Vous ne le savez peut-être pas, mais les Jeux paralympiques se poursuivent ! Les athlètes du quotidien ne passeront toutefois pas à la télé. Les épreuves sont pourtant spectaculaires, c’est dommage : franchissements de trottoirs, montées impossibles dans les bus, accès compliqués à des services, céci-traversées de rues…
La « parenthèse enchantée des jeux » a donné à voir un pays soucieux de la question du handicap. Le tableau était idyllique. J’avoue m’être laissé prendre à cette ambiance angélique.
J’ai admiré ce nageur brésilien sans bras, Gabriel Dos Santos Araujo, qui a réalisé des performances hallucinantes en nageant comme un dauphin, quand bien même certains esprits grincheux relativisent cet exploit en disant qu’il n’a justement pas de mérite puisqu’un dauphin, ça n’a pas de bras.
J’ai découvert avec enthousiasme ce sport qu’est la boccia, dans lequel a performé notre française Aurélie Aubert, alors que je croyais que c’était une spécialité culinaire de Toscane.
J’ai adoré l’idée de voir des cyclistes avec des jambes faites du même matériau que leurs vélos. La technologie est dingue. Ça donne tellement d’espoir.
J’ai appris que les catégories handisport avaient des noms de modèles de téléphones : T13, SB1, SM10… Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que c’est pour nous faire passer un message ? En tout cas, j’ai trouvé ça hypermoderne.
J’ai quelques regrets, comme celui d’avoir raté le 110 mètres haies fauteuil, qui serait une course hyperspectaculaire (tout comme le tir à l’arc pour déficients visuels), ou aussi que le coach du cécifoot ait laissé les labradors sur le banc pendant toute la compétition. Mais c’est un détail. En vrai, j’ai kiffé ces « paras », comme disent les « journas » (pour journalistes). C’est « so hype », ce langage.
Non, ma seule vraie frustration, c’est de mesurer les écarts qui demeurent entre l’esprit de la loi de 2005 et la réalité de la prise en charge du handicap aujourd’hui : défauts d’accessibilité persistants, manque de places en établissements spécialisés, formations et équipements pas toujours adaptés, projets d’inclusion inadéquats…
Une « parenthèse », aussi « enchantée » soit-elle, ne doit pas nous faire oublier que le quotidien des personnes en situation de handicap en France est loin du tableau scintillant des podiums. Pendant que Gabriel le dauphin bat des records dans les bassins, certains ne peuvent même pas accéder à la piscine. Pas besoin de médailles ! On devrait plutôt briller par la qualité de nos politiques publiques.
Le problème d’une parenthèse, c’est que ça se referme aussi vite qu’une cérémonie de clôture. Rendez-vous en 2028, à Los Angeles, pour la prochaine parenthèse ?
Non ! Les Jeux paralympiques se poursuivent, caméras éteintes ! Maintenant et partout. Va y avoir du sport !