Recevoir la newsletter

Introduction

Article réservé aux abonnés

Compte tenu des difficultés que rencontrent les aidants dans leur vie professionnelle et de l’effet bénéfique que peut avoir le fait de continuer à travailler, un congé de proche aidant a été mis en place par la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement (1). Son objectif est de faciliter la conciliation entre vie professionnelle, vie personnelle et familiale.
Congé de proche aidant : négociation collective et dispositions d’ordre public
Depuis le 1er janvier 2017, conformément à la loi « Travail » du 8 août 2016, priorité est donnée à la négociation collective sur les dispositions légales et réglementaires dans un certain nombre de domaines fixés par la loi.
La négociation collective
Le droit au congé de proche aidant est mis en œuvre par une convention ou un accord collectif d’entreprise ou, à défaut, une convention ou un accord de branche sur les aspects suivants :
  • la durée maximale du congé ;
  • le nombre de renouvellements possibles ;
  • les délais d’information de l’employeur par le salarié sur la prise du congé et son renouvellement ainsi que la durée du préavis en cas de retour du salarié avant la fin du congé ;
  • les délais de demande du salarié et de réponse de l’employeur sur le fractionnement du congé ou sa transformation en période d’activité à temps partiel.
Ce n’est qu’à défaut d’un tel accord collectif que les règles prévues par le code du travail et exposées ci-dessous s’appliquent (C. trav., art. L. 3142-26).
Les dispositions d’ordre public
En revanche, relèvent de l’ordre public, et ne peuvent donc être modifiées par accord collectif dans un sens plus ou moins favorable, les autres dispositions légales et réglementaires relatives au congé et portant sur :
  • les salariés bénéficiaires et leur statut pendant le congé ;
  • les proches aidés ;
  • les documents à fournir à l’appui de la demande de congé ;
  • le régime du congé (date de début et de renouvellement, durée, cas de cessation anticipée, transformation en temps partiel et fractionnement, non imputation sur le congé annuel, statut du salarié à l’issue du congé, droit à l’entretien professionnel, contentieux).
Ces dispositions d’ordre public sont contenues aux articles l. 3142-16 à l. 3142-25 du code du travail.
Les cafés des aidants : des lieux pour échanger avec ses pairs
Du « temps pour soi », une « écoute bienveillante », de la « chaleur humaine », du « réconfort », de l’« entraide », de la « reconnaissance ». Tels sont les principaux apports des cafés des aidants, aux dires de leurs participants qui se sont exprimés dans le cadre d’une étude, réalisée entre octobre 2016 et mars 2017 par le cabinet KIMSO à la demande de l’association française des aidants en partenariat avec l’AG2R La Mondiale (2).
Initiés en 2012 (3), ces cafés sont des lieux, des temps et des espaces d’information, de rencontres et d’échanges ouverts à tous les aidants, quels que soient l’âge et la pathologie du proche accompagné. Co-animées par un travailleur social et un psychologue (4), les rencontres ont lieu une fois par mois dans un cadre convivial (café associatif, bar, restaurant...) autour d’une thématique visant à partager avec des pairs sur le vécu d’aidant (situation de son proche, relations avec les professionnels d’intervention, les autres membres de la famille, la conciliation avec la vie professionnelle...).
Face au déploiement des cafés des aidants (20 réalisations en 2012 contre 135 aujourd’hui), l’Association française des aidants a souhaité évaluer le dispositif pour « comprendre et mesurer [ses] effets sur les aidants et les autres parties prenantes » (5).
Le profil et la motivation des aidants
Sans véritable surprise, les participants au café des aidants sont à 85 % des femmes, âgées de plus de 60 ans, qui sont pour 45 % conjointes et pour 35 % enfants d’une personne aidée, atteinte pour 58 % de maladie chronique et pour 24 % de dépendance liée à l’âge (6). Elles ont connu le café des aidants par recommandation d’un professionnel du secteur médico-social (35 %) ou par le bouche-à-oreille (21 %). Une majorité est constituée d’habitués : 62 % viennent à tous les cafés et 60 % depuis plus de un an. Seules 13 % viennent pour la première fois. L’envie d’échanger avec des pairs (71 %) et de s’informer auprès de professionnels (66 %) sont les principales raisons avancées pour fréquenter le café des aidants. Le besoin de prendre du recul sur sa situation personnelle (43 %) ou le souhait d’apporter son expérience à d’autres personnes (34 %) sont également évoqués. L’étude distingue quatre types d’aidants :
  • « l’habitué » (59 %) est une personne « ressource » majoritairement inactive qui partage ses « trucs et astuces » ;
  • « l’occasionnel » (28 %) rencontre plus de difficultés à venir en raison du trajet, des réticences à laisser son proche seul, de ses horaires de travail ou parce qu’il a du mal à s’autoriser à prendre le temps nécessaire. il a plus fréquemment recours à d’autres dispositifs d’appui aux aidants ;
  • « le nouveau » (10 %), souvent épuisé, a besoin de prendre du recul, d’exprimer ce qu’il ressent et recherche des conseils ;
  • « l’ancien aidant » (3 %) continue à fréquenter le café, même s’il a perdu son proche, car il est attaché à la convivialité.
Les effets sur les participants...
Dès la première venue, les aidants relativisent leur situation et trouvent un réconfort : 74 % d’entre eux affirment en effet que « le café leur a permis de réaliser qu’ils ne sont pas seuls à vivre cette situation », 75 % qu’ils « peuvent s’exprimer sans être jugé(e) », 61 % déclarent que les échanges leur « apportent un réconfort » et 58 % qu’ils « passent un bon moment ». A l’issue de la première année de fréquentation des cafés, 56 % se sentent reconnus en tant qu’aidants, ils deviennent conscients de la nécessité de s’occuper d’eux, de prendre soin de leur santé (38 %) et des opportunités d’aides existantes (36 %). Une partie des aidants reprend des activités personnelles (24 %), s’informe, se forme ou met en place des solutions de répit (recours à des professionnels d’aide ou de soins à domicile, à l’hébergement temporaire ou réflexion sur une entrée en institution). En tout état de cause, 72 % considèrent mieux vivre la situation d’aidant depuis qu’ils fréquentent le café.
... et sur la relation d’aide
Pour les deux tiers des aidants interrogés, la relation d’aide s’améliore, « grâce à une meilleure compréhension des effets de la maladie sur le comportement du proche aidé, à une plus grande facilité à poser ses limites ou à une meilleure communication ». Pour le tiers restant, en revanche, la venue au café des aidants n’a pas modifié la relation avec le proche, le café étant avant tout un temps pour l’aidant lui-même.
Une offre qui n’atteint pas toujours son public
Si la formule connaît un réel succès, notamment parce qu’elle remet « l’humain au centre », elle ne peut toutefois pas « être en soi une “solution” adaptée à tous les aidants car ils n’ont pas tous les mêmes besoins, et l’offre ne peut pas toujours atteindre ceux qui en auraient besoin », note l’étude. En milieu rural, par exemple, « le manque d’anonymat et la peur du “qu’en dira-t-on” peuvent constituer un vrai frein ».


