Sur le papier, les chiffres du chômage semblent avoir fait un bond spectaculaire. Au premier semestre, la Dares – la direction des statistiques du ministère du Travail – recensait ainsi 273 100 demandeurs d’emploi de plus relevant de la catégorie A de France Travail, à savoir celle des chômeurs n’ayant exercé aucune activité rémunérée, à en croire son dernier bilan publié le 28 avril.
L’arrivée de ces nouveaux contingents de demandeurs d’emploi a ainsi fait bondir le nombre d’inscrits en catégorie A de 8,7%, faisant passer leur total à 3,4 millions de personnes et le taux de chômage global à 7,6%.
Les chiffres gonflés par la réforme pour le plein emploi
A y regarder de plus près, cependant, la progression n’est pas si spectaculaire. Si effectivement, elle s’explique pour partie par un recul des embauches, elle trouve surtout son origine dans les nouvelles règles de France Travail entrées en vigueur depuis le début de l’année.
Pour rappel : depuis le 1er janvier dernier, l’application de la loi pour le plein emploi de décembre 2023, impose l’inscription automatique de l’ensemble des allocataires du RSA ainsi que des jeunes sans emploi dans les fichiers de l’ex-Pôle Emploi désormais renforcés de deux nouvelles catégories : F pour les publics les plus éloignés de l’emploi ; G pour celles qui n’ont pas encore été « triées » par les conseils départementaux et les services de France Travail.
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Soit entre 1,1 et 1,2 millions de personnes jusqu’alors situés hors des radars du service public de l'emploi et qui viennent mathématiquement gonfler les chiffres du chômage. Hors de ces cohortes de nouveaux inscrits, le nombre de nouveaux demandeurs d’emploi recensés en début d’année ne s’élevait qu’à 25 000 en catégorie A, soit une augmentation de 0,8%
809 000 inscrits en catégorie G
Et pour l’heure, cette opération de tri n’est pas tout à fait terminée puisque si on comptait, au premier trimestre, 26.600 personnes en parcours social inscrites dans la nouvelle catégorie F et près de 809 000 en attente d’orientation dans la G, il resterait près de 80 000 jeunes et allocataires du RSA toujours en attente d’inscription au niveau départemental et dont l’intégration dans les statistiques du service public de l’emploi est prévu, selon France Travail, d’ici l’été prochain.
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