Le chantier de la rénovation du référentiel des compétences des assistants sociaux du travail vient de s’ouvrir. Le 30 août dernier, l’Association nationale des assistants de service social (Anas) lançait, en partenariat avec le collectif d’assistantes sociales du travail occitan Assocentou, une grande consultation nationale de ses membres, dans le but de refondre ce vademecum de leurs pratiques. Il faut dire que la dernière édition en date souffle ses trente bougies cette année.
Ce référentiel de 1994 établissait une compilation des différents articles des codes juridiques (pénal, du travail, de la famille et de l’aide sociale) sur laquelle un(e) assistant(e) social(e) du travail pouvait s’appuyer pour exercer sa fonction – que ce soit en tant que salarié(e) d’un service RH d’une entreprise ou en tant que libéral(e) – et dressait également un listing de ses différents interlocuteurs sociaux. « Mais en trente ans, cet environnement juridique et technique a largement évolué. Il était temps d’envisager une refonte et de se poser sérieusement la question de ce que doit être un service social du travail aujourd’hui », explique ainsi Isabelle Boisard, la présidente de l’Anas. Initialement, la commission sociale du travail de l’association avait prévu de lancer le projet aux alentours de 2019, mais le Covid est venu brouiller les cartes.
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Un métier chamboulé par trente ans d'évolution du monde du travail
Et il y a du travail en perspective ! Pas simple d'établir de nouvelles bases pour une profession chamboulée par la profonde transformation que le monde du travail a connu en trois décennies. Non seulement à cause de la généralisation de l’Internet haut débit, qui a permis la démocratisation du travail à distance (et par voie de conséquence, l’atomisation des collectifs de travail), mais aussi par l’évolution des textes réglementaires qui définissent le cadre de l’intervention de ces professionnels. Exit ainsi, depuis les ordonnances travail de 2017, les anciens CHSCT et délégués du personnel qui constituaient des interlocuteurs privilégiés pour les assistantes sociales du travail, dont les attributions sont désormais aux mains de CSE (comités sociaux et économiques) plus distants. « Ils sont surtout concentrés sur l’environnement économique de l’entreprise. Le social et les conditions de travail passent ensuite », soupire ainsi une professionnelle du travail social rattachée au service RH au sein d’un grand groupe.
Cette première phase de la consultation doit s’achever le 1er octobre. L’Anas espère non seulement que les réponses qui lui seront remontées permettront d’« obtenir un état des lieux du cadre d'intervention, des missions et des modalités rattachés à cette spécificité du métier », mais aussi de pouvoir établir un recensement d’un maximum de collectifs et d’associations locales d’assistants sociaux du travail qui, aujourd’hui, passent encore sous ses radars. L’association n’exclut pas non plus, en cas de succès de la consultation, de partir de cette base de données ainsi constituée pour établir un travail de fond visant à « identifier une identité spécifique pour les assistants sociaux du travail et leur donner ainsi davantage de visibilité », indique Isabelle Boisard.
>>> A consulter : La page Linkedin de l'enquête de l'Anas