A leur apparition voilà 90 ans, ils n’étaient qu’une douzaine, recrutés principalement à Saint-Maurice et Saint-Hilaire, deux établissements pionniers dans la réforme du système de prise en charge des mineurs en difficulté. Désormais, ils sont plus de 30 000, et conservent de leur origine une approche très concrète de l’accompagnement.
Ainsi la mission principale d’un moniteur-éducateur est-elle de soutenir les personnes dans leur quotidien. Le matin, pour faciliter le lever, la toilette, la prise de médicaments, les repas par exemple. L’après-midi, qu’il s’agisse d’aider à accomplir les démarches administratives, les devoirs ou de s’assurer que le logement est en ordre. Le soir, pour des soins ou le coucher.
Lui revient également la tâche d’organiser et d’animer des ateliers, de proposer un soutien scolaire ou de mettre en place des supports éducatifs (dessin, expression orale, etc.), mais aussi d’accompagner les bénéficiaires dans leurs déplacements (rendez-vous médicaux ou paramédicaux, loisirs, sorties culturelles, etc.). « C’est un véritable travail de terrain. Nous sommes au contact des personnes dans tous les gestes essentiels qui jalonnent leur journée. Ces derniers nous servent de base dans la détermination d’objectifs en lien avec leur projet », confirme Mona Nogaro, monitrice-éducatrice au sein du Sema (service protection enfance) de l’association Etape à Nantes.
Dans l’établissement qui l’emploie, ce professionnel intervient au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Bras droit de l’éducateur spécialisé, il participe à l’élaboration, la mise en œuvre et au suivi des projets personnalisés des usagers. Dans ce cadre, il est en lien régulier avec les autres partenaires sociaux, éducatifs et sanitaires (AES, CESF, aide-soignant, orthophoniste, psychologue, enseignant spécialisé, etc.). Mais son champ d’action est un peu moins large que celui d’un éducateur spécialisé. « Nos interventions se déroulent essentiellement en milieu fermé et nous n’avons pas ce rôle de coordination qui leur incombe », détaille Noémie Korso, monitrice-éducatrice au foyer La Charmelière près de Nantes.
Le public accompagné, lui, reste le même. Formé pour exercer dans des instituts médico-pédagogiques, des centres d’aide par le travail, des foyers de l’enfance, des centres de soins, et parfois même en milieu hospitalier, le moniteur-éducateur travaille aussi bien auprès d’enfants, d’adolescents que d’adultes quelle que soit leur vulnérabilité (âge, handicap, précarité, troubles du comportement, etc.). Une diversité qui s’avère être un moteur pour Noémie Korso. « J’aime ce métier car, comme tous ceux qui ont un lien avec l’humain, il a du sens. Un sourire, un progrès auquel j’ai pu contribuer… quoi de plus satisfaisant ? »
Un métier satisfaisant mais exigeant, puisque le moniteur-éducateur doit faire preuve d’une grande disponibilité, de flexibilité et de créativité pour faire face à l’imprévu. Patience et qualité d’écoute sont également des atouts indéniables. Tout comme la capacité à réinventer sa pratique pour s’adapter aux situations. « C’est une forme de défi qui me fait apprécier cette profession. Et puis, un moniteur-éducateur travaille rarement seul, relativise Mona Nogaro. Il fait partie d’une équipe ; ce qui peut être un vrai soutien au quotidien. »
→ Seul le diplôme d’Etat de moniteur-éducateur (DEME) permet l’accès à cette profession. Il se prépare en deux ans.
→ Il est accessible sans le bac, à condition de justifier d’une expérience dans le secteur social.
→ La formation alterne enseignements théoriques dispensés en IRTS (950 heures) et stages pratiques (980 heures), à effectuer dans au moins deux sites différents. A l’issue, le diplômé peut exercer dans la majorité des établissements et services sociaux et médico-sociaux.
→ Depuis quelques années, la profession sert de plus en plus de tremplin pour devenir éducateur spécialisé. Les professionnels désireux d’évoluer bénéficient en effet d’un allégement de la formation (un an au lieu de trois), ou y accèdent par la VAE.