 du 18 mai 2001 officialisant un cahier des charges en vue des labellisations, reconnaissance législative (et dont intégration dans les ESSMS : au 12° du I de l’article L. 312 ;1 du CAFSF) par la loi n° ° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales.


(53)
Méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie. Les MAIA, appelées « Maisons pour l’autonomie et l’Intégration des malades d’Alzheimer » initialement, expérimentées de 2008 à 2011, reconnues sur un plan législatif par l’article 78 de la loi n° 2010-1594 du 20 décembre 2010 de financement de la sécurité sociale pour 2011, reliées sur un plan réglementaire à un cahier des charges par le décret n° 2011-1210 du 29 septembre 2011 relatif au cahier des charges des maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer, sont confirmées par la loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement complétant notamment l’article L. 113-3 du CASF, confirmant sous conditions le possible échange et partage d’informations entre professionnels de différents champs, changeant également le sens de l’acronyme MAIA.


(54)
Parcours des personnes âgées en risque de perte d’autonomie. Expérimentés depuis 2013 sur 9 territoires (article 48 de la loi n° 2012-1404 de financement de la sécurité sociale pour 2013), les PAERPA sont conçus comme une coordination d’information et d’orientation pour organiser au mieux les offres de services proposées par les différents dispositifs/structures existants sur les territoires à destination des personnes âgées. L’expérimentation étant prolongée une première fois pour 2017, une deuxième pour 2018-2019, avec référence à un cahier des charges (arrêté du 20 décembre 2016 relatif à la prolongation de l’expérimentation visant à la prise en charge sanitaire, médico-sociale et sociale des personnes âgées en risque de perte d’autonomie), faisant référence à une extension à 19 territoires.


(55)
Plateforme territoriale d’appui. Créées par la loi dans l’article 74 de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé (en parallèle aux Maisons de santé pluridisciplinaires - MSP - aux équipes de soin primaire - ESP -, aux communautés professionnelles territoriales de santé - CPTS -), relié à des contenus réglementaires (décret n° 2016-919 du 4 juillet 2016 relatif aux fonctions d’appui aux professionnels pour la coordination des parcours de santé complexes).


(56)
Article 23 de la loi n° 2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé.


(57)
R. Lafore, « Plans, projets, plateformes... », in ASH N° 2990, 30 décembre 2016.


(58)
Néologisme inventé par Maurice Levy, PDG de Publicis, en 2014. Il désigne des entreprises d’un nouveau type avec 5 caractéristiques : 1. Une plateforme numérique de mise en relation entre client et prestataire, 2. La réactivité maximisée par la mise en relation immédiate du client et du prestataire, par proximité géographique, 3. Le paiement du client à la plateforme qui prélève une commission, 4. Le paiement du prestataire par la plateforme, 5. Une évaluation croisée du service : le client évalue le service reçu et le prestataire évalue le client.


(59)
Le terme est ancien, déjà employé par l’économiste J. Stuart Mill an début du XIXe, correspond à l’idée de l’homme, acteur économique, agissant de manière parfaitement rationnelle. Mais le terme a été repris par les écoles économiques modernes évoquant la rationalité limitée précisément, des acteurs économiques (Cf. H. Simon et J-L. Le Moigne et A Demailly, Sciences de l’intelligence, sciences de l’artificiel, avec H. A. Simon, Presses universitaires de Lyon, 1986), mais également par des sociologues (Cf. P. Bourdieu, Les structures sociales de l’économie, Seuil, 2000) mettant en avant les indicateurs d’influences sociales, les schèmes d’action. Le terme est davantage utilisé aujourd’hui par des politologues pour évoquer des visions uniquement économiques de la vie, des décisions et de l’action de chacun.


(60)
M.-A. Bloch, « Accompagnement des parcours : une (r)évolution organisationnelle », in J.-R. Loubat, J.-P. Hardy, M.-A. Bloch, op. cit., 2016.


(61)
H. Mintzberg, Structure et dynamique des organisations, Éd. d’Organisation, 1982.


(62)
J.-R. Loubat, J-P. Hardy, M.-A. Bloch, op. cit. 2016.


(63)
M.-A. Bloch, op. cit, 2016.


(64)
F. Batifoulier, « La plateforme de services, révolution ou continuité ? », in ASH N° 2997, 10 février 2017.

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