« Un sujet sensible dans mon coin ! L’idée est quand même d’en dire un petit quelque chose, ne pas rester indifférent et ne pas monter des cloisons entre nous… » Ces mots réconfortants accompagnent le bref récit d’Antoine Courtecuisse dédié à Aysar, Abadeh, Ayham, Mohamed et une cinquième victime non identifiée, cinq migrants morts en traversant la Manche pour rejoindre l’Angleterre, l’eldorado fantasmé. « Leurs dernières paroles sont adressées par texto, sms ou WhatsApp. Dernier appel depuis le couloir de la mort », écrit l’auteur. Comme eux, Bilal veut passer de l’autre côté coûte que coûte pour travailler et envoyer de l’argent à sa famille en Afrique. Le passeur lui réclame 4 500 euros pour être « sûr d’arriver ». Il ne les a pas, il faut qu’il les trouve car la mafia ne fait pas de cadeau. Ce matin-là, Tom ouvre le journal et lit : « Record depuis 2016 du plus grand naufrage ». Il se pince pour croire à cette tournure de phrase, comme si lutter pour sa survie était une compétition !
« Manche », Antoine Courtecuisse, éd. Vérone, 10,50 €.