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Métavers

Me vient une idée de génie. A l’instar du nouveau réseau social qui a déboulé sur la toile – SocialAI – entièrement animé par des robots aux personnalités paramétrables en quelques clics, et si l’on se concoctait un bataillon de travailleurs sociaux générés par l’intelligence artificielle ? Chacun pourrait créer son propre accompagnement sur mesure, une petite communauté d’assistants sociaux et d’éducs du métavers, avec le choix de leur pédigrée jusque dans les moindres détails. Profil professionnel, bien sûr, mais aussi personnalité, loisirs et avatar…

Ben oui, avouez que ça n’aurait que des avantages : pas de file d’attente ni de paperasse, pas de « repassez plus tard, le guichet est fermé » ou de règles de vie institutionnelle rigides. Non, dans ce monde parallèle où les ESMS, MDPH et autres Ehpad seraient tous remplacés par un cousin de ChatGPT, la vie serait beaucoup plus simple.

Et surtout moins chère ! A l’heure où le déficit public galope et où le gouvernement annonce de sérieuses économies, cette perspective pourrait avoir le vent en poupe. Imaginez une Cindy Alloc’ ou un Johnny d’la Prév’ (vos bots auraient tous des noms anglophones, coolitude oblige) jamais de mauvaise humeur ni en RTT. Conditionnés par des algorithmes plutôt que par des conventions collectives, les pros dématérialisés seraient toujours sur le pont. Et même sans avoir touché leur prime Ségur !

La révolution de l’intelligence artificielle est LA réponse à (presque) tous nos problèmes. Plus d’IRTS ni de master en insertion ou en ingénierie sociale qu’on peine à remplir, plus d’intérimaires parachutés au dernier moment, plus de crise RH ou de panne d’attractivité.

Bon, il est vrai qu’on serait peut-être confrontés à un petit problème de non-recours… Il faudrait résoudre la fracture numérique avant de généraliser cette brillante trouvaille. Régler quelques broutilles telles que l’accessibilité ou la solvabilité. Un détail. Grâce aux travailleurs sociaux 4.0, plus besoin de lancer une seconde journée de solidarité pour financer la dépendance ou de recompter fiévreusement le nombre d’ETP dans vos équipes. Les métiers du lien et du soin auraient enfin de l’avenir. Sans trop de liens, ni trop de soins, soit. Mais sans débrayage et autres revendications non plus ! Le rêve.

Il y aurait peut-être aussi un léger sujet « santé mentale », préoccupation affichée la main sur le cœur par le Premier ministre fraîchement nommé… Parce qu’il faut bien avouer que l’étayage dématérialisé pourrait un tantinet accentuer le sentiment d’isolement et de relégation. Pour trouver un peu de réconfort via un écran – une main sur l’épaule, une oreille attentive ou au moins un regard franc –, on repassera. Non, si on se lançait dans ce travail social version IA, ce serait efficace, rentable, rapide. Net, sans bavure. Mais humain ou sensible, ça, non. Quant à la perpétuelle quête de sens, ça n’en aurait plus trop, du sens. Mais bon, on ne peut pas tout avoir.

Édito

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