L’observateur ne peut manquer d’être surpris par une très forte instabilité des ministères sociaux, dont l’appellation et le contenu changent de façon quasi systématique à chaque remaniement du gouvernement. En réalité, derrière ce désordre qui n’est pas qu’apparent se loge une certaine rationalité.
Les ministères traditionnellement qualifiés de sociaux – même si les frontières du social pourraient parfaitement être repoussées pour intégrer le logement et l’éducation en particulier – ont quatre composantes majeures : la santé, le travail et l’emploi, la protection sociale et la solidarité. Un « grand » ministère social les réunit tous les 15 ou 20 ans. En temps « normal », elles sont agencées entre elles en fonction principalement de la personnalité et du poids politique des différents titulaires des portefeuilles, voire de la créativité de l’équipe de Matignon.
A ces quatre composantes, que l’on peut qualifier d’historiques, vient désormais s’en ajouter une cinquième, jeunesse et sports, dont l’arrivée peut être considérée comme parfaitement logique et très probablement durable au regard de la place que représentent la vie associative et l’éducation populaire.
La santé d’une part, le travail et l’emploi d’autre part, constituent les deux pôles autour desquels se positionnent – hors les moments, rares, d’un grand ministère social – les autres composantes. A cet égard, on peut noter deux tendances « lourdes », voire historiques :
- celle qui voit le bloc « protection sociale » (pour l’essentiel le suivi de la sécurité sociale) aller du travail vers la santé en raison du lien fort entre politique de santé et assurance maladie ;
- et celle – sans doute plus récente – qui voit le bloc « solidarité » aller de la santé vers le travail.