Dans nos sociétés dites « pacifiées », les sensibilités à toutes les formes de violence n’ont jamais été aussi exacerbées. Comment expliquer les déchaînements de faits de violence ou les violences insidieuses, pernicieuses et tout aussi néfastes pour ceux qui les subissent ?
Nous avons tendance à considérer les violences et la maltraitance à travers le prisme de nos approches émotionnelles, de notre antériorité familiale ou de notre rapport à l’autorité. D’où des opinions tranchées et des jugements souvent lapidaires, fondés plus sur un ressenti basé sur notre éducation ou notre milieu culturel que sur une interprétation objective des faits.
Chacun d’entre nous a une grande facilité à évoquer et à juger la violence engendrée par les autres, celle qui nous est racontée ; il semble plus délicat d’apprécier celle que nous avons subie et celle dont nous avons été témoins. Il apparaît encore plus difficile d’avoir une lecture objective sur la ou les violences que nous générons dans notre cercle intime, notre environnement familial et amical, notre organisation professionnelle et dans la société.
Nous pouvons être violents bien sûr dans une démarche offensive vers l’autre mais nous pouvons l’être également dans nos approches défensives où les mots dépassent la pensée, et où parfois les mots et les gestes peuvent impacter durablement.
Une personne « vulnérable » sur le plan humain et au regard de la loi risque davantage de subir la violence, à des degrés divers, d’individus voulant affirmer leur existence souvent maladroitement. Nous avons une grande faculté à nous indigner de la violence des autres, mais que construisons-nous au quotidien auprès de nos interlocuteurs ?