Pour Perrine Obonsawin, directrice adjointe d’un service d’action éducative en milieu ouvert, l’utilisation des espaces de rencontre dans un contexte de violences conjugales implique de se « méfier d’une posture idéologique » consistant à vouloir maintenir à tout prix les liens entre parent violent et enfant. Car « les intervenants sont confrontés à la terreur de certaines femmes, et parfois de leurs enfants, à l’idée d’être à nouveau confrontés à l’ex-conjoint violent. La salle d’attente se transforme parfois en lieu de souffrance extrême avec des enfants qui refusent catégoriquement d’aller à la rencontre de leur père. Des enfants qui présentent des manifestations somatiques très claires : pâleur, repli, cris, pleurs, pipi sur soi... » (1).
C’est pourquoi, dans le service de Perrine Obonsawin, un protocole de rencontre a été défini reposant sur des arrivées différées pour chacun des parents. « Les rencontres ne sont organisées qu’après qu’aient pu avoir lieu les entretiens individuels avec chacun des parents et avec l’enfant. Les rencontres se passent toujours de la même façon :
- un entretien avec le parent visiteur ;
- la rencontre en elle-même ; à la fin du temps de rencontre, le parent visiteur quitte les lieux ;
- un entretien avec le ou les enfants. »
(1)
Obonsawin P., « La violence intrafamiliale en espaces de rencontre », intervention à la journée d’étude « La parentalité à l’épreuve des violences intrafamiliales » de la Fenamef, 9 avril 2015.