Le séjour représente une vraie opportunité de laisser aux habitants la possibilité de s’autodéterminer, là où les routines quotidiennes au sein de la colocation (comme le passage des professionnels) ont parfois tendance à les mettre en mode « pilotage automatique », à les inciter à se laisser guider sans forcément exprimer leur ressenti ou leurs envies du moment.
Les freins résident principalement dans les préjugés des professionnels et des familles et leur conviction que les habitants sont dans l’incapacité de réaliser ce projet collectif et de décider par eux-mêmes. Une fois ces obstacles franchis, l’accompagnement en douceur, la stimulation à leur rythme par l’animateur, les aident à gagner davantage de confiance en eux.
Un autre frein est le modèle économique. Certes, ils ont contribué eux-mêmes au financement de leur séjour, mais l’organisation préalable, l’accompagnement du professionnel et le montage du projet sont autant de coûts directs et indirects qui ne bénéficient d’aucune prise en charge pour un porteur de projet associatif non gestionnaire et qui ne profitent d’aucune dotation ou financement, contrairement aux établissements médico-sociaux. Pour le coup, l’habitat inclusif et le milieu ordinaire de droit commun amènent à plus de simplicité et de liberté que la bureaucratie médico-sociale plutôt « enfermante », qui impose une forte réglementation aux établissements. Une réglementation qui, on l’a vu l’été dernier, n’empêche pas les drames.
Bernadette Paul-Cornu, codirigeante du groupe associatif Familles solidaires