La contention physique peut avoir de graves conséquences. Comme l’explique le docteur Jérôme Palazzolo : « on craint alors surtout la survenue de troubles du rythme cardiaque, d’une déshydratation ou d’une inhalation bronchique et la plupart des lésions secondaires aux efforts du sujet pour se dégager des contentions (1) ».
Entre 1999 et 2010, l’Afssaps (2) a enregistré 20 cas avérés d’étouffement de patients avec des dispositifs destinés à assurer leur contention. Quatorze d’entre eux signalent le décès du patient.
L’agence attire l’attention sur les barrières de lit (qui sont des éléments fréquemment traumatisants, soit lors des retournements passifs soit lors de l’abaissement des barrières qui peuvent alors léser un membre, souvent caché par les couvertures, soit en passant au-dessus des barrières de lit, la chute se fera d’une hauteur plus élevée).
Les effets indésirables liés à la contention sont multiples.
L’Afssaps cite la compression (due à des moyens de contention inadaptés), les douleurs et l’épuisement (dus à la persistance d’une attitude forcée inconfortable en compression et cisaillement des parties molles pouvant mener à la constitution d’une escarre) ; l’inconfort, la colère, l’agressivité, la révolte et la peur nés de l’incompréhension de la situation, et la frustration pouvant mener à des conduites dangereuses pour la personne et pour les autres.
Le non-respect de la dignité du résident, sa dévalorisation au regard des autres, son humiliation, l’atteinte à la liberté individuelle peuvent entraîner aussi des troubles cardiaques induits par le stress, des lésions des nerfs et de l’hyperthermie.
Les personnels de soin et d’accompagnement font face à un réel sentiment d’insécurité ou de crainte tant les exigences du respect de la liberté du résident et celles des familles qui « payent » un service pour la sécurité de leur proche peuvent être divergentes (3).
Comme dans tout débat éthique, c’est la réflexion pluridisciplinaire (voir « s’évaluer pour s’améliorer des outils qualité » infra ou supra) qui sera garante du respect du résident.
Cette réflexion sera retranscrite par écrit afin de pouvoir justifier de son bien-fondé devant une instance de contrôle ou un tribunal.
La collégialité de la prise de décision ou de son analyse en aval, ainsi que la recherche de compréhension et de consentement du résident devraient tempérer les utilisations détournées de la contention.
Si la prescription de la contention revient in fine au médecin, les équipes peuvent, voire doivent, jouer aussi leur rôle de modérateur ou de lanceur d’alerte, d’autant plus que la loi de modernisation du système de santé de 2016 insiste sur la notion de professionnels qualifiés. Inversement, le médecin peut faire prendre conscience aux équipes que le maintien de la contention d’un résident agité ou perturbateur est une atteinte à ses droits fondamentaux. Les exigences légitimes du service ne peuvent justifier à elles seules le maintien d’une contention.
(1)
Palazzolo contention et perspectives thérapeutiques. Santé mentale 2004 numéro 86 page 40.
(2)
Afssaps Sensibilisation sur le risque d’étouffement lors de la sécurisation d’un patient à l’aide d’un dispositif de contention physique 28 février 2011.
(3)
Anaes Conférence de consensus liberté d’aller et venir dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, novembre 2004