Les équipes mobiles vont à la rencontre de personnes à la rue afin de recréer du lien social, de leur redonner confiance et de les aider, de manière ponctuelle ou durable. Elles interviennent, selon les cas, lors de tournées de jour ou de nuit.
Un rapport sur l’organisation de la veille sociale en Ile-de-France distingue plusieurs types d’interventions (1) :
- la maraude d’intervention sociale est une maraude qui ne cherche pas à retirer en urgence la personne de sa situation. « Lorsqu’une personne est à la rue depuis plusieurs mois ou plusieurs années, il n’y a pas une urgence absolue à lui trouver un hébergement, sauf dans les cas où les conditions climatiques l’exigent et où la personne le demande. Par le “travail social à la rue”, le principe est d’établir un contact avec la personne et, progressivement, de faire advenir chez elle le besoin d’entrer dans un processus de sortie de la rue, opération qui va prendre plusieurs semaines au cours desquelles la maraude d’intervention sociale interviendra régulièrement » ;
- la maraude visant à porter « un diagnostic pour déterminer ce qu’il convient de faire dans l’immédiat ; dans cette conception, la maraude est particulièrement attentive à l’aspect physique de la personne et à l’identification de problèmes médicaux qui exigeraient une prise en charge rapide ».
Il existe également des maraudes « spécialisées » ou « thématiques » (équipes spécialisées dans la lutte contre la tuberculose, dans la prise en charge psychiatrique, cf. encadré, p. 18).
Par ailleurs, certaines maraudes se sont donné pour mission d’apporter de la nourriture ou encore de transporter les personnes vers les hébergements d’urgence. Il en est ainsi notamment :
de la brigade d’aide aux personnes sans abri (BAPSA) ;
du recueil social de la RATP ;
de l’opération « aide, transport, logis, accueil, soins » (ATLAS) conduite par la RATP.
Les premières équipes mobiles ont été initiées par le Samu social de Paris. En 1993, le premier Samu social est en effet créé à Paris à l’initiative du docteur Xavier Emmanuelli. Il agit notamment au travers de ce type d’équipes de nuit ou de jour. L’intervention de ce Samu social repose sur une « approche professionnelle de lutte contre la grande exclusion » qui « vise à apporter à tout moment, de jour comme de nuit, une assistance aux personnes sans domicile fixe et à rechercher la réponse la plus adaptée au besoin qu’elles expriment. La méthode consiste à aller vers les personnes, à offrir une permanence 24 heures sur 24, à rechercher des solutions d’hébergement d’urgence et à favoriser la sortie d’urgence en lien avec les partenaires de l’insertion. Elle laisse toutefois les personnes libres de leurs décisions » (2).
« Inaugurée par le Samu social de Paris, cette approche a été reprise dans toute la France, et a aussi participé à la naissance du Samu social international, une organisation non gouvernementale qui déploie aujourd’hui ses activités dans le monde entier. »
Par ailleurs, la Croix-Rouge française est le premier opérateur du Samu social en France avec 200 équipes mobiles/samu sociaux dans 78 départements selon les chiffres de 2014 (3).
En 2005, un cahier des charges a défini les conditions de création d’équipes mobiles spécialisées en psychiatrie permettant de favoriser l’accès aux soins et la prise en charge des personnes en situation de précarité et d’exclusion faisant état de souffrances d’ordre psychique. Ces équipes constituent un dispositif complémentaire situé à l’interface du dispositif de soins psychiatriques de droit commun et du dispositif social, afin de mieux appréhender la spécificité des besoins des publics concernés, tout en veillant à respecter le principe de libre choix de ces patients.
Leur champ d’intervention
Le champ d’intervention des équipes mobiles spécialisées en psychiatrie vise :
- les personnes en situation de précarité et d’exclusion elles-mêmes, qu’elles relèvent d’une pathologie psychiatrique avérée ou d’une souffrance psychique générée par la situation de précarité et d’exclusion ;
- les acteurs de première ligne exprimant des difficultés face à des manifestations de souffrance ou de troubles psychiques des usagers suivis et nécessitant un étayage, un soutien et une formation pour le repérage des problématiques, le décodage et l’analyse des demandes, la mise en œuvre des premiers stades de l’écoute et du soutien.
Leurs missions
La première mission des équipes mobiles spécialisées en psychiatrie vise à aller au-devant de ces publics quel que soit le lieu où leurs besoins s’expriment ou sont repérés (populations précarisées dans un quartier, accueillies en institutions sociales, grands désocialisés, jeunes ou adultes, pathologie mentale avérée ou non, à la rue...), afin de faciliter la prévention, le repérage précoce et l’identification des besoins, l’orientation et l’accès au dispositif de soins lorsqu’il est nécessaire. Cette mission consiste ainsi à identifier les besoins non repérés ou non pris en charge dans les dispositifs de droit commun afin d’envisager l’orientation, les modalités d’accueil et l’aménagement de compétences spécifiques en faveur de ces publics. Pour ce faire, ces équipes peuvent assurer des permanences dans les lieux sociaux repérés et fréquentés par les personnes en difficulté et participer à des interventions mobiles ou dans la rue, proposer des entretiens individuels ou des prises en charge dans le cadre de groupes d’échanges ou de parole, d’ateliers thérapeutiques.
Ces équipes doivent également soutenir les travailleurs sociaux et les équipes médico-sociales confrontés à des situations de vulnérabilité sociale et psychique, afin d’améliorer les connaissances des acteurs de première ligne par des actions d’information, de sensibilisation et de formation.
Elles doivent faciliter l’organisation des parcours permettant aux publics d’accéder aux soins et de bénéficier de prises en charge globales et continues.
Leur organisation
Ces équipes doivent avoir une composition pluridisciplinaire (médecin, infirmier, psychologue, secrétaire...) et sont rattachées à un établissement de santé au sein duquel les relations avec les autres secteurs de l’établissement doivent être clairement formalisées.
Les relations avec les partenaires de première ligne et les établissements de santé généraux, notamment les services d’urgences, doivent également faire l’objet d’une formalisation définissant les modalités de recours, de relais et d’intervention réciproques, dans le cadre de conventions.
[Circulaire DHOS/O2/DGS/6C/DGAS/1A/1B n° 2005-521 du 23 novembre 2005, NOR : SANH0530523C, BO Santé-Protection sociale-Solidarités, n° 2006/1]
(1)
Blanchard P., Guillermo V., Paul S., Maysonnave C., « Rapport relatif à l’organisation de la veille sociale en Ile-de-France », IGAS, août 2010, accessible sur www.ladocumentationfrancaise.fr