La perte d’autonomie de la personne âgée est appréciée par l’équipe médico-sociale lorsque la personne vit à domicile, qu’elle est hébergée au sein d’un établissement pour personnes âgées dépendantes de petite taille, ou d’une famille d’accueil (cf. infra, chapitre 3). En établissement, l’évaluation de la perte d’autonomie des personnes hébergées est réalisée par l’établissement, sous la responsabilité du médecin coordonnateur (cf. infra, chapitre 4).
Dans tous les cas, cette évaluation est faite conformément aux règles fixées par la grille AGGIR.
A. LA GRILLE AGGIR
[Code de l’action sociale et des familles, article R. 232-3, annexe 2-1 ; décret n° 2017-882 du 9 mai 2017, JO du 10-05-17, article 5]
Le degré de perte d’autonomie des demandeurs de l’APA dans l’accomplissement des actes de la vie quotidienne est évalué par référence à la grille nationale AGGIR. Il est coté selon trois modalités, conformément aux instructions contenues dans le guide de remplissage de la grille AGGIR (1).
I. Le champ du modèle AGGIR
Le modèle AGGIR « évalue le niveau de réalisation d’activités de différentes natures (activités domestiques, sociales, corporelles et mentales) effectuées par une personne âgée seule, sans aides humaines, mais le cas échéant avec des aides techniques, quel que soit son lieu de vie, à domicile comme en établissement. Il permet une description synthétique des difficultés rencontrées par une personne dans la réalisation de différentes activités de la vie courante à partir des questions suivantes : la personne fait-elle ? Si non, pourquoi ? Le peut-elle ? Le veut-elle ? »
Il permet de définir des « groupes iso-ressources » (GIR) utilisés pour déterminer l’éligibilité à l’APA à domicile et en établissement.
En établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), ce modèle est complété par le modèle Pathos qui évalue les niveaux de soins nécessaires (cf. infra chapitre 4, section 2, § 1).
A domicile, il constitue l’une des dimensions du référentiel d’évaluation multidimensionnelle (cf. infra chapitre 3, section 2, § 2, B) et contribue ainsi, avec les autres dimensions, à l’évaluation de la situation et des besoins de la personne âgée, préalable à l’élaboration d’un plan d’aide.
Le modèle AGGIR comporte ainsi :
- dix variables d’activité corporelle et mentale, dites « discriminantes » qui sont les seules utilisées pour déterminer le GIR dont relève la personne :
- cohérence (communiquer verbalement et/ou non verbalement, agir et se comporter de façon logique et sensée par rapport aux normes admises par la société),
- orientation (se repérer dans l’espace et le temps),
- toilette (faire sa toilette),
- habillage (s’habiller, se déshabiller),
- alimentation (se servir et manger),
- élimination (assurer l’hygiène de l’élimination urinaire et fécale),
- transferts (se lever, se coucher, s’asseoir, passer de l’une de ces trois positions à une autre),
- déplacements à l’intérieur (se déplacer à l’intérieur du lieu de vie),
- déplacements à l’extérieur (se déplacer en dehors du lieu de vie),
- alerte (utiliser un moyen de communication à distance : téléphone, alarme, sonnette, etc., dans le but d’alerter en cas de besoin) ;
- et sept variables d’activité domestique et sociale, dites « illustratives », destinées à apporter des informations complémentaires à l’évaluateur pour mieux appréhender la situation globale de la personne :
- gestion (gérer ses affaires, son budget et ses biens, reconnaître la valeur monétaire des pièces et des billets, se servir de l’argent et connaître la valeur des choses, effectuer les démarches administratives, remplir les formulaires),
- cuisine (préparer les repas et les conditionner pour qu’ils puissent être servis),
- ménage (effectuer l’ensemble des travaux ménagers courants),
- transports (utiliser volontairement un moyen de transport collectif ou individuel),
- achats (acheter volontairement des biens),
- suivi du traitement (respecter l’ordonnance du médecin et gérer soi-même son traitement),
- activités de temps libre (pratiquer volontairement, seul ou en groupe, diverses activités de loisir).
Certaines variables (toilette, habillage, alimentation...) sont codées en plusieurs sous-variables (toilette du haut et toilette du bas par exemple).
L’utilisation de ce modèle implique, en établissement comme à domicile, que l’ensemble des dix-sept activités soit évalué.
L’observation porte sur les activités effectuées par la personne seule, en excluant ce que font les aidants et les soignants. En revanche, les aides matérielles et techniques sont considérées comme faisant partie intégrante de la personne (lunettes, prothèse auditive, fauteuil roulant, poche de colostomie...).
