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« Le monde académique et le monde du travail social doivent continuer à coexister »

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En aucun cas, je ne souhaite contribuer à ériger des murs entre les partisans d’une disciplinarisation et ceux qui y sont opposés. Je ne suis ni pour, ni contre, je suis pour pacifier les relations. Nous appartenons tous à un grand champ dans lequel les frontières sont poreuses et je souhaite qu’elles le restent pour que nous puissions continuer à travailler ensemble. En effet, le monde académique et le monde du travail social ont des différences. Il y a des recoupements et les deux univers évoluent. Dans d’autres pays, les frontières ne sont pas les mêmes. Mais je pense important de ne pas perdre le fil de nos spécificités, y compris pour construire un partenariat et des alliances. Il ne faut surtout pas couper les ponts.

Dans le champ des sciences, il y a la sociologie, la psychologie, les sciences politiques, les sciences de l’éducation… Ces disciplines peuvent accueillir les futurs travailleurs sociaux désireux d’entreprendre une thèse. Les sciences représentent le monde des savoirs académiques, leur premier objectif est d’élaborer des connaissances stabilisées et fiables. Certains savoirs peuvent déranger, pourtant ils sont essentiels. C’est pourquoi, il est primordial que le champ académique conserve son autonomie et ne soit pas tout le temps parasité par des enjeux sociétaux ou politiques.

De leur côté, les partisans d’une discipline du travail social revendiquent souvent un autre objectif : produire un savoir-action pour être utile, répondre à une demande sociale. En ce sens, le travail social, selon moi, n’est pas une science. Il y a une vraie distinction dans ce rapport à la pratique professionnelle qu’a le travail social.

Maintenir les partenariats

Aujourd’hui, il me semble que la revendication d’une discipline du travail social est toutefois différente. Elle rejoint plutôt une revendication très ancienne pour une reconnaissance institutionnelle, symbolique en tant que groupe professionnel autonome (à l’instar des médecins ou des juristes). Au fond, je pense que ce que veulent réellement les écoles du travail social, c’est de pouvoir accéder à l’universitarisation, ou à un équivalent. Les travailleurs sociaux revendiquent une réelle légitimité pour former des travailleurs sociaux, avec une plus grande autonomie. Ils veulent aussi de développer des recherches qui les intéressent. Pourquoi pas ! En revanche, en France, les universités forment aussi des travailleurs sociaux. Elles doivent pouvoir continuer. Je n’ai rien contre le fait que les travailleurs sociaux produisent leurs propres savoirs, mais en ce cas, ils doivent coexister avec les autres savoirs produits par les sciences humaines. Ils ne peuvent pas se passer de nous, sociologues du travail social. On ne peut pas produire un savoir tout seul. Ce serait dangereux selon moi. Nous devons rester partenaires. Cela laisse tout de même une ouverture. »

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