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DES CONSTATS GÉNÉRAUX

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Les violences et les maltraitances font référence à tous les pans de la vie de l’être humain. Nous les retrouvons dans toutes les composantes des sciences humaines (biologique, historique, anthropologique, psychologique, économique, sociologique, politique...) et à tous les âges de la vie.


A. Concernant les enfants

La violence faisait partie de l’éducation. Il a fallu attendre la seconde moitié du xxe siècle pour que l’idée d’une protection de l’enfance entre vraiment dans les mœurs. La notion d’« enfants battus » prend corps dans les années 1950 aux États-Unis. On commence alors à prendre conscience des effets psychologiques (1) de la maltraitance et des conséquences de l’abandon. Henry Kempe (2) a décrit le premier le syndrome de l’enfant battu. Rappelons également que le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) existe seulement depuis 1946 et que la consécration des droits de l’enfant n’a abouti aux Nations unies qu’en 1959.
D’après l’OMS :
  • « 40 millions d’enfants seraient concernés par des mauvais traitements. Un quart des adultes déclarent avoir subi des violences physiques dans leur enfance ;
  • 1 femme sur 5 et 1 homme sur 13 disent avoir subi des violences sexuelles dans leur enfance ;
  • la maltraitance dans l’enfance altère parfois à vie la santé physique et mentale de ceux qui en sont victimes et, de par ses conséquences socioprofessionnelles, elle peut au bout du compte ralentir le développement économique et social d’un pays ;
  • il est possible de prévenir la maltraitance des enfants. Pour cela, une approche multisectorielle s’impose ;
  • les programmes de prévention efficaces sont ceux qui soutiennent les parents et leur apprennent à être de bons parents ;
  • l’accompagnement des enfants et des familles dans la durée peut réduire le risque de répétition des mauvais traitements et minimiser leurs conséquences » (3).
Est-il besoin de rappeler que le mot « enfant », en latin « infans », signifiait : « celui qui ne parle pas » ?


B. Concernant les femmes

Ban KI-moon, secrétaire général de l’ONU de 2007 à 2016, lors de la Journée de la femme du 25 novembre 2014, rappelait : « Il nous incombe, à nous tous, de prévenir et de combattre la violence à l’égard des femmes et des filles, en commençant par remettre en question la culture de la discrimination qui la perpétue » (4).
D’après l’OMS :
  • « 35 % des femmes et filles sont exposées à une forme de violence physique et/ou sexuelle au cours de leur vie et 7 femmes sur 10 sont victimes d’abus dans certains pays ;
  • on estime que plus de 30 millions de filles âgées de moins de 15 ans risquent de subir des mutilations génitales féminines et que plus de 130 millions dans le monde en ont été victimes ;
  • dans le monde, plus de 700 millions de femmes aujourd’hui mariées l’ont été enfants, dont 250 millions avant l’âge de 15 ans ;
  • les filles qui se marient avant l’âge de 18 ans ont moins de chances de finir leur scolarité et sont plus exposées à la violence domestique et aux complications liées à la grossesse ;
  • 603 millions de femmes vivent dans des pays où la violence domestique n’est pas un crime ;
  • les coûts et conséquences dus à la violence à l’égard des femmes se font sentir sur plusieurs générations » (5).


C. Concernant les personnes en situation de handicap

Charles Gardou (6) rapporte que 1 milliard d’êtres humains connaissent des déficiences avérées : 1/5 d’entre eux subissent de très graves problèmes au quotidien, des êtres qu’il nomme « Atopos » (« en grande précarité ») (7).
D’après l’OMS :
  • « on dénombre plus de 1 milliard de personnes handicapées dans le monde, soit 15 % de la population mondiale, ou 1 personne sur 7 : ce chiffre est en augmentation, suite à la croissance de la population, aux avancées médicales et au processus de vieillissement ;
  • sur ce nombre, entre 110 et 190 millions d’adultes éprouvent des difficultés fonctionnelles importantes ;
  • on estime que quelque 93 millions d’enfants – 1 sur 20 chez les moins de 15 ans – souffrent d’un handicap modéré à grave ;
  • les personnes handicapées constituent la plus large minorité au monde ;
  • dans les pays où l’espérance de vie est de plus de 70 ans, chaque individu passera en moyenne huit ans ou 11,5 % de sa vie à vivre avec un handicap » (8).
Les études épidémiologiques concernant les phénomènes de maltraitance subis par les personnes en situation de handicap débutent à peine. Bien que son ampleur soit reconnue par les professionnels, nous manquons encore de recul pour en appréhender la complexité.


D. Concernant les personnes âgées

La première publication sur la maltraitance des personnes âgées remonte seulement à 1975, aux États-Unis (9). En France, la première thèse a été rédigée en 1988 (10). Le professeur Robert Hugonot, fondateur en 1994 et premier président d’ALMA France (Allô Maltraitance des personnes âgées), a été le premier agitateur à réveiller les consciences sur cette problématique ; il est celui qui a sensibilisé la France sur le sujet. ALMA puis la Fédération 3 977 (11) conduisent des études épidémiologiques montrant au fil des années qu’environ plus de 70 % des situations de maltraitance ont lieu dans le cercle familial et moins de 30 % dans les institutions (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes [EHPAD[, centre hospitalier...).
À l’occasion de la dernière Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées en juin 2018, l’OMS nous informe que :
  • « environ 1 personne âgée sur 6 a été victime de maltraitance dans son environnement au cours de l’année dernière ;
  • les taux de maltraitance des personnes âgées sont élevés dans les institutions telles que les maisons de retraite et les établissements de soins de longue durée, 2 membres du personnel sur 3 reconnaissant avoir commis un acte de maltraitance au cours de l’année écoulée ;
  • la maltraitance des personnes âgées peut entraîner de graves traumatismes physiques et avoir des conséquences psychologiques à long terme ;
  • il s’agit d’un problème qui risque de s’accroître compte tenu du vieillissement rapide de la population dans de nombreux pays ;
  • le nombre des plus de 60 ans dans le monde devrait au moins doubler, passant de 900 millions en 2015 à quelque 2 milliards en 2050. »


(1)
V. Bedin et J.-F. Dortier (ouvrage collectif), Violence(s) et société aujourd’hui, Éditions Sciences humaines, 2011.


(2)
Pédiatre américain (1922-1984).


(3)
Plan interministériel de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants, 2017-2019.


(4)
Message du secrétaire général de l’ONU, M. Ban Kimoon, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, 25 nov. 2014.


(5)
OMS, « La violence à l’égard des femmes, Un problème de santé prioritaire », 1997.


(6)
Professeur d’université et à l’Institut de sciences politiques de Paris. Il consacre ses travaux anthropologiques à la diversité et aux fragilités humaines.


(7)
Journée « Feuilles d’automne des écrivains handicapés », Association FDFA (Femmes pour le dire, Femmes pour agir), Sciences Po, Paris, 16 oct. 2010.


(8)
OMS, « Incapacités et réadaptation », Journée internationale des personnes handicapées, 3 déc. 2014.


(9)
G. R. Burston, « Granny-battering », British Medical Journal, 6 sept. 1975.


(10)
N. Desfossées-Tostivint (dir. O. Rodat), « Sévices aux personnes âgées : problèmes médico-légaux », Université de Nantes, 1988.


(11)
La Fédération 3977 contre la maltraitance regroupe, depuis le 13 février 2014, ALMA et HABEO.

SECTION 2 - LES CONSTATS

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