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L’APPROCHE RELATIONNELLE À CONSTRUIRE ENVERS LA PERSONNE CONSIDÉRÉE COMME VICTIME

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Chaque situation de maltraitance est unique. L’ensemble des actions menées autour des personnes concernées ne doit pas faire oublier le devoir de maintien du lien social et familial. Il est important de permettre la reconnaissance de la souffrance des individus (certains l’expriment avec des larmes, d’autres avec de la colère). La justification systématique des protocoles et des procédures n’est pas la priorité. Il est essentiel de remettre au centre des préoccupations la personne dans sa globalité, de faire vivre ses besoins, ses attentes et ses désirs. Il faut qu’elle retrouve :
  • un sentiment de sécurité.
  • le sentiment de solidarité.
  • sa confiance en soi.
  • sa capacité d’action...
Il faut être vigilant à ne pas renvoyer à la personne concernée par une situation de maltraitance son état de victime si elle n’est pas prête à l’assumer. Le mot « victime » est un terme du registre du pénal. Il importe de ne pas déposséder les personnes de leurs histoires.
Les accompagner ne s’improvise donc pas : éviter d’être sur-victimant et de majorer la souffrance des personnes accompagnées. Attention, « le chaos psycho-traumatique existe à tout âge », nous dit le Dr Hélène Romano (1). « Le trauma est une blessure invisible. » « L’événement traumatique nous met face à la mort, à la différence de l’événement bouleversant qui n’entraîne qu’un deuil. » Il ne s’agit pas ici d’évaluer la gravité de l’un ou de l’autre mais plutôt de considérer qu’il y a des accompagnements ciblés pour l’un et pour l’autre : les psychés et les corps peuvent être impactés. Il est essentiel que des professionnels expérimentés puissent répondre à ces différentes souffrances.
Certaines personnes arrivent à bien exprimer leurs ressentis et à formaliser leurs demandes. Certaines revendiquent le statut de victime et manifestent un désir de réparation. Mais la plupart du temps, les victimes se sentent impuissantes et ne peuvent entrevoir d’issue à leur situation ; elles se sentent engluées dans leurs peurs, dans un sentiment d’indignité et de culpabilité.
Qu’elles se sentent écoutées, soutenues, accompagnées, remises dans leur rôle de citoyen à part entière leur permet de réinvestir leur humanité.
Un travail pluridisciplinaire et/ou interdisciplinaire est nécessaire pour permettre au médecin, au travailleur social, au psychologue, au juriste... de mieux évaluer la situation et les suites à y donner. Le risque encouru par la personne et sa protection doivent être ciblés prioritairement en bouleversant le moins possible son organisation familiale. Pour le travail qui doit s’organiser ensuite, il faut mettre en place un ou des projets d’accompagnement en fonction des attentes de la personne, ou, si elle ne peut les exprimer, de son environnement familial et de ses habitudes de vie. Il est indispensable de cibler la demande de la personne aidée en pareil cas, de s’inquiéter de savoir comment elle perçoit la situation, quelles sont ses souffrances, et bien sûr l’associer dans la mesure du possible à la compréhension des événements.
C’est le patient, l’usager qui va nous dire s’il est victime ou non. Dans l’éventualité où la personne ne serait pas capable de formaliser sa souffrance, notamment en cas de polypathologie de la personne âgée, les décompensations psychologiques et physiologiques peuvent en être des signes, et son médecin traitant doit être prévenu rapidement.
Le projet personnalisé de l’usager devient alors un outil essentiel. Il est une mine de renseignements précieux pour les différents intervenants.
Il faut être vigilant à ne pas surinvestir un rôle de soutien. Il importe de demeurer humble et de retrouver son fonctionnement habituel le plus rapidement possible, afin de ne pas collaborer à l’enkystement de la situation de crise et d’éviter que la personne ne reste cataloguée dans le statut de « victime ».


(1)
Docteur en psychopathologie clinique, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialisée dans le psychotraumatisme, auteur avec Boris Cyrulnik de « Je suis victime », Éd. Philippe Duval, 2015.

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