Recevoir la newsletter

Le repérage des violences par les travailleurs sociaux

Article réservé aux abonnés

[Miprof - fiche réflexe travailleurs sociaux]
Le repérage des violences conjugales est essentiel à la prise en charge des victimes. Pour aider les travailleurs sociaux, un outil de formation a été élaboré par la Miprof comprenant un film intitulé Anna et des fiches dont une s’adresse tout particulièrement à ces professionnels (1).


A. LE QUESTIONNEMENT SYSTÉMATIQUE

Ce document souligne que « si le repérage semble évident lorsque des traces physiques de coups sont visibles ou qu’une plainte a été déposée, il est plus difficile lorsqu’il s’agit de signaux diffus ou émis de manière indirecte, même pour des métiers spécialistes de la relation ».
C’est pourquoi il préconise un questionnement systématique à l’occasion de chaque demande envers le service social, même sans rapport avec la question des violences conjugales. Pour la Miprof, cela permet d’ouvrir « un espace de parole à l’initiative du/de la professionnel(le) ».
Ainsi, les travailleurs sociaux sont-ils invités à poser la question suivante : « Je souhaiterais savoir si vous avez subi ou subissez actuellement des violences ? dans votre travail dans votre couple ? » ou « Avez-vous été victime de violences dans votre vie, dans l’enfance, au travail, dans votre couple ? »
Ils doivent être attentifs à la réponse verbalisée mais également aux aspects non verbaux (gestes, regards, attitudes, pleurs...) ainsi qu’aux signes des violences notamment en cas de problèmes de santé chroniques, de blessures à répétition...


B. L’ENTRETIEN AVEC LA VICTIME

Le document de la Miprof met en avant l’importance d’un entretien avec la victime en vue de lui permettre de redevenir « sujet » et non plus « objet ». A cet égard, les travailleurs sociaux sont invités à ne pas tenir un discours infantilisant, moralisateur ou culpabilisant et à ne pas proposer à la victime des démarches hors de portée pour elle. Ils doivent au contraire lui offrir une écoute bienveillante, respectueuse, active et sécurisante (« je vous crois », « vous n’y êtes pour rien », « l’agresseur est le seul responsable », « la loi interdit et punit les violences »).


C. L’ÉVALUATION DE LA SITUATION

Le travailleur social doit ensuite évaluer la situation de la victime « en repérant et analysant les besoins exprimés par la victime et ses ressources et son réseau personnel », en « identifiant les risques de danger et le degré d’urgence » et en « situant son action par rapport au cycle de la violence ».
Cette évaluation permet ensuite d’élaborer des mesures d’accompagnement voire des mesures de protection comme le « Téléphone grave danger » ou l’ordonnance de protection (cf. infra, chapitre 2, sections 1 et 2).
Le document de la Miprof fixe une liste de critères à prendre en compte :
  • l’état de vulnérabilité de la victime (état de grossesse, handicap, maladie) ;
  • la fréquence et la gravité des violences commises à son encontre (menaces de mort, tentative d’homicide, viol, violences avec arme) ;
  • l’existence de violences commises à l’encontre d’autres personnes (des tiers, des enfants, d’autres membres de la famille...) ;
  • la présence d’enfants au domicile ;
  • le danger encouru (par rapport à la victime – peur, risques suicidaires, conduites addictives, isolement... – et à l’auteur – antécédents judiciaires et psychiatriques, mesures judiciaires d’interdiction de rencontrer la victime prononcées à son encontre, présence d’une arme au domicile...) ;
  • les risques de représailles (les moments de l’annonce de la rupture ainsi que les premiers temps de la séparation du couple démultiplient et intensifient les risques de passage à l’acte) ;
  • les démarches sociales, médicales et juridiques entreprises ou envisagées par la victime (divorce, garde des enfants, plainte, main courante ou procès-verbal de renseignement judiciaire, visite médicale...) ;
  • l’hébergement (possibilités de relogement dont dispose l’auteur et l’hébergement de la victime hors domicile conjugal, le titre d’occupation et les titulaires – bail, propriété).
Le travailleur social doit également tenir compte du moment dans lequel se trouve la victime par rapport au cycle de la violence (2) et adapter son discours aux stratégies de domination de l’auteur des violences. Pour ce faire, le document liste une série de reproches que peut exprimer l’auteur des violences en l’associant aux comportements et réponses que doit apporter le travailleur social.


D. LA RÉDACTION D’UNE ATTESTATION

Dans le cadre de démarches judiciaires, la victime de violences conjugales a besoin de fournir des éléments probants. A cet effet, le travailleur social peut établir, à la demande de cette dernière, une attestation.
Selon le document de la Miprof, qui propose également un modèle d’attestation à l’attention des travailleurs sociaux (cf. annexe 1, p. 80), ce document doit obéir à certaines règles. Outre d’être rédigée « lisiblement » et « sans termes techniques, ni abréviation », l’attestation doit être remise directement et uniquement à la victime avec qui le travailleur social s’est entretenu et en aucun cas à un tiers (un double est conservé par le professionnel). Elle doit également mentionner la date du commencement de l’accompagnement de la personne et rapporter les propos de la personne sur le mode déclaratif et entre guillemets (« X dit avoir été victime de... ») pour chaque rencontre ou intervention.
Par ailleurs, l’attestation ne doit pas se prononcer sur la réalité des faits, ni sur la responsabilité d’un tiers et une lecture doit en être faite à la personne. Enfin, elle doit être datée (du jour de sa rédaction, même si les faits sont antérieurs) et signée.
Il peut être utile de conseiller à la femme victime de prendre des photos des traces de coups et de les conserver, notamment dans une boîte électronique inconnue de l’agresseur. Il en est de même pour les SMS ou courriels de l’agresseur.


Conseils en vue d’une séparation

Le guide de la Miprof intitulé « Livret d’accompagnement du court-métrage de formation Anna » propose des conseils à l’attention des femmes qui ne sont pas encore prêtes à se séparer de l’auteur des violences afin de leur permettre de faire face à une situation de crise (3) :
  • identifier des personnes pouvant lui venir en aide en cas d’urgence ;
  • enregistrer dans son portable et apprendre par cœur les numéros de téléphone importants (services de police, SAMU, permanences téléphoniques de services d’aide aux victimes) ;
  • informer les enfants sur la conduite à tenir (aller chez les voisins, téléphoner au 17...) ;
  • scanner et enregistrer dans une boîte mail connue uniquement de la femme ou déposer en lieu sûr (chez son avocat, des proches ou des associations) certains documents (papiers d’identité, carte de sécurité sociale, bulletins de salaires, diplômes, documents bancaires, titres personnels de propriété...), ainsi que les éléments de preuve qui constituent son dossier (certificats médicaux, récépissé de dépôt de plainte et/ou main courante, décisions judiciaires...) ;
  • ouvrir un compte bancaire personnel à son nom de naissance avec une adresse différente de celle de l’auteur.


(1)
Ces documents sont disponibles auprès de la Miprof sur demande à formation@miprof.gouv.fr


(2)
Le cycle de la violence conjugale comprend en effet quatre phases : la lune de miel, la phase de tensions, la phase de l’agression et la phase de justification (cf. supra, Introduction).


(3)
Miprof, « Livret d’accompagnement du court-métrage de formation Anna », novembre 2014, disponible sur demande à formation@miprof.gouv.fr

SECTION 3 - LES MODALITÉS DE TRAITEMENT DES SIGNALEMENTS

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur