Près d’un tiers des enfants ayant un trouble du neurodéveloppement (TND) n’a pas accès à l’école(1). L’éducation inclusive est un enjeu politique et social important. Elle contrecarre l’exclusion et valorise la diversité, la participation sociale et l’autodétermination.
Les propos récents de la ministre de l’Education nationale(2) et la manifestation organisée par FO « contre l’inclusion systématique »(3) montrent que des idées erronées demeurent. Le difficile accès à l’enseignement en milieu ordinaire découle de processus multidimensionnels, tant institutionnels que culturels ou psychologiques.
Dans ce contexte, de quels leviers disposent les enseignants, les professionnels et les personnes concernées ?
Parmi les idées erronées circulant sur l’inclusion scolaire figurent les croyances selon lesquelles la présence des élèves avec un TND ferait chuter le niveau général de la classe et qu’ils seraient en souffrance hors des institutions. La littérature scientifique contredit ces croyances. Les élèves avec un TND progressent mieux s’ils sont scolarisés dans une classe ordinaire avec du soutien que s’ils reçoivent des enseignements dans le milieu spécialisé(4). L’inclusion ne freine pas les apprentissages de leurs camarades valides(5) et leur permet d’enrichir leurs compétences sociales(6).
Une autre idée reçue est que l’inclusion scolaire serait une problématique dont devraient se saisir de façon distincte le médico-social et l’Education nationale. Cette idée découle de décennies de cloisonnement des pratiques. L’ouverture implique un changement de paradigme dans la façon de percevoir les élèves avec un trouble du neurodéveloppement.
L’inclusion suppose de ne pas réduire les élèves à leurs incapacités mais d’évaluer de façon globale et contextualisée les difficultés et potentialités de chacun. Cela implique de passer d’une perception des enfants avec des besoins particuliers à celle d’élèves avec des capacités d’apprentissage spécifiques. La pédagogie inclusive fait partie du champ des pédagogies interactionnelles(7). Elle s’inscrit dans une théorie socioconstructiviste de l’apprentissage. L’enseignant part des initiatives des élèves et leur propose des dispositifs d’apprentissage structurés(8). Les élèves sont considérés comme des acteurs de la situation scolaire. Briser l’isolement dans lequel se trouve l’enseignant au sein même de sa classe et de l’Education nationale passe par une collaboration équitable à la fois avec les professionnels du médico-social et avec les élèves porteurs d’un TND, leurs pairs et les familles.
L’inclusion scolaire n’est pas une fin en soi, elle est un moyen d’offrir aux jeunes, avec ou sans TND, l’accès à l’autodétermination, à des rôles sociaux valorisés ainsi qu’à l’égalité. L’inclusion passe par le décloisonnement et par le fait de laisser une place aux activités d’ambassadeurs des personnes concernées. Un changement de culture, tourné vers l’accessibilité et la communauté, est nécessaire.
(2) Site FranceInfo : bit.ly/4dEizU0.
(4) « Effects of inclusion on the academic achievement and adaptative behaviour of children with intellectual disabilities », R. Sermier Dessemontet, G. Bless et D. Morin, Journal of Intellectual Disability Research, vol. 56-6 (2012).
(5) « Academic achievement of students without special educational needs in inclusive classrooms : a meta-analysis », G. Szumski, J. Smogorewska et M. Karwowski, Educational Research Review n° 21 (2017).
(6) « Academic and social effects of inclusion on students without disabilities : a review of the literature », A. Kart et M. Kart, revue Education Sciences n° 11-1 (2021).
(7) « Interactions en classe avec des élèves présentant un trouble du spectre de l’autisme, une déficience intellectuelle ou un trouble du langage oral : des activités signifiantes à la littérature jeunesse », D. Odier-Guedj et A. Gombert, revue Déficience intellectuelle et autisme. Pratiques d’inclusion scolaire, chap. 4, éd. Presse de l’Université du Québec (2014).
(8) A ce sujet, le réseau Canopé a élaboré plusieurs fiches ressources : www.reseau-canope.fr/notice/autisme-et-scolarite.