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« Donner la même chance aux autres »

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Chaque mois, des néophytes ou jeunes diplômés du travail social nous racontent pourquoi ils ont choisi leur métier et comment ils envisagent l’avenir.

J’étais un enfant un peu turbulent à l’école. J’ai passé cinq ans en internat et deux ans en maison médicalisée. Alors que j’avais réussi à intégrer un bac pro, j’ai dû arrêter en cours de route. A 18 ans, je suis retourné vivre chez mes parents. Quand j’ai voulu reprendre des études en informatique, ma passion première, les écoles ne m’ont pas ouvert leur porte. Après une année à travailler en autodidacte, j’ai finalement intégré une école d’informatique à Lyon. Ils m’ont donné ma chance. En parallèle, pour financer mon appartement et mes études, je travaillais la nuit comme barman. Mais avec ce rythme effréné, mes nerfs ont lâché. J’ai dû être hospitalisé en urgence et, une nouvelle fois, je suis retourné chez mes parents.

Après la crise sanitaire, je me suis inscrit à la mission locale pour bénéficier de la « garantie jeunes » et demander une aide pour payer mon nouvel appartement. Durant cette période, pendant deux jours consécutifs, l’Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes) n’a pas pu organiser ses simulations d’entretien à la mission locale. J’ai donc proposé d’animer l’atelier à leur place et les conseillers ont remarqué mes compétences en la matière. Le directeur m’a alors proposé d’effectuer un service civique. Ma mission : donner la parole aux jeunes via le conseil consultatif et préparer en alternance mon diplôme de CISP (conseiller en insertion sociale et professionnelle).

Un accompagnement qui m’a particulièrement marqué ? Celui d’une jeune fille dont le parcours de vie était presque identique au mien. Mêmes problèmes de santé, mêmes histoires familiale et amicale. J’avais l’impression de me voir à travers elle. J’ai vraiment pris conscience de l’impact émotionnel que ce métier peut avoir. Mon propre parcours m’aide beaucoup à comprendre les jeunes que je rencontre. Je le partage, parfois, pour leur prouver qu’il est possible de réussir. Mais j’apprends aussi à me mettre à distance, car j’ai éprouvé ce syndrome du super-héros, cette urgence d’aider qui peut nous rendre vulnérables.

Chaque jeune est unique. Je tente de trouver les bonnes solutions pour chacun d’eux, tout en composant avec leurs envies, leur rythme, leurs peurs, et leurs doutes. Moi aussi, je doute. Je doute beaucoup en réalité. On ne sait jamais si l’aide que l’on propose est la plus indiquée. Je leur dis : on tente, si on se trompe, on pourra toujours reprendre à zéro. C’est extrêmement valorisant de pouvoir redonner ce que j’ai reçu. Partager un peu de cette chance.

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