Le récent travail de Françoise Le Gros, psychologue du travail chez Crisalyence, et Camila Carvallo, docteure en sciences politiques et sociales à l’Université de Louvain, tend à démontrer que le soutien institutionnel atténue l’impact d’un événement traumatique subi par des professionnels. A condition d’être adapté et suffisant. Car une aide, même bien intentionnée, peut être facteur de risque ou de protection suivant qu’elle est appropriée ou non.
Intitulé « Quand l’événement traumatique frappe au travail : une analyse du soutien social de l’entourage professionnel », l’article co-écrit par les deux chercheuses est issu d’une enquête auprès de 3 100 actifs anonymes et volontaires, sélectionnés pour leur risque d’exposition à des épisodes traumatiques. De quoi tirer plusieurs enseignements :
- Quels que soient la nature de l’événement et le vécu des équipes, les besoins des personnes interrogées sont les mêmes.
- Les victimes ressentent la nécessité d’obtenir prioritairement deux types de soutien : émotionnel et d’estime. Ils sont également en demande de camaraderie, d’information et d’aide matérielle.
- C’est d’abord de leur supérieur direct qu’ils attendent cet appui, avant leurs collègues, suivis par leurs autres supérieurs. Pourtant, ce sont les pairs qui fournissent le plus régulièrement le réconfort demandé.
- Tandis que la fréquence du soutien d’estime doit être renforcée, le soutien émotionnel n’est, pour sa part, pas adapté. « L’aide est souvent spectaculaire au départ, puis inexistante. Il est nécessaire de continuer à accompagner les individus sur le long terme, recommande Delphine Pennewaert, psychologue du travail chez Crisalyence. De plus, même avec de bonnes intentions, un soutien plaqué à coups d’automatismes n’est pas efficace. »
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