L’humanisation de la contention se poursuit au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, quand des infirmières et psychiatres qui sortent des camps de concentration se rendent compte qu’il n’y a pas tant de différence entre ce qu’ils ont vécu d’expérience de claustration et ce que vivent les malades qu’ils sont censés soigner.
De nouveaux modes de penser la maladie mentale émergent. Puis, au milieu du XXe siècle, s’ouvre une réelle réflexion du fou acteur sujet et humain. Elle va entraîner la fermeture des quartiers d’agités et la suppression progressive des contentions.
Ce tournant précédera l’apparition des neuroleptiques (autour de 1950) qui permettront de traiter les psychoses et de ne recourir à la contention que de manière exceptionnelle. On a parlé de glissement vers une contention chimique.
La contention disparaitra jusqu’à la suppression de matériel dans les services hospitaliers.
Dans le même temps, la psychiatrie a vu la naissance de la politique de secteur, laquelle consiste en une prise en charge à domicile des patients plutôt qu’au sein de l’hôpital psychiatrique.
Le début des années quatre-vingt-dix voit disparaître le diplôme spécifique des infirmiers de secteur psychiatrique (1). La maladie mentale est considérée au même titre que toute pathologie, qu’elle soit somatique ou psychique : l’hôpital perd son statut de lieu de vie pour devenir un lieu de soins aigus. Les patients sont de plus en plus suivis par le secteur, c’est-à-dire chez eux, au sein de la société. Cette évolution, positive d’un certain point de vue, est assortie dans le public d’un accroissement de fantasmes sur la dangerosité de ces patients. Ce sentiment est alimenté par les médias et certains politiques qui surfent sur les valeurs sécuritaires, prônant le retour à l’enfermement.
(1)
Ce changement est acté avec l’arrêté du 23 mars 1992 (NOR : SANP9200509A), créant le Diplôme d’Etat Polyvalent.