Avant mon diplôme d’assistant familial obtenu il y a deux ans, j’ai été directeur d’agence immobilière pendant vingt ans. Mais je sentais que ce métier ne répondait pas à mon besoin profond de transmettre.
C’est avec le soutien de mon épouse, notaire, que j’ai décidé de prendre un tournant radical. Devenir famille d’accueil me semblait être une voie qui pouvait correspondre à ma quête de sens. Ce choix n’était pas sans défi, d’autant que je m’engageais sur un terrain que je connaissais mal : la protection de l’enfance.
Avec mon épouse, nous voulions transmettre bien plus qu’une éducation : des valeurs, de la sécurité, de l’affection, un sentiment de confiance et d’appartenance. Je pense que nos parcours de vie respectifs nous avaient préparés à cette vocation.
Au départ, nous avons accueilli un garçon autiste, qui m’a initié à l’univers complexe de la protection de l’enfance et aux particularités de ce trouble. Je n’avais pas envisagé d’accompagner ce type de jeune. Pourtant, m’occuper de lui m’a passionné et encouragé à continuer. Par la suite, nous avons pris en charge des fratries, une configuration qui me touche particulièrement. Nous accueillons actuellement trois enfants, dont deux en permanence.
Les formations que j’ai suivies, bien que très théoriques, m’ont apporté un regard professionnel et une compréhension plus aboutie de mon rôle. Je trouve cet engagement profondément épanouissant. Offrir à des enfants un foyer chaleureux et stable représente pour moi bien plus qu’un métier. Je fais abstraction de leur statut de protégés : ces jeunes ne devraient pas être définis par leur passé difficile, mais par leur potentiel, leur besoin d’amour, de confiance, d’attention, de stabilité. Je vois dans cette profession une occasion d’aider les enfants à grandir et s’épanouir.
Notre quotidien est celui d’une famille comme les autres, avec ses joies, ses disputes, ses moments de stress intense. Comme lors de l’hospitalisation d’un enfant confié. Cette expérience marquante m’a appris à mieux gérer mes émotions et celles des petits, à savoir poser des limites avec le parent biologique.
Je me souviens aussi de cet adolescent en grande difficulté, réticent à évoquer ses actes. L’impact de nos échanges s’est fait sentir plus tard, lorsqu’il a trouvé le courage de présenter ses excuses. Pour moi, c’est là toute la beauté de mon métier : même lorsqu’on n’a pas d’écho immédiat, si cela advient, on est fier de susciter un mieux-être chez l’enfant.