1 L’adolescence était au cœur des XVIIes Assises nationales de la protection de l’enfance, les 27 et 28 juin derniers à Lyon. Objectif : mieux cerner la particularité de cette période et les besoins spécifiques des jeunes suivis par l’aide sociale à l’enfance (ASE) ainsi que les priorités qui en découlent pour les institutions et les professionnels qui les accompagnent vers l’autonomie. Présenter aussi les pratiques innovantes mises en œuvre par ces derniers dans un contexte difficile pour le secteur. Fruit d’un travail collectif, le livre sur les « pluralités des adolescences », rend compte de cette découverte de soi et des chamboulements émotionnels et comportementaux qu’elle engendre.
2 Parmi les analyses qui peuvent inspirer les travailleurs sociaux, un focus passionnant sur les situations que peuvent rencontrer les parents et les adolescents en migration. Comment « faire famille », par exemple, dans un pays qui n’est pas le sien ? Quand les parents, émigrés, sont dans la nostalgie de la vie d’avant, voire l’illusion d’un retour possible dans leur lieu d’origine, tandis que leur progéniture, immigrée, doit vivre durablement dans le nouveau pays, appréhender ses codes au risque de devenir différente d’eux ? Pour s’en protéger, les parents ont parfois tendance à isoler leurs enfants du monde extérieur. Une adolescente a ainsi accusé son père de viol pour pouvoir s’échapper de chez elle et être confiée à l’ASE.
3 Instructif également la comparaison des politiques locales de deux municipalités, l’une située historiquement à droite de l’échiquier, l’autre à gauche. La première a axé sa stratégie sur la réduction de la délinquance dans ses quartiers prioritaires. La seconde sur le développement des loisirs et des activités sportives pour tous les jeunes de la ville, en mettant encore plus le paquet pour ceux des quartiers. Sur le plan opérationnel, cette dernière, a davantage misé sur les professionnels de terrain, l’autre sur les responsables institutionnels. Deux visons de la jeunesse mais l’étude ne dit pas quelle politique publique a été la plus efficace… Dommage.
« Pluralité des adolescences », sous la direction de Patricia Bessaoud-Alonso, éd. Champ Social, 25 €.