Outre l’exclusion de ses titulaires du décompte des effectifs de l’entreprise, le contrat de professionnalisation ouvre droit pour l’employeur à un certain nombre d’aides financières.
A. L’EXCLUSION DES EFFECTIFS
[Code du travail, articles L. 1111-3 et L. 6325-4]
Les titulaires d’un contrat de professionnalisation sont exclus du décompte des effectifs de l’entreprise pour l’application des dispositions légales et réglementaires, à l’exception de la tarification des risques accidents du travail et maladies professionnelles (1).
Ils ne sont pas non plus pris en compte pour le calcul du nombre de salariés simultanément absents au titre de congés de formation.
Les partenaires sociaux ont parfois aménagé les règles légales. Ainsi, l’article 5-7 de la convention collective nationale des missions locales et PAIO du 21 février 2001 (Formation professionnelle, avenant n° 4 du 15 janvier 2002) a prévu que les salariés sous contrat de professionnalisation sont pris en compte dans l’effectif.
(A noter)
Lorsque le contrat de professionnalisation est à durée indéterminée, l’exclusion des effectifs s’applique uniquement pendant la durée de l’action de professionnalisation.
B. LES AIDES FINANCIÈRES
Pour toute embauche en contrat de professionnalisation d’un jeune de 16 à 25 ans révolus ou d’un demandeur d’emploi de 26 ans et plus inscrits à Pôle emploi, l’employeur peut prétendre à certaines aides.
I. La réduction générale de cotisations patronales
Les contrats de professionnalisation conclus avec des jeunes de moins de 26 ans n’ouvrent pas droit pour l’employeur à un régime d’exonération spécifique de charges sociales, contrairement à ceux qui sont passés avec des demandeurs d’emploi âgés de 45 ans et plus (2). C’est la réduction générale de cotisations (« réduction Fillon ») qui s’applique au même titre que pour les bénéficiaires de contrats de professionnalisation ne relevant pas de la catégorie des demandeurs d’emploi âgés de 45 ans et plus.
II. L’aide aux groupements d’employeurs
[Code du travail, article L. 6325-17 ; articles D. 6325-19 et D. 6325-19-1, D. 6325-23 à D. 6325-27 ; arrêté du 17 novembre 2006, NOR : METF0611885A, JO du 29-11-06]
Les groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ) qui recrutent en contrat de professionnalisation des jeunes de 16 à 25 ans rencontrant des difficultés particulières d’accès à l’emploi peuvent bénéficier d’une aide forfaitaire de l’Etat et d’une exonération de la cotisation accident du travail.
a. L’aide pour l’accompagnement personnalisé vers l’emploi
Les groupements d’employeurs qui organisent, dans le cadre du contrat de professionnalisation, des parcours d’insertion et de qualification au profit de jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire sans qualification ou rencontrant des difficultés particulières d’accès à l’emploi peuvent bénéficier d’une aide de l’Etat pour l’accompagnement personnalisé vers l’emploi de ces jeunes.
Ils doivent conclure une convention avec l’Etat précisant :
- le nombre prévisionnel d’accompagnements dans l’année de jeunes de 16 à 25 ans, recrutés en contrat de professionnalisation ;
- les secteurs d’activité concernés, les qualifications préparées, les postes de travail sur lesquels les bénéficiaires du contrat sont embauchés ;
- le contenu et les modalités de mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé vers l’emploi ;
- le nombre et la qualité des personnes chargées de l’accompagnement.
Chaque année, un bilan d’exécution de la convention doit être établi.
L’aide de l’Etat est attribuée chaque année, en fonction du nombre d’accompagnements prévus au profit de jeunes de 16 à 25 ans recrutés en contrat de professionnalisation. Cette aide est calculée sur une base forfaitaire par accompagnement et par an. Le montant de l’aide est fixé à 686 € par accompagnement et par an depuis 2006. Elle se cumule avec les exonérations de cotisations patronales de sécurité sociale dont bénéficient les groupements d’employeurs au titre des assurances sociales et des allocations familiales.
L’aide est versée à raison de :
- 75 % du montant prévisionnel de l’aide à la conclusion de la convention ;
- le solde après examen par la Direccte du bilan d’exécution de la convention (déduction faite des sommes correspondant aux accompagnements non réalisés).
b. L’exonération de la cotisation patronale d’accident du travail
Les groupements d’employeurs, bénéficiant de l’aide pour l’accompagnement personnalisé vers l’emploi, ouvrent droit à une exonération des cotisations patronales au titre des accidents du travail et des maladies professionnelles.
