Raconter le quotidien d’une salle de « shoot » en bande dessinée, c’est la bonne idée qu’a eue le dessinateur Mat Let. Pendant un an, sous l’impulsion de Médecins du Monde, il s’est immergé dans la salle de consommation à moindres risques – de son vrai nom – de Paris Lariboisière. Tony, accro à l’héroïne depuis que son ex-compagne lui a fait sa première injection, vient régulièrement se piquer là. Lingettes, tampons alcool, seringues… tout est propre. Mais, dit-il, « je kiffe plus depuis longtemps, maintenant ça me fait juste me sentir normal ». Le rituel est toujours le même : se laver les mains, prendre le matériel et préparer le produit. Le profil des usagers aussi se ressemble : vies heurtées, polyconsommation, grande précarité. Pour eux, la salle – tenue par des bénévoles de l’association Gaïa – constitue le premier maillon d’une chaîne de lien social, de soins et d’accès aux droits. Si tout n’est pas rose, on est loin de la mauvaise réputation de ce type d’endroit. En 2016, près de 300 000 injections y ont été réalisées – autant qui n’ont pas eu lieu dans l’espace public…
« A moindres risques. Immersion en salle de conso », Mat Let, Fachri Maulana, éd. La Boîte à bulles, 26 €.