C’est en 2000 à Boulogne-sur-mer : quatre enfants révèlent des viols incestueux. Après l’arrestation de leurs parents, ils affirment que d’autres enfants et d’autres adultes participaient à ces abus sexuels. Au total, 18 enfants parlent et 17 adultes sont mis en cause. C’est « l’affaire d’Outreau » sur laquelle revient la psychologue Marie-Christine Gryson-Dejehansart, experte judiciaire des victimes. Dans une nouvelle édition de son livre paru en 2009, elle décortique la médiatisation aux allures de « télé-réalité » de l’histoire et la discréditation de la parole des professionnels, la sienne en tête. Le « storytelling », selon elle : « Les enfants carencés inventent des viols et abus sexuels, ils sont dangereux pour la société, leur parole ne doit plus circuler. » De quoi freiner les avancées en matière de protection de l’enfance, estime la spécialiste. Pourtant, 12 enfants d’Outreau ont été définitivement reconnus victimes de viols et agressions sexuelles. Eclairant.
« Outreau, la vérité abusée », Marie-Christine Gryson-Dejehansart, éd. Fabert, 20 €.