Selon le dernier recensement mené par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour l’année 2013-2014 (1), 18 200 étudiants handicapés ont été comptabilisés, incluant ceux qui sont scolarisés à l’université, mais également ceux qui sont en sections de techniciens supérieurs ou dans des classes préparatoires aux grandes écoles (au lieu de 8 411 en 2005-2006), soit en moyenne une augmentation de 14 % par an depuis 2005.
Les étudiants handicapés sont donc chaque année plus nombreux à s’inscrire : en cinq ans, leur nombre a doublé. Ils sont très majoritairement à l’université : 16 567 étudiants handicapés, représentant près de 90 % de l’ensemble de ces derniers.
« Mouvement général d’allongement de la durée des études, personnalisation, diversification et meilleure connaissance des dispositifs d’aide expliquent cette progression », souligne le document statistique du ministère. « Les freins pour l’entrée dans l’enseignement supérieur se sont donc considérablement réduits depuis l’entrée en vigueur de la loi du 11 février 2005. Toutefois, dans les universités, la répartition des étudiants handicapés recensés se distingue de celle de l’ensemble des étudiants. Ils se concentrent en licence et deviennent moins nombreux au fil du cursus universitaire. »
Les étudiants handicapés peuvent se référer aux outils d’information suivants, notamment cités dans le « Guide pratique pour les référents handicap » de la Conférence des grandes écoles, sans pouvoir être exhaustif :
- le site Internet Handi’U est un dispositif qui s’adresse aux étudiants handicapés en milieu universitaire (2). Il comporte des fiches détaillées de tous les établissements publics de l’enseignement supérieur en France. Elles concernent les conditions d’accessibilité, l’accueil et l’accompagnement des étudiants en situation de handicap. Le site propose également des informations sur les droits à l’orientation, à la formation, les moyens mis en œuvre pour la vie quotidienne des étudiants handicapés ;
- l’Association nationale pour le droit au savoir et à l’insertion professionnelle des jeunes personnes handicapées, créée en 2001 et regroupant 35 acteurs du handicap, vise à promouvoir la scolarisation au-delà de 16 ans. Elle propose notamment des fiches « Handicap » offrant, par type de handicap, des pistes d’aménagements possibles ainsi qu’une brochure d’information (3) ;
- le site Starting Block vise à « favoriser l’intégration sociale des jeunes en situation de handicap et construire une société inclusive ». Il propose des activités favorisant la mixité et suscite l’engagement des jeunes autour du handicap, au collège, au lycée et dans l’enseignement supérieur (4). De plus, l’association accompagne des jeunes en situation de handicap pour les aider à se projeter dans un avenir étudiant et professionnel. Les actions proposées dans le cadre du projet « Handivalides, du collège au premier emploi » touchent notamment les 9-18 ans (jumelage, tutorat, sensibilisations...) et les 18-30 ans (campagne Handivalides). S’agissant des campagnes Handivalides, elles ont lieu sur les campus et visent, par des mises en situation et des temps de réflexion, à susciter une meilleure perception de la complexité des situations de handicap et des comportements plus adaptés. Il s’agit également d’encourager les politiques « handicap » des universités et grandes écoles partenaires et de faire émerger des solutions concrètes quant à la situation des étudiants handicapés.
Il existe également des associations visant à accompagner les étudiants dans la construction de leur parcours professionnel. Elles sont, selon les cas, généralistes ou spécialisées dans des typologies de handicap :
- l’association CED, Handicap et diversité, propose notamment un programme « Hanploi and school » visant à sensibiliser les étudiants, à former les référents handicap et à accompagner les étudiants handicapés dans leur recherche d’emploi (5) ;
- la Fédération d’associations étudiantes sur le handicap et réseau d’entraide d’étudiants et jeunes diplômés handicapés (Fédéeh) vise à optimiser les conditions de formation et d’insertion professionnelle des jeunes handicapés. Dans ce cadre, elle a initié un programme Par delà le Handicap, Avancer et Réussir des Etudes supérieures (Phares) qui propose un tutorat étudiant d’élèves handicapés du secondaire. Elle accorde également des bourses pour soutenir les meilleures initiatives d’associations étudiantes dans le champ du handicap et d’autres pour conforter les parcours d’étudiants ayant un projet de licence ou de master pour favoriser la poursuite d’études des étudiants handicapés (6) ;
- l’association Tremplin – Etudes, handicap, entreprises, créée en 1992 à l’origine par quatre grands groupes, vise à impliquer les grandes, moyennes et petites entreprises dans la préparation à l’insertion professionnelle des personnes handicapées inscrites dans un parcours de formation. La mission de cette association est triple : encourager, et cela quelle que soit leur région, les lycéens et étudiants en situation de handicap à poursuivre leur parcours vers des études supérieures ; les préparer tout au long de leurs études à leur future insertion professionnelle par un accompagnement individualisé ; accompagner les entreprises partenaires dans la mise en œuvre d’actions concrètes d’accueil, de formation et d’intégration de personnes en situation de handicap, dans leurs différents établissements et leurs différentes activités (7).
Pour autant, au regard des premier et second degrés, l’entrée dans les études supérieures reste en retrait. Pour le rapport d’information du Sénat sur l’application de la loi du 11 février 2005, rendu public en juillet 2012, les freins sont nombreux (8) : « peu de débouchés en lycée d’enseignement général : en classe ordinaire au lycée, 53 % des élèves handicapés fréquentent une classe de l’enseignement professionnel contre 32 % pour l’ensemble des élèves », le « découragement des enfants et des parents », le « manque de synergie entre les enseignants référents du secondaire et ceux du supérieur... »
Il reste néanmoins que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche consacre chaque année des fonds pour le financement d’un certain nombre d’actions en faveur des étudiants handicapés. Ainsi, le projet de budget pour 2016 prévoit-il 1,3 million pour l’accompagnement spécialisé des élèves handicapés accueillis dans les classes postbaccalauréat des établissements secondaires (BTS et classes préparatoires aux grandes écoles). Cette aide peut prendre la forme d’un interprétariat en langue française des signes, d’un codage en langage parlé complété, d’une aide au français écrit par un professionnel de la surdité (prises de notes) ou de toute autre aide technique au travail personnel. Par ailleurs, 7,5 millions d’euros devraient être dédiés à la santé et à l’accompagnement des étudiants handicapés.
(1)
MESR, « L’état de l’enseignement supérieur et de la recherche en France », n° 8, juin 2015, fiche 24, accessible sur http://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/8/EESR8_ES_24-les_etudiants_handicapes_dans_l_enseignement_superieur.php
(4)
www.starting-block.org
(6)
www.fedeeh.org
(8)
Sénat, rapport d’information n° 635, Campion C.-L. et Debré I., juillet 2012, p. 58.