« Pour les personnes âgées »
Le « portail national d’information pour l’autonomie des personnes âgées et l’accompagnement de leurs proches », élaboré sous l’égide du ministère des affaires sociales et de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), regroupe l’ensemble des informations relatives :
- à l’allocation personnalisée d’autonomie versée à domicile ou en établissement ;
- à l’hébergement des personnes âgées (qu’il s’agisse d’un hébergement temporaire ou de longue durée en établissement ou d’un hébergement dans le cadre de l’accueil familial) ;
- aux aides de tous types (aides au logement, aides fiscales, aide-ménagère, aides des mairies ou des conseils départementaux...) ;
- à l’exercice des droits des personnes âgées (en cas de discrimination, de maltraitance, exercice des droits à l’hôpital, à domicile, en accueil familial, en EHPAD) ;
- aux aides à apporter aux proches.
Un annuaire recense les points d’information, les établissements, les accueils de jour, les services d’aide et de soins à domicile.
Le site comporte également un outil permettant de comparer les prix et les restes à charge en EHPAD.
II. Le remplissage de la grille AGGIR
Pour chacune des variables ou sous-variables (cf. supra, I), chaque activité est, dans un premier temps, évaluée adverbe par adverbe :
- « spontanément » suppose qu’il n’existe pas d’incitation ou de stimulation (point souvent sous-estimé dans les évaluations) ;
- « totalement » suppose que l’ensemble des activités du champ analysé soit réalisé ;
- « habituellement » fait référence au temps et à la fréquence de réalisation ;
- « correctement » recouvre trois aspects : la qualité de la réalisation, la conformité aux usages et la sécurité vis-à-vis de soi et des autres.
Dans un deuxième temps, en fonction de la réponse aux quatre adverbes, l’évaluateur code la variable A, B ou C.
Il est précisé qu’une évaluation de qualité se fait en pluridisciplinarité, par observation et questionnement de la personne et des différents aidants et doit tenir compte d’éventuelles fluctuations des activités dans le temps, une activité pouvant être réalisée à un moment donné et ne pas l’être à un autre. Elle doit aussi tenir compte de l’environnement et des habitudes de l’individu. Ainsi, « correctement » peut ne pas avoir la même signification pour une personne seule à domicile et une personne vivant en communauté dans une maison de retraite par exemple, ou pour des personnes d’origines culturelles différentes (les facteurs culturels sont particulièrement présents dans les activités domestiques et sociales).
B. LES SIX GROUPES ISO-RESSOURCES
[Code de l’action sociale et des familles, article R. 232-3, annexes 2-1 et 2-2]
Les données recueillies à l’aide de la grille sont traitées selon un mode de calcul unique précisé en annexe 2-2 du code de l’action sociale et des familles. Il permet de classer les demandeurs en six groupes iso-ressources (GIR) en fonction des aides directes à la personne et des aides techniques que nécessite leur état. Les six groupes sont les suivants :
- le groupe iso-ressources 1 correspond aux personnes confinées au lit ou au fauteuil, ayant perdu leur activité mentale, corporelle, locomotrice et sociale, qui nécessitent une présence indispensable et continue d’intervenants ;
- le groupe iso-ressources 2 comprend essentiellement deux groupes de personnes âgées :
- celles qui sont confinées au lit ou au fauteuil, dont les fonctions mentales ne sont pas totalement altérées (les « grabataires lucides ») et dont l’état exige une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante, une surveillance permanente et des actions d’aides répétitives de jour comme de nuit,
- celles dont les fonctions mentales sont altérées mais qui ont conservé leurs capacités motrices (souvent dénommées les « déments perturbateurs ») ainsi que certaines activités corporelles que, souvent, elles n’effectuent que stimulées. La conservation des activités locomotrices induit une surveillance permanente, des interventions liées aux troubles du comportement et des aides ponctuelles mais fréquentes pour les activités corporelles ;
- le groupe iso-ressources 3 correspond aux personnes âgées ayant conservé des fonctions mentales satisfaisantes et des fonctions locomotrices partielles, mais qui nécessitent quotidiennement et plusieurs fois par jour des aides pour les activités corporelles. Elles n’assurent pas, majoritairement, leur hygiène de l’élimination tant fécale qu’urinaire ;
- le groupe iso-ressources 4 comprend deux sous-groupes de personnes :
- celles qui n’assument pas seules leurs transferts mais qui, une fois levées, peuvent se déplacer à l’intérieur du logement. Elles doivent être aidées ou stimulées pour la toilette et l’habillage. La plupart s’alimentent seules,
- celles qui n’ont pas de problèmes locomoteurs mais qu’il faut aider pour les soins corporels et les repas.
Dans ces deux sous-groupes, il n’existe pas de personnes n’assumant pas leur hygiène de l’élimination, mais des aides partielles et ponctuelles peuvent être nécessaires (au lever, aux repas, au coucher et ponctuellement sur demande de leur part) ;
- le groupe iso-ressources 5 est composé de personnes qui assurent seules les transferts et le déplacement à l’intérieur du logement, s’alimentent et s’habillent seules. Elles peuvent nécessiter une aide ponctuelle pour la toilette et les activités domestiques ;
- le groupe iso-ressources 6 regroupe toutes les personnes indépendantes pour tous les actes discriminants de la vie courante.
(1)
Ces éléments figurent en annexe 2-1 du code de l’action sociale et des familles.