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L’ÉVALUATION DE LA RÉCIDIVE EN MATIÈRE D’INFRACTIONS SEXUELLEs

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« La plupart des délinquants sexuels ne récidivent pas au fil des années » : cette affirmation d’Andrew Harris et Karl Hanson, criminologues canadiens reconnus, ne cadre guère avec les convictions les plus ancrées et véhiculées, notamment par le personnel politique (1).
Une recherche portant sur 4 724 délinquants sexuels adultes masculins canadiens, américains et anglais a conclu à un taux global de récidive sur 5 ans de 14 %, sur 10 ans de 19,8 %, et sur 15 ans de 24,2 %, et concorde avec une précédente méta-analyse portant sur 23 393 individus, ayant obtenu une récidive sexuelle globale sur 4 ou 5 ans de 13,4 % (2).
Elle met en évidence un taux de récidive :
  • faible pour les cas d’incestes ou d’agressions de jeunes filles ;
  • élevé pour les hommes agressant des jeunes garçons ;
  • élevé pour ceux qui ont un ou plusieurs antécédents d’agressions sexuelles ;
  • plus faible pour les condamnés âgés de plus de 50 ans.
Cette méta-analyse rejoint les conclusions d’une étude française portant sur l’estimation de la récidive de détenus libérés courant 1996 et 1997 condamnés dans les cinq ans à une nouvelle peine privative de liberté (quelle que soit la nature des nouveaux faits) (3).
Cette étude met également en évidence que les agresseurs sexuels présentent le taux de récidive le plus faible parmi les autres atteintes aux personnes ou aux biens, et que l’existence de condamnations antérieures constitue un indice pertinent.
La même recherche démontre que l’âge à la sortie de prison, l’existence d’une profession ou l’état matrimonial déclarés lors de l’écrou initial sont plus ou moins corrélés à l’existence d’une nouvelle peine privative de liberté.
Deux autres recherches de 2001 et 2004 tendaient à établir que la récidive à l’identique en matière de viols sur 18 ans était de l’ordre de 1 à 2 % (4).
Une étude plus récente de 2008 a recensé les 117 condamnés à perpétuité libérés entre 1995 et 2005, dont 24 présentaient une dimension sexuelle, soit environ 20 %. Parmi ces 117 condamnés libérés, la seule poursuite pour agression sexuelle délictuelle au 1er février 2008 concernait un ancien condamné pour meurtre, soustraction frauduleuse et séquestration, et aucun des criminels sexuels n’avait commis de nouveaux faits enregistrés sous une qualification analogue (5).


(1)
Harris A. et Hanson K., La récidive sexuelle : d’une simplicité trompeuse, 2004, Sécurité publique protection civile du Canada.


(2)
Hanson K. et Bussière M., « Predicting relapse : a meta-analysis of sexual offender recidivism studies », Journal of Consulting and Clinical Psychology, 1998, vol . 66, n° 2, p. 348 à 362.


(3)
Kensey A. et Tournier P.-V., « Sortants de prison : variabilité des risques de retour », Cahiers de démographie pénitentiaire, n° 17, mai 2005 ; Kensey A. et Tournier P.-V., « La récidive des sortants de prison », Cahiers de démographie pénitentiaire, n° 15, mars 2004.


(4)
Lecomte C. et Timbart O., « Les condamnés de 2001 en état de récidive », Infostats justice, n° 68, juillet 2003 ; Kensey A., « Longues peines : 15 ans après », Cahiers de démographie pénitentiaire, n° 14, février 2004.


(5)
Benaouda A. et Kensey A., « La récidive des condamnés à perpétuité », Cahiers d’études pénitentiaires et criminologiques, n° 4, août 2008, p. 5.

SECTION 1 - LES ASPECTS STATISTIQUES ET CRIMINOLOGIQUES

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