En cas de suspension du contrat de travail avec maintien total ou partiel de la rémunération mensuelle brute du salarié, le nombre d’heures rémunérées pris en compte pour le calcul de l’exonération est égal au produit de la durée de travail que le salarié aurait accomplie s’il avait continué à travailler et du pourcentage de la rémunération demeuré à la charge de l’employeur et soumis à cotisation.
Ce nombre d’heures rémunérées ne peut excéder, au titre du mois civil considéré, la durée légale ou conventionnelle du travail.
III. L’aide forfaitaire à l’employeur
L’aide forfaitaire à l’employeur est une aide de Pôle emploi visant à inciter les entreprises à embaucher et à former, dans le cadre du contrat de professionnalisation, des demandeurs d’emploi inscrits âgés de 26 ans et plus, ayant des difficultés d’insertion dans un emploi durable.
a. Employeurs et demandeurs d’emploi concernés
[Délibération Pôle emploi n° 2011/18 du 24 mai 2011, BOPE n° 50 du 1er juin 2011 ; instruction Pôle emploi n° 2011-94 du 31 mai 2011, BOPE n° 71 du 3 août 2011]
Toute entreprise, quel que soit son effectif, située en métropole, dans les DOM (Réunion, Guyane, Martinique, Guadeloupe) ou dans les collectivités territoriales de Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy et Saint-Martin, qui embauche dans le cadre d’un contrat de professionnalisation un demandeur d’emploi âgé de 26 ans et plus, peut demander le versement de l’aide forfaitaire à l’employeur.
L’employeur ne doit pas avoir procédé à un licenciement économique sur le poste pourvu par le recrutement en contrat de professionnalisation dans les six mois qui précèdent l’embauche.
Le demandeur d’emploi doit, quant à lui, être inscrit sur la liste des demandeurs d’emploi à la veille de l’embauche en contrat de professionnalisation ou, au plus tard, à la veille de la signature du contrat de professionnalisation. La délibération du conseil d’administration de Pôle emploi du 24 mai 2011 précise que le demandeur d’emploi doit présenter des difficultés d’insertion dans un emploi durable.
L’aide ne peut être attribuée si le titulaire du contrat a appartenu à l’effectif de l’entreprise au cours des six derniers mois précédant la date de début de contrat.
b. Les modalités de la demande
[Délibération Pôle emploi n° 2011/18 du 24 mai 2011 ; instruction Pôle emploi n° 2011-94 du 31 mai 2011]
La demande d’aide est effectuée à l’aide d’un formulaire (3), qui doit être adressé, dûment rempli et signé par l’employeur, à Pôle emploi, accompagné des pièces justificatives demandées au plus tard trois mois après la date d’exécution du contrat de professionnalisation.
Le formulaire permet de solliciter à la fois l’aide forfaitaire à l’employeur et l’aide de l’Etat pour l’embauche d’un demandeur d’emploi âgé de 45 ans et plus en contrat de professionnalisation.
c. Le montant et le versement de l’aide
[Délibération Pôle emploi n° 2011/18 du 24 mai 2011 ; instruction Pôle emploi n° 2011-94 du 31 mai 2011]
L’aide forfaitaire à l’employeur est plafonnée à 2 000 € pour un même contrat et est versée en deux fois :
- le premier versement d’un montant de 1 000 € à l’issue du 3e mois d’exécution du contrat de professionnalisation à durée déterminée ou de l’action de professionnalisation du contrat à durée indéterminée ;
- le second versement d’un montant de 1 000 € est dû à l’issue du 10e mois d’exécution du contrat ou de l’action de professionnalisation.
Si le salarié est à temps partiel, l’aide est calculée prorata temporis ; si le contrat est suspendu (maladie, maternité, etc.), le versement de l’aide n’en est pas pour autant suspendu.
Avant la fin du 3e et du 10e mois, Pôle emploi adresse à l’employeur une déclaration d’actualisation lui permettant d’attester que le contrat ou l’action de professionnalisation est toujours en cours ou d’indiquer tout changement de sa situation ou de celle du salarié. Si le contrat ou l’action de professionnalisation est arrivé à l’échéance ou a été interrompu avant l’une des échéances ci-dessus mentionnées, l’aide correspondant à la période considérée n’est pas due. Le versement de l’aide est suspendu si l’employeur ne retourne pas dans les délais la déclaration d’actualisation ou s’il la retourne non signée ou incomplète. Il est également suspendu si l’employeur n’est pas à jour de ses obligations déclaratives et du paiement des cotisations et contributions de sécurité sociale ou d’assurance chômage ou n’a pas souscrit de plan d’apurement des cotisations restant dues. L’employeur dispose d’un délai de 15 mois à partir du début de l’exécution du contrat pour se mettre en conformité avec ses obligations pour obtenir le paiement de l’aide.
L’aide n’est versée que tant que l’enveloppe financière allouée à ce dispositif n’est pas épuisée.
d. Le cumul avec d’autres aides
L’aide ne peut être cumulée avec aucune autre aide à l’embauche à l’exception de l’aide de l’Etat pour l’embauche des demandeurs d’emploi de 45 ans et plus en contrat de professionnalisation, prévue par décret du 16 mai 2011.
Cette aide est en revanche cumulable avec les exonérations de certaines cotisations patronales de sécurité sociale applicables pour les demandeurs d’emploi de 45 ans et plus dans le cadre du contrat de professionnalisation.
L’aide est également cumulable avec les aides versées par l’Agefiph et avec la garantie de ressources des travailleurs handicapés.
IV. Les aides pour l’embauche de personnes handicapées
a. Une aide à l’embauche
Cette aide a pour objectif d’inciter les entreprises à embaucher des personnes handicapées souhaitant acquérir une qualification tout en travaillant. Elle est ouverte à l’employeur qui conclut avec une personne handicapée, quel que soit son âge, un contrat de professionnalisation d’au moins six mois. Le contrat peut être à temps plein ou à temps partiel, avec une durée hebdomadaire d’au moins 16 heures.
Le montant de l’aide dépend de la nature et de la durée du contrat :
- 1 500 € pour un CDD compris entre six et 11 mois ;
- 3 000 € pour un CDD de 12 mois auquel s’ajoute un forfait de 1 500 € par semestre supplémentaire, soit 4 500 € pour un contrat de plus de 12 mois et d’au plus 18 mois et 6 000 € pour un contrat de plus de 18 mois et d’au plus 24 mois ;
- pour un CDI, l’aide est de 7 500 €.
La demande d’aide doit être adressée à la délégation régionale de l’Agefiph, dans les trois mois suivant la date d’embauche.
La personne handicapée engagée en contrat de professionnalisation peut également bénéficier, sous réserve de remplir certaines conditions, d’une aide financière de l’Agefiph.
b. L’aide à la pérennisation à la suite du contrat de professionnalisation
Cette aide a pour objet d’inciter l’employeur à conserver le salarié handicapé à l’issue du contrat de professionnalisation. Elle est accordée dès lors que l’employeur embauche la personne handicapée, en CDI ou en CDD d’au moins 12 mois, sans délai à la fin du contrat de professionnalisation.
Son montant est de 4 000 € pour une embauche en CDI à temps plein et de 2 000 € pour un CDD d’au moins 12 mois à temps plein. Ces montants sont réduits de moitié pour un contrat à temps partiel d’une durée hebdomadaire minimale de 16 heures. Cette aide n’est pas renouvelable.
La demande d’aide doit être envoyée à la délégation régionale de l’Agefiph, dans les trois mois suivant la date d’embauche.
(1)
Par décision QPC 2011-122 du 29 avril 2011, le Conseil constitutionnel a écarté le grief d’inconstitutionnalité du dispositif neutralisant du calcul des effectifs les jeunes liés par un contrat de professionnalisation. En effet, aucun principe ni aucune règle de valeur constitutionnelle n’interdisent au législateur de prendre des mesures destinées à venir en aide à des catégories de personnes défavorisées. Ce dernier pouvait donc, en vue d’améliorer l’emploi des jeunes et des personnes en difficulté et leur faire acquérir une qualification professionnelle, autoriser des mesures propres à ces catégories de travailleurs. Les différences de traitement qui peuvent en résulter entre catégories de travailleurs ou catégories d’entreprises répondent à ces fins d’intérêt général : elles ne sont pas contraires au principe d’égalité (décision n° 2011-122 QPC du 29 avril 2011, JO du 30-04-11).
(2)
Les embauches en contrat de professionnalisation ouvrent droit à une exonération de cotisations patronales d’assurances sociales (sauf cotisations d’accident du travail et de maladie professionnelle) et d’allocations familiales, lorsque le contrat est conclu avec un demandeur d’emploi âgé de 45 ans et plus (C. trav., art. L. 6325-16).
(3)
Le formulaire de demande est disponible sur le site de Pôle emploi : www.pole-emploi.fr