Ce n’est pas tout à fait une hémorragie, mais cela pourrait y ressembler. Le métier d’aide médico-psychologique (AMP), ces professionnels qui accompagnement dans leur vie quotidienne des enfants ou adultes en situation de fragilité, de dépendance ou de handicap, peine à garder ses troupes. C’est ce que démontre une étude menée conjointement par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dont les résultats viennent d’être dévoilés. Cette enquête, réalisée sur un peu plus de dix ans auprès des AMP entrés dans la carrière à partir de 2011 et 2012, tend à démontrer que ce métier peine à fidéliser ceux qui l’exercent : 33 % du contingent ne l’exerce plus trois ans après la première année dans la profession, 48 % sept ans après, et 55 % neuf ans plus tard.
Abandons dans un métier pénurique
« À la fin de la période d’observation, un peu moins de la moitié (45 %) des professionnelles exercent comme AMP. À titre de comparaison, il y a ainsi plus de départs que dans le cas des infirmières hospitalières, pour lesquelles 54 % exercent ce même métier après dix ans de carrière », note ainsi la Drees dans les conclusions de son étude. En 2022, 87 000 personnes exerçaient ce métier en France. Dans leur immense majorité des femmes (87 %) pour un salaire moyen de 1 740 € net. Le métier est pourtant en crise : en dépit de l’arrivée sur le marché d’environ 10 000 nouvelles AMP chaque année (dont 7 000 titulaires d’un DEAES), 72 % des employeurs avouent peiner à recruter sur ces postes (contre 57 % sur l’ensemble du marché du travail). Principal frein rencontré : une forte pénibilité et une image dégradée de la profession.
C’est un fait : les AMP désertent rapidement ce métier. Parmi celles ayant quitté la profession au bout de neuf ans, 13 % se dirigent vers d’autres professions de santé, 9 % vers d’autres professions du secteur social et 14 % vers un autre emploi salarié. Les seules à rester durablement dans la carrière sont celles qui y sont entrées entre 35 et 49 ans. Celles-ci ont moins la bougeotte : elles sont 84 % à demeurer AMP après neuf années de carrière. Ce cap des neuf années est d’ailleurs celui de la stabilité professionnelle. Passé ce seuil, 55 % des aides médico-psychologiques demeurent chez le même employeur. L’emploi demeure d’ailleurs globalement plus stable dans le secteur privé non lucratif (67 %) que dans le public (20 %) ou dans le privé lucratif (13 %). Sur le plan territorial, l’Ile-de-France demeure la région la plus employeuse d’AMP (15 %).
Un salaire surtout corrélé au volume horaire de travail
Les conditions d’emploi des AMP s’améliorent avec le temps. Au bout de neuf ans d’ancienneté, le taux de contrats à durée déterminée n’est plus que de 3 %, et le temps partiel, qui concerne 27 % des professionnels en début de carrière, descend à 17 %. Passés neuf ans, le contrat à durée indéterminée est la norme pour 77 % des AMP. Côté salaire, « si l’on regarde le revenu salarial moyen réel des AMP ayant commencé à travailler en 2011 ou en 2012 et s’étant, dans les neuf ans qui ont suivi, réorientées vers un autre emploi (salarié ou non), celui-ci a diminué, en moyenne, de 14 % au cours des quatre années précédant leur arrêt de la profession d’AMP, avant de croître de 28 % sur les quatre années qui suivent leur changement de profession. Changer de métier permet ainsi à ces individus de mieux gagner leur vie », indique la Drees. A relativiser cependant, car l’augmentation de rémunération (+ 24 % pour un emploi du social, + 39 % pour la santé, + 29 % pour un autre emploi salarié) est le plus souvent la conséquence d’un volume horaire travaillé plus important… Chez les AMP qui demeurent en poste, les différences salariales s’estompent à mesure de l’ancienneté acquise dans leur carrière. Neuf ans après leur prise de poste, leur revenu annuel net tournait autour de 19 400 €.
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