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« Deux parcours pour un même métier d’assistant social créeraient de la confusion »

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Marcel Jaegger, président de l'Unaforis.

Crédit photo DR
L’Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis) s’inquiète des orientations prises en vue de réformer les Bachelors - Licences pros assistance sociale, qui permettraient d’accéder directement au métier. Son président Marcel Jaeger met en garde contre les conséquences d’une telle décision.

Le courrier est daté du 11 avril dernier. L’Unaforis y interpelle Jean-Benoît Dujol, directeur général de la cohésion sociale (DGCS), et Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP). « Nous tenons à vous faire part de notre forte préoccupation quant aux évolutions concernant la réforme des Bachelors – Licence pro assistance sociale », explique l’association, par la voix de son président Marcel Jaeger et de sa directrice générale Chloé Altwegg Boussac.

Lire aussi : Bientôt une nouvelle loi sur la formation des travailleurs sociaux ?

ASH : Quel élément nouveau de la réforme suscite votre inquiétude ?

Marcel Jaeger : A l’origine, il était question d’établir des parcours complémentaires entre le diplôme d’Etat d’assistant de service social (DEASS) et les bachelors - licences professionnelles Assistance sociale. On peut imaginer de la codiplomation, par le fait d’attribuer le grade de licence à des titulaires d’un diplôme d’Etat. Cette double certification, que proposent des établissements comme l’IRTS de Montrouge, facilite l’accession à un master. Nous y sommes favorables, à condition d’homogénéiser les pratiques. Mais l’élément nouveau, c’est le fait que la licence pro ouvrirait l’accès directement au métier.

En quoi cette perspective serait problématique ?

Nous sommes très attachés au diplôme d’Etat, qui constitue une garantie pour la qualité du travail effectué auprès des personnes. Nous travaillons depuis longtemps à un rapprochement avec les universités et nous sommes favorables à la consolidation de ces relations. Mais le fait d’avoir deux parcours qui conduisent au même métier est susceptible d’ajouter de la confusion, alors même que les établissements de formation en travail social souffrent déjà d’un manque de lisibilité. Cette perspective mettrait en concurrence sur certains territoires des EFTS et des IUT proposant deux voies d’accès distinctes pour un même métier. Et par ailleurs, la partie dévolue aux stages n’occupe pas une place suffisamment significative en bachelor.

>>> Sur le même sujet : selon Marcel Jaeger, il existe « une forte demande de mobilité et de diversification des parcours »

Ces travaux n’ont pas fait l’objet d’une concertation ?

Non. Et les absences autour de la table posent problème. S’il s’agit de favoriser l’accès des titulaires de bachelors au métier, on ne peut que regretter l’absence d’implication des partenaires sociaux, les employeurs et surtout les syndicats de salariés, mais aussi des conseils régionaux. En réalité, cette question de l’accès au métier émane de l’Etat. Et si l’Unaforis a une relation étroite avec la DGCS, parce qu’elle est notamment impliquée au Haut Conseil du travail social (HCTS) ou qu’elle a participé à la réalisation du Livre blanc, elle a beaucoup moins de relations avec la direction de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP).

C’est une condition sine qua non pour faire évoluer la formation ?

La convergence des réflexions sur le travail social est essentielle. Ces dernières années, face à la crise d’attractivité des métiers, un certain nombre de rapports officiels – du Cese, de l’Igas, le Livre vert, le Livre blanc – ont été remis. La Cour des comptes, aujourd'hui, prépare un rapport sur la formation initiale des travailleurs sociaux, avec un point de situation sur les années 2018-2023. Son existence même et la focalisation inédite sur le travail social est une très bonne nouvelle. Mais à condition qu’on puisse avancer avec les conseils régionaux et l’enseignement supérieur.

>>> Sur le même sujet : Enseignement supérieur : il faut valoriser l'expertise du travail social en France (Tribune)

Avancer aussi avec les personnes accompagnées…

Ce sont les grands oubliés. On peut diversifier à l’infini, parler de la transformation de l’offre médico-sociale. Mais la réflexion sur la formation et la certification n’a d’intérêt que dans la façon de penser les réponses aux besoins des personnes en difficulté. L’appareil de formation doit sortir d’une logique de l’offre, et imaginer des réponses à des problématiques transversales. Sinon, on passe notre temps à remplir le système avec des bouts de certification.

Vous plaidez pour une réflexion d'ensemble sur la formation ?

La formation des travailleurs sociaux est sans cesse présentée comme le volet d’une politique. Elle est pensée de façon sectorielle, pour l’addictologie, le handicap, etc. Nous souhaiterions qu’on adopte une réflexion d’ensemble sur la formation et sur son appropriation par les acteurs.

>>> Sur le même sujet : Le nombre d’étudiants en travail social repart à la baisse

A ce titre, on attend beaucoup du projet d’Institut national du travail social. On va suivre de près les conclusions de la mission de préfiguration, qui devraient intervenir à la rentrée prochaine. Cette perspective constitue une opportunité pour impulser une réflexion sur la formation sociale. Nous suivrons également le travail sur l’architecture des diplômes, qu’on espère voir achever d’ici 2026.

Pour avancer sur la valorisation du travail social, il nous faudra des éléments tangibles, comme la création d’un doctorat et d’une discipline en travail social.

Lire le courrier de l'Unaforis adressé à la DGCS et à la DGESIP

 

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