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Des vacances pour ceux qui ne peuvent pas partir…

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Si la fréquentation dans les colonies de vacances a diminué au fil du temps, en raison notamment de l’augmentation des coûts, celles-ci restent pour les enfants de familles modestes l’occasion de « prendre l’air ». Tout comme pour les jeunes qui ont connu l’avènement de ces séjours dont l’objectif initial était avant tout d’ordre sanitaire.

Le tout nouveau « Pass colo », qui permet à des familles modestes d’envoyer leurs enfants en colonie de vacances, nous rappelle la dimension sanitaire et sociale de ces initiatives trop souvent perçues comme des seules activités de loisirs.

L’histoire des colonies de vacances prend en effet sa source dans les dernières décennies du XIXe siècle, lorsque des œuvres de bienfaisance organisent ces séjours en prenant modèle sur nos voisins suisses-allemands. L’objectif est charitable, hygiéniste et teinté d’un certain paternalisme social. Il s’agit d’envoyer quinze jours à trois semaines les enfants « malingres, débiles, chétifs, souffreteux » des faubourgs des grandes villes respirer l’air pur de nos campagnes.

Même si on cherche à organiser des jeux, des promenades et autres activités, le succès de ces colonies ne s’évalue pas au degré de divertissement des enfants mais à leur développement physique : on mesure et pèse les corps à l’arrivée et au départ, en tenant un décompte des centimètres gagnés, des kilos engrangés et de l’amplitude de la cage thoracique. Avec l’adoption d’une première loi de santé publique, le 15 février 1902, et la mise en place de tout un dispositif de dépistage pour lutter contre les grandes épidémies de l’époque, les colonies de vacances sont présentées comme la première ligne de défense contre la tuberculose.

Lutter contre la tuberculose

Encouragées par les pouvoirs publics, de multiples initiatives privées déploient tout un réseau d’établissements (colonies de vacances, écoles de plein air, aériums, préventoriums), censés représenter tous les degrés de la prévention : des sujets considérés à risque à ceux atteints de formes bénignes et non contagieuses de la maladie. Il s’agit avant tout de prophylaxie et d’un pari sur l’avenir : on cherche à renforcer les corps et à façonner les esprits, en espérant que les jeunes, à l’issue de leur séjour, aient retrouvé une constitution suffisamment robuste pour résister au mal.

Le mouvement des colonies de vacances continue à se développer durant la Seconde Guerre, puis connaît un essor considérable à la Libération : 300 000 jeunes les fréquentent en 1945, plus d’un million à partir de 1949… Devant cette expansion, l’Etat crée une direction générale de la jeunesse et des sports au sein du ministère de l’Education nationale, qui exerce désormais la tutelle sur les colonies de vacances. Un budget de 900 millions de francs est débloqué pour aider à la modernisation et au développement des colonies de vacances, promues au rang de « service social de la Nation ». Le rattachement « Jeunesse et sports » et la perte du statut sanitaire provoquent par ricochet des difficultés dans la recherche de subventions.

Des colonies désertées

Certains organismes de la sécurité sociale se montrent ainsi réticents à financer des activités qui ne sont plus jugées comme faisant partie de leur politique sanitaire. Le 29 mars 1985, Le Monde titre « La “colo” n’a plus la cote », annonçant pour la première fois une chute des effectifs des départs. Les raisons évoquées de ce déclin sont le coût des séjours, la dénatalité, mais surtout un nouvel air du temps : moins d’insouciance, plus d’individualisme, plus d’exigence sur les activités. Un état d’esprit qui colle aux offres de vacances plus spécialisées et techniques (parachute ascensionnel, ski sur herbe, informatique, rattrapage scolaire…).

Trente ans après cette annonce pessimiste, nous ne pouvons toutefois pas parler de chant du cygne. Malgré les fluctuations de leur cote de popularité et les mutations qu’elles ont connues durant plus d’un siècle, les colonies de vacances sont inscrites de façon durable dans notre imaginaire collectif, échappant à l’emprise du temps et des modes.

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