(1)
Il s’est substitué au congé de soutien familial au 1er janvier 2017.


(2)
« Café des aidants : des rencontres aux effets multiples », Etude d’impact, rapport final, avril 2017, disponible sur www.aidants.fr. L’étude réalisée s’appuie sur 11 observations de cafés des aidants – sélectionnés selon des critères géographiques (urbain/rural), d’ancienneté et selon le type de porteur de projet –, 50 entretiens conduits sur le terrain ou au téléphone avec les aidants, des animateurs, des porteurs de projets et des partenaires et enfin sur un questionnaire diffusé à l’ensemble des cafés, qui a recueilli 240 réponses, soit 35 % des aidants bénéficiaires.


(3)
Des initiatives locales avaient toutefois vu le jour dès le milieu des années 2000.


(4)
Le rôle de ces professionnels est de veiller à ce que chaque aidant puisse s’exprimer, à interrompre les interventions trop longues tout en valorisant ce qui est dit, à recentrer le débat sur la thématique et cadrer les prises de parole. Ils sont là pour être des « facilitateurs bienveillants », se plaçant parfois en retrait pour laisser les aidants échanger entre eux.


(5)
Les cafés des aidants sont portés par une pluralité d’acteurs, parties prenantes du projet politique de l’association par le biais de la signature d’une convention de partenariat valant adhésion à l’association. Les porteurs de projet sont des structures de suivi (CCAS, services d’aide à domicile, établissements, réseaux de santé...) ou de coordination (CLIC, MDPH...) s’adressant aux personnes en difficulté de vie ou encore à toute structure agissant dans les champs du handicap, du grand-âge ou de la santé.


(6)
Viennent ensuite le handicap physique (20 %), le handicap mental (10 %), le handicap psychique (8 %) et les autres situations (13 %).

SECTION 2 - LE CONGÉ DE PROCHE AIDANT

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur